La Rome de Salluste nous renseigne des caractères politiques
La Conjuration
de Catilina (en 41 ; trad. loc.
cit. de J.P. Charpentier) de Salluste (87-35 av. J.C.) est le récit du
complot qu’orchestre Catilina en vue de la prise du pouvoir. Récit dénoncé par
Cicéron (en 63), ce chapitre X nous rappelle combien notre période historique depuis
la fin de la Seconde Guerre mondiale n’a guère connu d'autres traits aussi
bien concordants.
« X. - Mais,
lorsque la république se fut fortifiée par son activité et sa justice, qu'elle
eut vaincu à la guerre de grands rois, qu'elle eut soumis des peuplades
barbares et des nations puissantes, que Carthage, la rivale de Rome, eut été
détruite jusque dans ses fondations, et qu'ainsi s'ouvrirent à nous toutes les
terres et tous les océans, la fortune se mit à nous persécuter et à jeter
partout le trouble. Ces mêmes hommes qui avaient aisément supporté les
fatigues, les dangers, les incertitudes, les difficultés, sentirent le poids et
la fatigue du repos et de la richesse, ces biens désirables en d'autres
circonstances. On vit croître d'abord la passion de l'argent, puis celle de la
domination ; et ce fut la cause de tout ce qui se fit de mal. L'avidité
ruina la bonne foi, la probité, toutes les vertus qu'on désapprit pour les
remplacer par l'orgueil, la cruauté, l'impiété, la vénalité. L'ambition fit
d'une foule d'hommes des menteurs ; les sentiments enfouis au fond du cœur
n'avaient rien de commun avec ceux qu'exprimaient les lèvres ; amitiés et
haines se réglaient, non d'après les personnes, mais d'après les conditions
d'intérêt, et on cherchait plus à avoir le visage que le caractère d'un honnête
homme. Ces maux grandirent d'abord insensiblement, et furent même parfois
châtiés ; puis ils devinrent contagieux ; ce fut comme une peste ;
les principes de gouvernement changèrent ; et l'autorité, fondée
jusqu'alors sur la justice et le bien, devint cruelle et intolérable. ».
Salluste
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