LA CGT de l'UD 77 flirte avec le... rire de l'oubli


15 juin 2018.





A mon Camarade Patrick M., Secrétaire général de l’UD 77 de la CGT

& en copies cachées :
A quelques UL & syndicats CGT du 77
A quelques UD CGT d’ici & là,
dont mes Chers complices du 69, 83, 48, 13…
A mes camarades provisoirement CGT-FO, FSU, SUD, CNT avant de revenir au bercail d’une CGT d’union des luttes
A mes camarades de la presse nationale & locale, pour la bonne bouche
Aux lutteurs du « Lundi matin »
Aux camarades de la Brigade (takim) Henri Krasucki



« Apprendre, et ensuite apprendre aux autres.

Nous devons étudier, nous autres ouvriers.

Nous devons savoir, nous devons comprendre

d’où vient que la vie est si dure pour nous.

Fécondez-moi des semences de la raison et de la vérité,

je vous le rendrai au centuple. ».

Maxime Gorki



Cher Patrick,
Cher Camarade,

Il va de soi, Patrick, que je te suis très reconnaissant de m’avoir proposé il y a quelques semaines de participer à l’œuvre collective de construction de la DLAJ au sein de la CE de l’UD de Seine & Marne en vue de ton congrès qui se tiendra dès demain, J’en fus bien honoré après mon premier timbre pris à l’UL de Nemours sous le mandat du si regretté Henri Krasucki. J’en fus honoré non pour ma personne, mais pour organiser, fédérer et soutenir la nécessaire guérilla juridique qui s’impose partout dans le pays à l’heure du dépérissement du capitalisme ayant choisi de briser les travailleurs et les droits conquis de haute lutte par nos aïeux passés à l’Orient éternel. En clair, tu le sais, je n’entends pas, comme nombre de camarades assis dans leurs conforts parisiens, de dissocier revendications et droit, un droit considéré par eux comme un procès de normalisation des rapports entre les producteurs et les exploiteurs, quand c’est la lutte et le rapport de force qui instaurent un droit ouvrier. J’y reviendrai.

Tu le sais, je t’ai de suite transmis avec diligence les contacts de mes responsables, à l’Union nationale FERC SUP. Eux-mêmes, notamment mes chers camarades Fabrice & Jean-Michel ont accepté et ont pris langue avec toi. Puis Marie, SG de la FERC a accepté. Mais c’était sans compter sur les circonstances d’une purge politique orchestrée par des voyous du syndicalisme, voyous qui tiennent à leurs postes et Ordre national du Mérite pour services rendus au patronat par leur ridicule et vain dessein de me faire taire.

Deux sont à la CGT CNAM (Conservatoire national des Arts & Métiers) et l’un à la CGT Sorbonne-Université, syndicat qui m’a gentiment poussé dehors pour crime de défense… de trois salariés en formation (sic). L’un, par ailleurs patron d’une UL de Paris gérée comme une boîte de com’, cocaïne en moins, hurle y compris devant son employeur aussitôt qu’il entend mon patronyme ; l’autre, ancienne égérie du 93, est tellement acharnée contre moi dès qu’elle lit mes analyses démontrant leur cogestion pour la casse du service public de l’enseignement supérieur… que je me force à prier chaque matin pour que son muscle cardiaque ne cède pas à seule fin d’éviter une lourde perte pour la CES. Crois-moi, elle ne laisse personne indifférent : c’est une sorte de Nadine Morano de la CGT, mais en plus chic au plan des idées politiques jumelles. Le dernier était un ami et camarade. Tellement amical que j’ai été son « nègre » pour plusieurs travaux, y compris son unique article paru dans un support de la Confédération. Lui, il manage bellement son train de vie et recherche un poste d’honneur à l’URIF pour résorber ses pratiques humaines apprises sans doute durant ses années passées à la CFDT quand la chasse aux « moutons noirs » était un sport dont on connaît les conséquences.

Je ne résiste pas, Patrick, à te livrer une critique interne au CNAM parmi tant d'autres, lors d’un message à un mien camarade dirigeant qui appelait son employeur à dresser une liste de tous les grévistes. Le lundi 23 avril 2018, j’assénais bille en tête un courrier dramatique, une erreur impardonnable commise au sein d’un syndicat intercatégoriel :

« (…) Je viens de lire, avec effarement, le courrier adressé à des personnels du Cnam par son Administrateur général (ou ses services).

La seconde phrase est une ineptie juridique :

« Le droit de grève, constitutionnellement garanti aux agents de l'Etat en vertu du Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946, doit être concilié avec le principe selon lequel la rémunération constitue la contrepartie du service fait. ».

Tu as raison de faire valoir la circulaire du 30 juillet 2003, mais tu as tort de l’inciter formellement à séparer les corps. Seul le principe d’iniquité est de mise entre catégories et doit lever la retenue. L'équité, même dans la fonction publique, relève in jure du principe d'ordre public social.

Ladite circulaire doit être analysée au regard de ce principe dont tu trouveras matière à réplique dans le GAJA (conjuguer pour ce faire les comm. d'arrêts 109, et surtout 60.2 sur l'arrêt célèbre CE, sect., 9 mars 1951, Sté des concerts du Conservatoire, Rec. 151, Dr. soc. 1951.168, concl. Letourneur, note Rivero) : l'égalité de traitement, quel que soit le corps, grade, statut, etc. prime sur tout le reste, y compris les sempiternelles étourderies d'Olivier Faron, le Strauss-Kahn des universités !

Tu le saisis, je reste consterné par ton appel délateur à la direction du CNAM. Je te cite :

« Les personnels ne sont pas à la même enseigne en fonction de leur service, de leur poste, de leur activité et de leur statut. Les enseignants-chercheurs sont exclus de ce recensement.

