Merci Macron, ou la gauche en route, par Raoul Bidard
Avoir voté
Macron pour de vraies avancées, du positif, du fun, de la vérité, de l'amour et surtout du progrès de gauche.
Les Français sont des veaux politiques,
à la fois des naïfs consentants et soumis par volontarisme pour ce faire. Leur
foi démocratique n'a rien d'étranger à ce petit souffle pour le chaos qu'est
justement le formalisme de cette démocratie-là ; on appelle cela savamment
une vue téléologique, comme au bond du stalinisme le plus abruti.
Ce tintamarre de l'élection est une
téléologie politique individuelle qui intime à l'homo macronus l'espérance :
un vote, un monde meilleur ?; un vote, choisir le moins pire ?
Déjà vous êtes embarqués, en toute
duplicité, déjà vous êtes de leur côté… mais sous eux, dans la batterie de
l'élevage...
Ces veaux de Français sont aussi des
porcs dans la vie sociale : au pique-nique du dimanche, ils s'en repartent
en laissant papiers gras, bouteilles et lingettes suintantes d'ADN pour un
tantinet s'adonner au bon plaisir d'offrir au biopouvoir à l'œuvre ses
identifications. Ils abîment en fait la nature comme ils habitent dans la
douceur d'un monde inorganique et domiciliaire : un cocon, soit une tombe
avec téléviseur, hi-fi, ordinateur.
Veaux et porcs sont les mêmes qui ont
rejoué l'éternelle domination normative si bien décrite par Weber, avec à la
bouche les mots « gauche, progrès, mon salaire, ma meuf, mon mec, mon patron, mon chef, mon
syndicat, mon parti, ma peur du fachisme... ma, mon, mes... ». Ils
sont si attendrissants ces intarissables propriétaires de leur propre
déréliction de gauche (forcément de
gauche quand on a plus rien de praxis
entre les deux oreilles) qu'ils veulent imposer à tous ce qu'ils sont
réellement en petite société, à l'enseigne aussi cynique qu'un gangsta de NY qui a joué en soirée avec une
fille droguée au GHB et qui se fume son joint au milieu de la cour de la
maternelle : ils ont voté Macron, et puis après...
Crient-ils "police, police, police"? Gémissent-ils "luttons, luttons, luttons" ? Ils
imaginent avoir le choix, mais leur
sommeil d'assis est aussi gras que reste obèse leur opulence de morales à la
petite semaine vers le néant de toutes leurs manifestations syndicales,
lesquelles ne forment plus rien d'autres que des processions funéraires entre
Bastille-Nation ou République -quand ce
n'est pas tourner en rond autour de l'Arsenal (des veaux, vous dis-je, mais
des veaux repus)-, « parce que faut
en être, camarade... si tu ne descends pas dans la rue, tu participes, tu ne
fais rien... tous ensemble, tous ensemble, ouais, ouais et gnagnagna... ».
Tous ensemble, donc : RIEN, nada,
que couic. Le chacun du tous se marre
bien. De l'incantation, du gris-gris à l'âme que tout ce slogan gaga, du
charabia nostalgique pour fêter-espérer de petites reculades sociales ayant eu
le sens de la victoire auto-proclamée. Mais, ensemble contre qui, ensemble contre quoi ? On attend la réponse de
la part des derviches de la tournante de l'Arsenal.
Il n'y a qu'un fait, une vérité toute
nue : avoir voté Macron les rend collectivement responsables de ce qui se
fait, se réalisera... l'esprit de 1933 est toujours là !
Tels sont donc les choix de la « portion contentée du peuple » (V. Hugo), les autres on s'en carre comme la
première Fête de l'Huma du tout-Paris,
du beau linge... pas grand-chose de différent avec une Fête des BBR dans la
religiosité, la foi, le recueillement replet du consumérisme politique.
Et après ?
Eh bien la finitude de toute éthique en
politique électorale : la guerre.
Et après, en voici quelques attendus.
La loi travail 2 portera les thèmes suivants (merci Le Parisien & Le Figaro
du jour), le facteur ne sonnera pas deux fois cette fois-ci :
Histoire de ne pas oublier, quoi de
meilleur que citer à bon droit un artiste qui voit juste, David Gahan aka Depeche
Mode et son dernier opus dont les
paroles et images vous méditerez (pour les non anglicistes, je vous livre à la
suite une traduction qui ne vaut pas tripette :
Vous avez été laissés-pour-compte
Vous avez toujours été mis de côté
On vous a menti
Vous avez été nourri de vérité
Qui prend vos décisions
Vous ou votre religion
Votre gouvernement, vos pays
Vous les drogués patriotiques
Où est la révolution
Allez le peuple
Vous me laissez tomber
Où est la révolution
Allez le peuple
Vous me laissez tomber
Vous êtes en colère
Depuis trop longtemps
Vos droits abusés
Vos avis refusés
Ils manipulent et menacent
Avec la terreur comme une arme
Vous effrayent avant que vous ne soyez
stupéfiés
Vous usent jusqu'à ce que vous soyez de
leur côté
(...)
Sur ce, de l'autre côté de la rivière,
passé le barrage mais sous le soleil de
la page 101 (quel titre ? quel auteur ?),
Je vous salue.
Vôtre,
Raoul
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