La gauche institutionnelle, ce giscardisme intellectuel qui fomente guerre & stupres
Giscardisme intellectuel en France.
Une
fumée brune s’échappe de la ville détruite. Fin des temps, fin de l’histoire,
l’apocalypse généralisée détonne par ses hydres tentaculaires. A demi
agonisant, allongé dans une boue composée de terre et d’huiles, la tête relevée
pour contempler ce qu’ont fait nos hommes de pouvoir, un spectacle de
bibliothèques écroulées, mes compagnons et moi entourés d’une montagne d’hectogrammes
de productions de Musso, Lévy et Nothomb formons des barricades pour quelques
étudiants dénudés et poètes dépoitraillés, prêts à mourir, plume Parker à la
main en guise de stylet combattant.
{En aparté pour vous lecteur, lectrice.
Eveil brutal, ma bonne amie juriste
du béton et de la pierre polie me narre les aventures d’une de ses collègues
qui se fait prosélyte du verre d’eau chaude chaque matin à en saouler tout son
entourage. Dernière lubie de la divine infante, juriste elle aussi de son état,
juste avant de partir en congés payés, le soutien-gorge provoque le cancer,
dit-elle entre deux volutes de ses fines cigarettes. Comme le relève ma bonne
amie, à son retour, Emilienne reviendra peut-être sans cotillon susceptible de
favoriser le virus Ebola. Faire des études qu’ils disaient… signe de nos temps
pour déracinés mis en branle aux postes principaux}
A
ce stade à peine démarré de ma bluette, entendez-moi : je n’ai rien contre
les trois auteurs précités en introduction. Absolument rien. Ils me laissent
froid, tout simplement. Ils font des livres, ils les vendent, tant mieux. L’embêtant,
c’est la saturation, l’amplification de leur aura, l’inessentialité cultivée à
foison telle qu’elle est déployée pour nous faire croire, gogos incultes que
nous devenons, qu’il n’y a plus qu’eux dans le paysage littéraire. Pour sûr,
ils ne sont que des illustrations du grand chambardement du PIF (*), de l’industrie culturelle conçue comme des pots de moutarde :
fine, légère, à l’ancienne, aromatisée... même Amora se fabrique en
Pologne.
Certes,
j’exagère à satiété et j’aime ça : des critiques « culture(s) », des critiques « livres », ou encore des critiques littéraires tentent bien de sortir des
rayonnages rebattus. Les petites mains de Marianne
ont fait cet effort, mais leurs textes sont courts, trop sûrement brefs. Tout cela
pour dire, sur L’Atelier du Serpent rouge, que la « vie normale », le sens du temps, que dis-je… l’air du temps,
voudrait nous faire avaler l’entendement de l’uniformité, du succès assuré
« qu’il est indispensable d’acheter »
cet été, cet automne, cet hiver… enfin tout le temps. C’est une image clinique
et coulante autour des mêmes œuvres. Coulante en nœud gordien autour de nos
nuques. Eternel recommencement du même, les éditeurs prennent peu de risques. La conjoncture, Mesdames-Messieurs, la
conjoncture !
C’est
justement cette conjoncture qui va
nous intéresser un petit peu, et en passant par le biais du spectacle de la
politique culturelle en tant que donne générale d’une caractéristique que nous
voudrions lui voir attribuée. Car ces trois auteurs « littéraires » nous donnent à voir ce qui va bien dans notre
monde enchanté où Arendt, Thoreau et Sauvignon sont leurs pendants d’un jeu trébuchant
et quelquefois sonnant d’avec la philosophie politique. Ce qu’il nous peine d’avouer
à vos yeux ébahis, c’est sûrement le résumé à la serpe que nous opérons d’une
période bénie où une certaine France bien née exultait avant la
Grand-peur-des-rouges quand Mitterrand a été élu : le giscardisme. Et
pourtant, ce second François national, après le Ier héraut de la Renaissance de
Blois et Fontainebleau, non content d’avoir endossé les habits de ses
adversaires (uniquement) en verbe a
cru bon non pas de dépasser mais adopter pleinement le giscardisme, cet état de
l’esprit du caniche fait homme, ou comment abaisser la souveraineté de l’être
intime, abaisser la souveraineté de l’être social-historique, jeter aux orties
le saut de puce de l’indépendance nationale dans Europa-land. Voilà donc l’histoire,
mes amis, d’un braquage comme jamais aucun Guy Debord ne vous l’a raconté et
dont le plus messianique des cagoulés sera un dieu dans quelques décennies,
avec plein de maisons des jeunes rappeurs
et du joystick portant son nom : Jack Lang. Cette histoire est aussi
triste à mourir que celle de la commémoration de Rimbaud, un fameux poto sous
les JL’s days.