Nous vous demandons de ne procéder à aucune retenue sur salaire tant qu’un recensement équitable des grévistes n’aura pas été mis en place ».

Nous sommes un syndicat intercatégoriel et ton majeur porté sur les enseignants-chercheurs ne passe pas inaperçu parmi ces statutaires et non titulaires.

Fraternellement,

O »


Ceci étant mentionné en passant, pour cerner le lourd écot perdu dans nos campagnes, je te pose une question. Claritas scripturae, la réponse est politique.

Pourquoi servir une purge politique contre moi ? Quels sont les mystères qui t’ont fait l’allié volontaire ou involontaire de ces cadors uniformisés, malgré que mon co-SG de la FERC SUP t’ait encore la semaine dernière porté son soutien à mon endroit et ma candidature ? Quelles sont les circonstances au plan politique, au plan de la seule camaraderie qui devrait présider au sein de notre confédération de ton absence de prévention, de ton absence de dialogue minimal pour me prévenir ? Je tente de brosser les faits, sans t’encombrer de proses annexes et d’un jugement rendu par la justice en ma faveur et qui en dit long sur les procédures-bâillons dont nous, les syndicalistes élus nationalement, sommes menés de conduire.

{résumé des faits :}

Elu des auditeurs au CHSCT du CNAM (Arts & Métiers), il m’a fallu lever grief début mai encore contre des dirigeants du syndicat CGT du CNAM de la même Union nationale que la mienne, considérant qu’ils persistaient dans une culture de l’ostracisme à l’endroit de collègues auditeurs élus. En effet, ils n’ont rien fait pour empêcher l’an dernier trois procès disciplinaires qu’ils eurent pu empêcher, trois auditeurs que je défendais et pour qui j’ai plaidé et heureusement gagné. La tentative de suicide de l’une a laissé froid ces camarades habitués à rédiger de jolis tracts moralisateurs et à forte écriture inclusive. Dans les actes, où se réfugient-ils ?

Ils n’ont en sus rien fait contre les poursuites du CNAM engagées contre moi en mes qualités d’élu du CHSCT de l’établissement devant la justice répressive. Mieux, ils ont guidé la main de l’accusation, ce dont cette dernière s’est vantée, d’une part en conseil disciplinaire, à l’audience devant les juges, d’autre part. Rassure-toi, avec mon ténor d'avocat attaché à batailler contre toutes les discriminations, nous l’avons emporté haut la main. Mes juges, du siège comme du parquet, n’ont pas manqué de relever le sens ahurissant que prend la fraternité de ce syndicat majoritaire de l’établissement.

Dit plus avant, je connais fort bien la CGT. Tu ne m’as interrogé sur ce que j’y ai fait depuis l’âge de 16 ans, mais tout cela est aujourd’hui sans importance. Je n’ai proposé que ma liberté volontaire, mes facultés de juriste autonome en Droit public, Droit social et Droit des techniques de la communication et de l’information. Je n’offrais à l’UD que mon enthousiasme à œuvrer ubi amor, ibi oculus, pour emprunter un mot de saint Thomas qui guida les premières organisations ouvrières de Silésie.

Je ne suis pas naïf et n’aimerais pas te paraître pour le crétin pétrifié que je fus jeudi en te croisant deux ou trois minutes. Ces minutes te sont anodines et elles te le resteront, car tu as l’assurance du confort du chef gestionnaire, mais elles furent terribles pour moi. Ou la révélation de la maladie incurable de notre CGT, même ici, dans notre département :

ü ostraciser avec une parfaite bonne conscience teintée de cette moraline tout entière renfermée dans des statuts à géométrie si variable,

ü discriminer dans nos propres murs comme l’exact pendant gémellaire du salarié face à un DRH dévoué au Léviathan.

Malgré ta parole, et tu le sais le respect de la parole est sacrée entre camarades, j’ai eu confiance en toi. A défaut le litige éclate telle une cerise trop mûre et, volenti non fit injuria, préconise l’adage que tout requérant peut alléguer au procès lors de l’évocation du principe de non-discrimination. Je crois que tu as été beau joueur, rudement finaud : tu as manié avec maestria ton brelan d’as au poker menteur et, à l’instar du film éponyme d’Henri Verneuil (1955), lorsque Nestor Gribbe est poignardé dans l’ascenseur, tous se toisent. Chapeau-bas, l’artiste ! Tout un sens de l’honneur, en la circonstance, dans une forme de sola fide perdue en l’homme.

Grâce à toi, Patrick, je sais en fait depuis vendredi quels sont les réseaux qui ont agi pour me liquider, confirmant que l’institutionnalisation de la CGT continuera d’épuiser les bonnes volontés ou les faire partir sans crier gare. Nonobstant ma personne, un tableau réaliste est peint à même la galerie du souper des dupes, ou plutôt des travailleurs qui, hélas, se détournent nombreux de ce que nous sommes devenus, par la faute de nos horizons d’attente délégataires. J’y oppose la résistance à l’oppression, l’un des quatre droits naturels et imprescriptibles garantis en l’article 2 de Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, mais encore la Déclaration de 1793 aux articles 1 et 34 : « Il y a oppression contre le corps social lorsqu'un seul de ses membres est opprimé (…) ». Cette dernière réfute les mandats impératifs, soit dit en passant, et réinterroge la question générale de la représentation, à l’instar du Rousseau de 1762 (le célèbre chap. XV du Livre III du Contrat social que tout juriste étudie en cours de Libertés publiques à propos des « des députés ou représentants »).


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