La raison du coeur au détriment DU politique
Trop de loi
tue le politique.
La réglementation répressive
s’impose au nom de générosité et d’état de guerre qui nous est imposée par des
actes terroristes. La loi sur le renseignement pose des difficultés majeures en
matière de libertés publiques, c’est un fait. Sous la même antienne, étendre la
législation « antiraciste »
hors du seul domaine de la presse génère quelques lièvres juridiques nouveaux.
Surtout que cette promesse législative s’appuie sur ce que le Premier ministre
a qualifié de « montée du populisme
(…) et actes antisémites ».
Quel est le lièvre le plus
imposant ? L’institution judiciaire peut-elle régler tous les problèmes
que la société et les représentants politiques sont désormais incapables de
fonder en démocratie ?
L’échec général de l’éducation
civique, de l’Education (ex-)nationale
et d’une forme de républicanisme qui ne se ne tient que dans les bornes de la
façade de principes forment autant de conditions, avec la donne économique, du
repli communautaire et de la guerre de tous contre tous.
Prétendre que faire une loi nouvelle
peut régler tout problème devient le recours des impuissants. C’est bien de
cela qu’il s’agit : l’impuissance des représentants du peuple qui n’ont
plus qu’une légitimité d’apparats, quand le peuple vote davantage contre que
pour, ou plus du tout, a pris les rênes d’une politique résumée en pâle gestion
de la crise. Crise économique, crise morale et politique, crise qui enfonce ses
dards dans tous les sillons sociaux, dans toutes les veines du peuple assommé
de peu, de tout et des grandeurs françaises définitivement passé au seuil du
passif.
L’impuissance des représentants les contraint
à réprimer ce qui reste difficilement définissable autrement que selon l’humeur
de la période. Le président Sarkozy, durant son quinquennat, croyait répondre
aux impuissances de la puissance en créant une loi à tout fait divers. Le
premier ministre du président Hollande, monté au front de l’apparence
régalienne, entend prendre le même sentier escarpé de la prolifération de
normes, de nouvelles contraintes pour les juges qui auront la lourde tâche de
les réguler, les interpréter et les appliquer lors des cas pratiques de lu cours
de la justice du quotidien.
Les belles âmes et leurs (forcément) belles idées emportent tout
sur le passage du tsunami sociétal. La République ne saurait devenir la pure
façade du régalisme tombé dans les frasques de l’excès pour cacher l’inabondance
du régime social lui-même. Le citoyen a cédé le pas : individu enfermé
dans son incertitude pour son avenir et les siens, l’insécurité sociale décline
les formes diverses d’apoplexie juridique. La République s’affirme aussi
fortement dans les mots autoritaires qu’elle se trouve à la remorque des
puissants, des vrais puissants que sont les consortiums, les clans industriels
qui savent créer leur propre ordre particulier et contradictoire à l’ordre
commun du bien public.
Au nom de la guerre, les libertés
publiques sont rognées sur le sein d’une Marianne rendue sévère comme une
vieille Mère supérieure. D’ailleurs, la sagesse populaire nous révèle une fois
de plus qu’« on ne fait pas d’omelette
sans casser d’œufs » pour justifier ce qu’il faut bien remettre dans l’ordre
des choses : la protection de l’intimité et des correspondances sur tout l’entourage
(ou la proximité géographique) d’un
sujet observé par l’administration n’est plus rien depuis bien longtemps pour
chacun. N’en déplaise aux moralistes que nous sommes parfois, nous avons pris l’habitude
de nous réprimer nous-mêmes dans cet intérêt pour les riens de la vie des « grands » de ce monde… ces
impuissants coupables.
LSR
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