I - Le giscardisme culturel est une œuvre de l’esprit du
ruminant.
Le
sucre dans le moteur de l’économie culturelle est tel qu’on va jusqu’à transformer
l’idée de rébellion politique en faisant passer pour fun les lecteurs qui recherchent la connaissance voire l’analyse
littéraire comparée des mêmes, toujours les mêmes, un peu à l’instar des
festivals de films-cultes où l’on se gausse et l’on se cultive à coup de nanars
en sirotant du coca à la paille –qui accessoirement
peut servir en même temps à sniffer de la coke de synthèse socialiste.
L’inversion est censée être tout ce qu’on veut, sauf un déversement, pour
accentuer la naturalité du peu placée en canon de croyance, du relativisme
culte, du détournement vaseux, de ce tout-intellectuel,
du tout-est-culture, de cette saisine
complète pour la gabegie du sens.
Alain
Finkielkraut, dans son essai La Défaite
de la pensée (1987), relevait les arcanes de cette construction du
relativisme culturel né à l’ère Jack Lang. Il décrivait le nivellement des
points de vue, l’affadissement des critiques et l’extinction programmée des
œuvres de l’esprit, surtout celles présentées à l’Education ex-nationale. Il
formait des vœux de reprise du sens, mais pensait que la période s’engageait
fort mal. Vingt-huit années plus tard, les peurs de Finkielkraut se sont
avérées plus exténuantes, dépassant ses plus sombres pronostics, y compris en
matière de vision politique pour tout un peuple, toute une nation. A l’époque,
une chanson de Suprême-NTM (YO, man !,
on est dans la place, pow-pow-pow) était considérée au même plan de créativité
qu’un tableau de Picasso. La foire remplacerait très vite les musées. Le
spectacle allait accentuer les fêtes des musées, fêtes de la musique, fêtes du
cinéma, fêtes du livre, fêtes du terroir, fêtes du rock, fêtes du classique,
fêtes de la cuisine, fêtes de l’érotisme, fêtes du rap, fêtes du vin, fêtes de
la gastronomie, fêtes de la Libération, fêtes de la mer, fêtes de la science,
fêtes de l’archéologie, fêtes du jazz, fêtes de la Révolution, fêtes du
patrimoine, fêtes du théâtre, fêtes des usines, fêtes de la mode… fêtes de tout et pour tout et tous puisque le
grand tout est prétexte à fête.
D’une
fête de l’esprit, le manitou Lang a instauré la bouillie entre deux pintes et
trois ecstasy servis par des drag-queen tout en « matant » un tableau de « street art » sur fond musical de techno-parade ensablés dans
nos chaises longues à Paris-plage.
A
mon sens, tout cela n’a plus guère d’importance. Ce qui est réalisé historiquement
l’est. Définitivement. Et revenir en arrière susciterait des résistances telles
que la pénombre est préférable plutôt que de se prendre une balle dans l’esprit
de la part d’une horde d’écologistes droguée au pancake bio –qui décuple la bagarre dans les quartiers.
Les aventures livresques de la rentrée prochaine n’ont pas plus d’intérêt que
la précédente au regard du sens pris par notre histoire sociale et politique.
Plus rien ne compte vraiment, en vérité. Les livres chamarrés nous laissent
sereins.
