De l'impatience brouillon d'un pays-foutoir, par Patrice C.
Prendre son mal
en patience.
Il n'est plus
temps de "radiographier" le
FN ou de le décortiquer, de l'analyser, de le soupeser, tout cela
éventuellement pour mieux le connaître et finalement l'accepter, ce dont nous
n'aurons pas le choix.
Il est juste
temps de se faire à l'idée qu'on va devoir vivre avec ! Les choses sont
dites et les carottes sont cuites. Prenons notre courage à deux mains et
préparons nous. Il ne sera bientôt plus temps de dire "il faut se battre", ce sera trop
tard, trop en retard. Le FN a bénéficié
de nombreuses complicités ? Bien sûr ! Y compris des autres
politiques, des banquiers pour qui l'argent n'a pas d'odeur d'où qu'il
vienne (même des nazis et des assassins
africains). Les Français se sont fait avoir par le système politique. La
pseudo-démocratie, à force d'être celle de tout le monde, n'est plus celle de
personne.
Depuis le temps
que l'on rebat les oreilles avec le fait que le FN serait le diable, tout cela
pour pouvoir continuer à croire en son ennemi : le Bon Dieu qui représente
paix, bonheur et pouvoir, et à l'honorer en tant que tel, ce que ne manque pas
de faire nos politiques, ne soyons pas trop étonnés que, pour une fois, ce soit
la version face qui s'impose.
Alors, va-t-on
rire, pleurer ou vivre indifférents ? Certains riront, d'autres auront le
temps de sécher leur larmes de crocodiles (ça
leur passera) et les derniers s'en foutront, comme ils se foutent de tout
et de tous sauf d'eux-mêmes.
Bien sûr, nous
n'y sommes pas encore, mais enfin, qu'un
parti légalement représenté depuis des années n'ait que deux députés sur plus
de trois cent soixante-dix à l'Assemblée nationale, alors qu'il représente un
quart des votants français à Bruxelles, soit 5,4 millions de voix, cela peut-il
durer ? D'où son insistance légitime à demander une dissolution de
l'Assemblée, ce qui n'est pas d'actualité. Pour cela, ce sont les législatives
qui le font. On peut comprendre leur déception.
Bien qu'Hollande et Valls nous aient caché qu'ils
allaient, dès le lendemain des élections qui devaient consacrer le FN, et ils
le savaient, lâcher les chiens contre Copé, l'UMP et Sarkozy, ce qui aurait
encore augmenté la déception des Français et donc le score du FN dans des
proportions qu'on ne peut imaginer.
Il nous faudra
donc attendre 2017 et la présidentielle, de même et surtout que les
législatives, pour nous retrouver devant le fait accompli et dûment acté. D'ici
là, peu de chance que les politiques aux
commandes se révèlent meilleurs qu'aujourd'hui, englués qu'ils sont dans leurs
carcans. On a donc trois ans pour se reformater et se préparer à vivre dans
le premier pays d'Europe dirigé par un parti d'extrême droite. On peut, d'ici
là, regarder comment cela se passe à Hénin-Beaumont ou à Villers-Cotteret pour
se faire une idée et s'adapter… Après, chacun se verra comme il pourra dans la
glace en se rasant ou en se maquillant le matin…
N'anticipons pas sur ce scénario et continuons à
observer avec attention la vie politique, ses pompes et ses œuvres (!).
Il nous reste le temps de nous remettre de l'expérience de ces élections avant d’affronter
les suivantes. Ce sont les politiques qui ont relativement de la chance dans
l'histoire. Ils poursuivent un chemin par eux tracé et auquel les Français, qui
en doutaient encore, ont depuis longtemps tournés le dos. C'est là qu'est le
tort de ce pays qui s'enferment dans un système individualiste et égoïste à un
point jamais atteint et même difficile à imaginer. Au bout du compte, on n'a
que ce qu'on mérite.
Depuis la guerre
d'Algérie, voire de la cinquième République, et l'institutionnalisation d'un
monde politique replié sur lui-même et coupé de sa base parce que celle-ci lui
a tourné le dos après avoir eu honte de ses comportements. Les belles
résolutions du CNR de 1945 se sont dissoutes dans l'imbroglio obscur de
l'Algérie mené par des militaires hors de contrôle et des politiques
impuissants.
Le désintérêt des Français a trouvé très opportunément
un autre terrain pour s'occuper : celui de l'égoïsme et de
l'individualisme jouisseur. La France a-t-elle seulement digérée le fait qu’elle fut vaincue trois
fois de suite dans des conflits mondiaux ? Cinquante ans que dure
cette dichotomie entre les dirigeants (à
peine et de moins en moins dignement élus) et le peuple de ce pays. La
France a abandonné toute dignité nationale. Elle n'existe plus en tant que
nation. C'est un foutoir !
On ne tire pas
impunément sur un élastique. Ce sera le porte-monnaie des Français qui fera la
différence. Peut-être… C’est dire le niveau auquel s’affiche le pays.
Patrice C.
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