They Doubs it - la République à terre
La victoire
en chantant.
C’était couru d’avance, la
législative partielle du Doubs a largement fait jaser et a surtout mis en
évidence un FN comme parti politique qui s’impose tranquillement dans une
tripartition électorale majoritaire en France. De plus, une partie de l’UMP
peut être considérée comme réserve de voix pour le FN : une feuille de
papier cigarette sépare des thèses et programmes de nombreux tenants de l’UMP.
Voire, certains franchouillards ou démagogues, au sein du parti sarkozien, vont
bien plus loin dans les thèses radicales que le seul FN tout seul dans son
coin. Et cela devient une des premières illusions à déchausser, ses bottes étant
garnies, et fort bien au demeurant.
Une fois de plus, le « front républicain » attise l’idée
de confusion dans la préservation des postes et mandats du PS et de l’UMP. De
loin, ce sera le souvenir de cette élection que retiendront ceux qui n’attendent
que ce fait pour larguer définitivement leur vote lors des prochaines
échéances.
Chant
de victoire, chant du cygne, les électeurs ne sont pas dupes
des collusions objectives des uns et des autres, même si les programmes des PS
et UMP sont dissemblables… dans la seule forme. Ah !, la forme, ses
habitus locaux et ses « cartes
postales » de communication et ses mots sans contenu obligés…
La différence entre le clan Le Pen et
les clans des deux partis gouvernementaux demeure inscrit dans l’envie, l’appétence
et les perspectives mises en avant de nouveauté, d’essai à conclure, de
convictions viriles affichées. Autrement dit, l’histoire institutionnelle
récente nous démontre que, depuis 2002, rien ne change vraiment dans les
manières d’aborder le chômage, la désindustrialisation, la finance, la question
européenne, la question sociale. Sur le ton de la « relève » et du « retour
du peuple », Marine Le Pen a construit des repères durables au moment
de l’acmé de l’atomisation des classes populaires et moyennes inférieures en
voie de paupérisation paisible. Les droits remplacent durablement le droit, les
communautés grégaires agrègent des identités et non plus des buts collectifs
communs… alors Marine Le Pen accorde un intérêt à l’Etat fort – au moins dans ses symboles – et au
paternalisme politique qui plaît tant à l’humeur des peuples convertis dans le
pessimisme social.
Le « front républicain » est d’abord l’échec de la République
bernés par des républicains timides et de micro-tribunes pour contenter leur
panse affermie de certitudes. Il est aussi la pratique de l’autruche qui
enfonce sa tête dans la terre, sans doute à force de louvoyer entre intérêts
égoïstes et autopromotions de soi dans des cénacles pourvoyeurs de postes
indemnisés. Enfin, le « front
républicain » sonne le tocsin de l’échec, non pas de la politique et
des seuls républicains mais d’un sens historique marqué du sceau du mouvement,
du progrès dans les relations pacifiées entre les citoyens. Toujours les
guerres s’ensuivent à se borner dans l’irénisme, cette représentation politique
lisse, sans clivage ni conflit, foncièrement pacifique et anesthésiée par des
doctrines neutralisantes de la lutte des classes.
Toutes les élections depuis 2002
enregistrent le triomphe de la position du FN dans le débat national et les
urnes, nonobstant les résultats obtenus qui ne livrent pas au premier regard la
condition réelle des objectifs brillamment réunis pour lui. Car le FN travaille
à moyen et long terme. La collusion entre l’histoire en cours et ses percées
dans les lignes de front des idées sera tôt ou tard concomitante à la déraison
généralisée qui tiendra tête à l’humain raison en politique. A la porte du
diable, nous ne le savons que trop, ce ne sont jamais les diablotins de cœur qui
se précipitent vers le feu, mais les lâches, les mous, les profiteurs et les
centristes à la posture opportuniste permanente qui, tout à coup, entendent
jouir des nouvelles occasions de profits qui s’entrouvrent plus rapidement pour
eux.
La République ne vit plus que de couronnes
de fleurs et flonflons en actes. L’inflation législative saccage des pans
entiers de la législation principielle, augmente l'insécurité juridique quand les pratiques institutionnelles de
la politique engagent l’impéritie d’un vaste détour vers un régime oligarchique
organisé qui ne dit pas son nom. L’abime d’anesthésie corrobore le déclin admis
de tous par consensus. L’autre nom de la guerre est l’urne et le mandat insignifiants
à terme.
LSR
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