Vous
me jugerez conservateur ou réactionnaire (les
deux, mon général, les deux, puisque je suis avant tout patriote et enjoué dans les causes justes de ma classe ouvrière…), misanthrope ou pessimiste, lucide ou atteint
de berlue, il ne m’est pas inutile de mettre en garde contre les faux-semblants
véhiculés par la société et ses instruments civils. Par instruments civils,
j’entends les relais, les institutions périssables, les chaos de l’histoire
présente qui se dissimulent sous le masque de la bonne foi, de la bonne morale,
du nécessaire dialogue social apaisé. Pessimistes joyeux, les serpents
retiennent les leçons du passé narrées dans les essais historiques.
Dans
des opus bien connus (jouons d’illusion en la matière),
Bernanos dialoguait avec lui-même et avait pour témoin le monde gros de guerre
dix avant que la plupart s’aperçoivent des appels à mobilisation générale. Son fils
Michel se battra dans les Forces
Françaises Libres. Catholique fervent, l’auteur de Sous le soleil de Satan (1926) ne ruminait pas contre les assis de
sa foi ni ne leur déroulait un tapis rouge. Voyant ses frères espagnols et ce
qu’ils firent de l’institution de l’Eglise nationale au service de la guerre
civile dans le franquisme, il fit paraître le magistral Les grands Cimetières sous la lune en 1938 dans lequel il décrit
exactions de l’année précédente et forfanteries du clergé par soumissions successives
(et paresseuses) aux politiques dans
cette guerre d’Espagne. Aussitôt, ne l’oubliez jamais, le régime de Franco le
condamne à mort, et l’écrivain majuscule doit partir en exil au Brésil. Or, ce
maître d’hommes est de nulle part et du monde entier à la fois. Il ne goûte
guère aux duplicités des messages politiques (les mêmes qu’aujourd’hui, observons-le), aux vengeances d’Etat, comme
il l’avait sept ans plus tôt manifesté en décrivant la moribonde Troisième
république qui se vengea inutilement des communards, et donc, avec La Grande peur des bien-pensants, il
livra les clefs de ce que la France n’est plus, aura tenté de redevenir avec de
Gaulle aussitôt diluée sous la fin de règne de Pompidou et surtout Giscard d'Estaing… cette France qui contribuait à
l'exemplarité du caractère, parmi les nations, de la culture du livre, de la
politique fondatrice et toute une culture de la liberté pour le reste du monde.
Le
comble du giscardisme, autrement dit la pensée bêlante du modernisme
technicien, sur fond de parades bronzées dans les couloirs du ministère des
colonies africaines prises comme zones
permanentes de chasses, s’est transportée de la rue de Valois aux zones
de teufs dès 1981 avec qui vous savez mais dont il faut taire le nom
pour éviter l’excitation de vos nerfs à vif. Nous n’hésiterons pas à dresser
les poils des mains des électeurs généreux de gauche : la décadence, l’autre nom du giscardisme,
est née en mai 1981 dans les volutes des pétards de cannabis roulés dans
des cartes du parti socialiste. Et, n’en déplaise aux excellents électeurs de
droite, l’excès de giscardisme passant des stucs aux paillettes a été le si
mémorable mandat quinquennal de notre Nicolas Ier (en attendant Nicolas II-Le retour ?) qui a achevé de débrider
l’insignifiance de la politique française –interne
et externe- et avachi définitivement la Cinquième.
II - Politique du giscardisme bien-pensant de gauche -Ou
comment Dominique Reynié (pour une fois) met le doigt sur la guerre à venir au risque de générer
des crises autistiques dans la justement festive gauche.
