Lady Long Solo en soirée mondaine [6], par Raoul Bidard
Lady Long
Solo s’évente à Paris.
La féérie des nuits parisiennes
manquaient à la Lady. Rien n’est plus serein pour elle que s’esbaudir dans le
vide des conversations et de quelques occupations d’oisifs camouflés sous des
couvertures professionnelles.
Des directrices de la communication
ramassent à la pelle des attachés de presse désormais plus nombreux que les
filles, des journalistes mondains se métamorphosent en DJ à ordi depuis qu’on
délaisse leur prose. Il y a même des écrivains à la mode qui viennent chercher
l’inspiration devant les postures éthérées d’une charmante élue de la
République tout heureuse de dévoiler les cotillons de sa pensée sur fond de soft-techno. Dans ces soirées
parisiennes, on y boit, on y drague, on y conclut un contrat ou un rendez-vous
derrière la caméra. Exclusivité du banal qu’on voudrait voir exceptionnel.
Lady Long Solo, inquiète du retour
de Jean-François Copé, fume cigarette sur cigarette. Non qu’elle ait peur de
lui, mais de la pure essence de son artifice. Surtout qu’il ne sort et n’apparaît
jamais sans sa tendre moitié. Un homme sous contrôle ?
Copé, comme ses frères d’armes,
ripoline le maoïsme sacrificiel. Les
Républicains-Ump, la Lady le constate, c’est un nouveau Parti communiste
marxiste-léniniste de France (ou PC-MLF,
pour les béats des acronymes heureux de leur prime jeunesse passée dans les
souterrains du pouvoir). Nouvelle dérive sectaire de la politique
institutionnelle ? Ces messieurs-dames d’aube rouge se flagellent en place
publique après une « cure médiatique »,
font des autocritiques autopunitives qui n’impressionnent que les marchands du
temple de l’ère du vice spectaculaire-marchand. Acculés au même téton, ils boivent
un lait rance dans une coupe qu’ils se partagent.
Personne n’est impressionné par ces
faiseurs. « De leur beurre, on n’en
veut pas même du bon pour graisser ma chaîne à vélo », se dit la Lady.
Pourtant, il n’y a qu’eux à l’écran. Pire, ils sont l’objet de toutes les
discussions en soirées festives. La saturation par le moins-disant, le plus nul
présenté tel un héros, la crasse la plus huilée sur papier industriel nous sort
par les urnes. Aplanir, enlaidir et provoquer un peu pour la bonne bouche par
des mesures et remèdes soi-disant chocs
nous occasionne une céphalée mémorable pour qui s’attarde sur le ruminant de sa
propre gloriole. Perte inexorable de temps.
Lady Long Solo, pour une fois
esseulée volontaire dans cette mondanité, se plait à observer que ces néo-maos
ne font que tenter de réaliser des phantasmes de leur adolescence. Quitte à tirer
un peu trop sur leurs petites intimités pour en faire jaillir une prose
jaunâtre, ces édiles de province montés à la capitale émeuvent leurs supporters
teigneux mais embarrassent les sécessionnistes. Car ce sont désormais les plus
nombreux, les plus influents dans le pays. Glacial.
Lady Long Solo se fait allumer une
dernière cigarette par un grand brun dépenaillé. Il est éditeur. Il boit pas
mal, parce qu’il pense que c’est in dans
le PIF. Des langues déliées affirment qu’il serait la plume de certains
candidats de la primaire à droite. Prompte à payer de sa personne, la Lady l’entraîne
à l’écart, l’interroge et l’éventre du fil de son coutelas cévenol. Ce n’est pas lui l’auteur
des boursouflures livresques de ce mois-ci.
Raoul Bidard
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