Raoul, acerbe, nous gratifie d'un considérant sur le prurit social
La douceur de ces jours heureux vécus sous le
soleil nous renvoie aux appétences estivales. D’ailleurs, il semble que les
raouts revendicatifs des dernières semaines s’élaborent dans le consensus d’un
imaginaire festif. Joie de l’homo festivus qui exulte les idéaux jamais taris
de non-violence, de paix, d’amour et principes « participatifs ». Les chemises à fleurs de grand-papa et les
pattes d’eph’ seront les costumes rituels sous peu.
Revival for a
peace world.
Tout cela serait fort amusant à regarder s’il n’y
avait des enjeux politiques tronqués. De ces manigances où chacun joue son ego
collectivisé en toute provision d’un à-venir meilleur pour soi.
Pendant que les contre-réformes macroniennes
avancent à la vitesse des nerfs de Jupiter, les toquades infantiles illustrent très réellement l’incapacité collective à s’émanciper individu par individu.
Homo festivus est fier de lui
en toute occasion. Quand il vote Chirac ou Macron pour contrer le « fascisme », quand il s’allonge,
bière à la main, sur les pelouses du Trocadéro devant l’écran géant de leur
oubli de soi pour voir des buts en direct et « en communion », quand il participe à un « potager citoyen » fondé sur un
programme politique élaboré à coup d’herbes et d’engrais… naturels.
Ce ne sont pas des luttes qui se mènent en ce
moment, mais des sauteries juvéniles. Certains vont en boîtes le samedi soir, d’autres vont
respirer des lacrymos en fin de manifestations. Indolores, tel est le qualificatif que nous attribuons à ces
actions. Bien entendu, il y a les excités vêtus de noir qui se croient à
Tijuana ou Madrid. On les retrouve à l’entraînement parmi les gangs de
supporters de foot.
Pendant ce temps, l’accélération des
contre-réformes se justifie sur l’inanité des répliques, et c’est bien ainsi que
sont pensés les ensauvagements de circonstance.
Banderoles et chants ne feront pas plier une
politique générale qui est menée depuis le début du quatrième repartage du
monde, soit la fin du bloc de l’Est. Victoire après victoire, la
déréglementation et ce qui fut à la mode narrative des intellectuels de gauche,
la mondialisation, ont pris les devants de longue date de tout mouvement de
contestation. Songez donc un peu à la bataille des retraites perdue en 2010 :
pendant que l’on sortait les troupes dans la rue, les syndicats
institutionnalisés négociaient en douce une « sortie de crise ». A ce jeu-là, la Cfdt a toujours été première de
cordée.
Les autres confédérations se cherchent. Encore ?!
Raoul Bidard
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