Pour
illustrer mes propos somme toute généraux et peu diserts sur l’ensemble de la
donne politique du moment, je me retranche volontiers derrière de larges bribes
empruntées à un entretien qu’a confié Dominique Reynié à Alexandre Devecchio
pour Le Figaro (Figaro Vox) dans son édition du 15 août, et dans l’attente qu’il
fasse paraitre en octobre son prochain essai (pour lire l’entretien à toutes
fins utiles : http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2014/08/15/31001-20140815ARTFIG00129-dominique-reynie-le-fn-c-est-le-socialisme-pour-les-petits-blancs.php) et titré « Le FN, c'est le socialisme pour les
« petits Blancs » » :
« (…) je dois résister à une sorte de
fascination, {c’}est le débordement
complet des politiques nationales par les puissances que l'Histoire {qui} est en train de libérer, ce qui fait
craindre le pire mais ne doit pas nous décourager d'espérer le meilleur. La
terre tremble, pour reprendre le titre du film de Visconti : le
réchauffement climatique prend de la vitesse, l'islamisme chasse le
christianisme de son Orient natal -excusez du peu !-, les dettes -publiques et privées- sont devenues océaniques, la transition
démographique recompose l'ordre politique planétaire, l'idée démocratique
paraît épuisée par l'impuissance gouvernementale, quand les pays émergents,
beaucoup plus autoritaires, ont le vent économique en poupe… la liste est
longue des enjeux qui se présentent à nous, quand un seul est capable de
bouleverser nos vies. En France comme ailleurs les gouvernants perdent pied. En
témoigne le contraste spectaculaire entre la vénération d'un passé morbide dans
un usage démesuré de la commémoration et l'incapacité à regarder devant, à
penser le futur et, bien sûr, à le bâtir ».
Quelle
clarté !
Quelle
pertinence !
On
ne peut pas dire mieux pour caractériser la situation internationale, décrire les
têtes frappées de nos gouvernants dans le mur de l’histoire. Merci Monsieur
Reynié. Et pour nous remettre une pointe de lucidité, lisons encore un peu le
politologue peu connu pour des positions énervées :
« La plupart des idées et toutes les
institutions connaissent un terme à leur existence. Si nous considérons que
nous sommes entrés dans une époque de bouleversements, ce n'est pas tant le
désarroi des politiques qui est problématique, car il pourrait se comprendre,
mais le sentiment que donnent la plupart d'entre eux de pas parvenir à prendre
la mesure de ce qui se passe, de ce que nous allons devoir accomplir, à
l'échelle de notre pays comme à l'échelle de l'Europe, si l'on veut, au moins,
persister comme communauté libre d'orienter son destin dans l'Histoire. Au cœur de ce grand tourbillon, je ne
vois aucun dessein proposé aux Français, aucun horizon tracé, aucun rêve de
conquête ni de grandeur {souligné par LSR}. Seul se distingue le Front national qui propose le grand repli,
l'Etat providence, encore et toujours, mais cette fois grâce au nationalisme.
C'est un programme de chauvinisme social, une sorte d'ethno-socialisme, le
socialisme pour les "petits Blancs" ».
Le
constat est plus prudent qu’on ne le croirait à lecture expéditive de ce papier.
Le scalpel est posé sur la plaie. Poser la question de recoudre ou laisser les chairs
pustulées, il va de soi que les chirurgiens du social et de la politique vont
devoir opérer jusqu’à épuisement. Nous l’évoquions dans notre billet précédent
(intitulé sobrement « l’ennemi
principal »), la société s’aligne droit devant nous, fusils épaulés, par
un artifice socialisateur de bonne guerre froide : le phénomène de l’institution sociale de contrôle de toutes les âmes a
pris des ferveurs inédites, de ces propensions à nous faire advenir des
êtres à quatre-pattes pour déplacer nos corps, nos cerveaux restés entre les
ordinateurs des surveillants. Car déracinés par volonté de puissance du pouvoir
hybride, nous prenons désormais les habits de la canaille qui cherche à nous
dominer. Sus aux canailles ! Les déracinés ont cru aux grands mots des
promesses, ces mots des canailles comme le dit Shakespeare, ces canailles du
mensonge qui jouent à cache-cache jusque dans les déclarations des droits, les
traités et les codes, tous ces mensonges de l’espoir promis sans réserve et
reporté sine die au lendemain du
demain du jour d’après.
De
récentes canailles ont promis une direction pour le pays. Funestes anges, leurs
successeurs ont promis une reprise économique, une inversion de « la courbe de chômage » (qu’on se le tienne pour dit, le laissé pour
compte du travail est situé dans la courbe, comme le fruit est dans la soute du
tanker provenant de Chine). Toujours sous la guilde du dramaturge Anglais,
nous répéterons à l’envi qu’il n’y a pas plus laid, pas plus atrocement tragique
et criminel à la fois que le mot espoir distribué tels des bonbons à
une kermesse de bons pères blancs à des enfants en haillons, ce mot espoir
distribué comme pure affirmation et certitude d’une direction prise pour la
collectivité. Pire, nous ne tergiverserons pas en sonnant le glas de cette
certitude replète qui nous est confiée comme à des demeurés, de cette certitude
d’agir pour le bien commun quand la réalité n’ose plus révéler la vérité sinon
sous le mensonge à frimousse de vérité. Ici, et hélas pour longtemps, les
droits ont remplacé le droit, comme les droits de l’homme ont fait un
gigantesque pied de nez à la dignité de
l’homme et l’honneur. Sujets des droits et non plus sujets de droit, citoyens
de rien, nous nous retrouvons dans la mécanique du droit subjectif de l’un
contre le droit subjectif de l’autre, dans le grand bordel du droit de porter
un voile de l’une contre le droit de polluer des lieux de sérénité en exhibant
soi-disant politiquement ses seins pour s’affirmer femmes, droits qui s’accompagnent
d’une militance de quasi guérilla adorée par les télévisions de France. Dans
cette situation, la bien-pensance a l’intuition d’une succession de cautères
placés sur la jambe de plâtre de la société française. Alors, embrouillés comme
il n’est pas permis, les néo-vertueux giscardisés
de gauche s’emparent de concepts qu’ils déterrent des forêts allemandes pour
tenter de nous les imposer en plus des lourdeurs gauloises ; la
désobéissance civile, ou civique, selon la tendance du jour du CRIF, du MRAP,
de la LICRA, du GODF, de la LDH, de SOS et des Femen et j’en passe et des plus
médiatiques, se prend tout à coup pour une nouille neuve. POUAH ! Il faut
nous la refaire, celle-là.
III - Les funambules de la « théoricratie » sont déjà tombés, le giscardisme les frappe
derrière la nuque mais ils continuent de pisser dans un livre sans lecteur.
La
désobéissance civile serait ainsi la panacée d’un monde de luttes qui a des
droits mais devrait, par devoir, en disposer davantage à l’aune du poids de l’Etat
centralisateur réduit à son expression simplement fiscale et policier. Du
moins, nos héros de la vertu ouatée ont inventé, entre une dinette dans le Marais
et un thé à Raspail, une idolâtrie qui n’est pas plus une idée qu’elle n’est
autre chose qu’un raout déraciné pour excités civiques, faute d’avoir jamais
été un moyen d’action véritablement efficace. Des indignés aux bonnets rouges
en passant par les divers défilés confessionnels de l’année civile écoulée, nous
avons surtout vu des mouvements sporadiques dont seule la communication à la
télévision est l’objectif, et dont seule la thématique changera aussi
rapidement qu’une prochaine tromperie militante.
Nous
ne sommes pas aux Etats-Unis et les clients de Ralph Waldo Emerson ne l’ont pas
véritablement lu (comme il se doit, à gauche, on lit peu, on ânonne avec les vedettes)
croyant emprunter à David Thoreau le mors des nouvelles actions civiques
possibles. C’est pourquoi les culs de basse-fosse se remplissent si doctement
de chiasmes et examens dolosifs dans la pensée politique contemporaine. On ne
sait plus quoi en praxis faire, alors
on rabâche de vieilles lunes en y ajoutant les vernis du vocabulaire technique
de la philosophie politique pour espérer faire sérieux. Pour ajouter l’esprit
de sérieux aux princeps sérieux, l’on
se prend à filmer des débats de café du commerce, l’on s’écoute parler en
colloques, l’on se trémousse de la fraise dans des meetings internationaux. Notre
PIF est devenu si rigolo que l’observation de notre campement franchouillard
amuse nos amis universitaires outre-Atlantique, outre-Rhin et outre-le-beau-Danube-bleu.
Moi,
je serais à la place des puissances dominantes –sans doute le réalisent-elles déjà-, Russie, Allemagne, USA, Chine, j’expédierais
avec force bourses d’études des jeunes chercheurs en ethnologie, anthropologie
et étiologie pour analyser les us, coutumes et comportements canailles du PIF
engiscardé. Et avec impatience, nous lirons les rapports, mémorandums, essais
et articles qui nous seront consacrés à nous franchouillards ainsi à la juste
solde de la science internationale. Je dirais qu’il faut faire vite avant qu’anthropologues
et ethnologues ne soient bientôt plus aussi nécessaires tandis que les
entomologistes s’inspiraient de notre état d’insectes iconoclastes, voire la
prise de pouvoir des psychiatres pour observer nos mœurs culturelles.
J’ai
connu et rencontré de ses enthousiastes farauds du PIF très récemment, plus
particulièrement parisiens par excès, pharisiens par génétique. Je les ai
trouvés émouvants. Emouvants de stérilités sous toutes les formes, émouvants de
radotages autistiques aussi verts qu’un papy écolo déraillant à demi-nu dans
les couloirs d’une infirmerie, émouvants surtout de culture débraillée et de
peur panique face au débat, quitte à en appeler à l’aide toute la famille, tout
le clan et les rustauds du lobbying tellement ils ont peur du moindre désaccord
qu’ils sont incapables de concevoir dans leur tête. Face à ces gens, il faut
laisser faire, ne pas tenter de renverser les dames sur la natte et les
messieurs sur le ring… ils s’effondrent comme des grands tout seuls et leurs
principes du moment finissent par s’évanouir dans la surproduction d’idées géniales-indispensablement-intellectuelles
pour comprendre la figure de l’homme au final vomie par eux autant que l’homme
générique vomi encore par leur haute teneur en soupçon dont ils sont les zélés acteurs
de l’épandage. Nous nous trouvons, Français, dans une période où il est préférable de raser les murs, car
ces gens-là ne respectent ni les autres, ni la parole donnée. De vrais suppôts
de la rue Lauriston…
C’est
pour cela qu’il faut de temps en temps mettre en avant si modestement soit-il, avec
nos faibles dispositions, notre intelligence basse et notre vue souterraine, et
répandre les propos d’honnêtes travailleurs comme Dominique Reynié qui a commis
des mots simples dans Le Figaro,
rendant la grille de lecture de notre société lisible et lucide au moins
furtivement. Nous ne partageons pas l’ensemble de ses positions, ou l’ensemble
de ses thèses, mais nous défendons sa liberté de ton ici, son absence d’œillères
et sa sagacité. Vous me direz, jeune
serpent, croyez-vous que Le Figaro n’a
pas déjà suffisamment fait œuvre de divulgation du sentiment de Reynié… quand
vous, avec votre pauvre blog de rien du tout, vous n’atteindrez jamais un taux
de lecture aussi fort ?!
Eh
bien justement, lecteur acerbe et juste à la fois, L’Atelier du Serpent rouge connaît une foule inimaginable et aussi
dense qu’un lopin forestier parsemé de fougères estivales. Mieux, LSR ne craint
pas de répéter ce qui est bien dit, bien écrit. Encore mieux, LSR n’a d’autre vocation que de prévenir la
guerre qui vient… si ce n’est pas déjà trop tard en ces temps de giscardisme
intellectuel, en ces temps gros de ces membres actuellement indolores du
PIF qui se feront carnassiers, juges et exécuteurs des basses œuvres pour
fustiger tous ceux qui ne pensent pas comme un seul homme derrière leurs
hauteurs bottées, casquées de pointe forte.
A
l’aurore circonflexe de l'histoire en marche cadencée, la possibilité d’inverser la courbe de guerre est partie
remise, malgré des pieds plats. A moins que...
LSR
(*) Par PIF, nous désignons le paysage-intello-français depuis l’avènement de l’ère Lang.
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