Politique au ralenti de la Ve République, par Patrice C.
Le Léviathan endormi
La
bronca qui accable aujourd'hui François Hollande n'a d'autres origines que le
désespoir de ne pas voir le pouvoir incarné par son président.
Il
ne faut pas aller "chercher midi à
quatorze heures". La fonction présidentielle est le pivot de la
société républicaine sous la Constitution promulguée le 4 octobre 1958, malgré ses maintes révisions. Elle est l'indicateur de stabilité réclamée et nécessaire
au peuple pour situer la puissance de l'Etat, donc l'assurance que celui-ci
peut apporter au pays. D'un côté le pouvoir, de l'autre les résultats. Au
milieu, l'homme pivot, image tutélaire et régalienne. C'est lui qui matérialise
l'équilibre. Dès lors qu'il est entraîné d'un côté ou de l'autre de la balance,
il est ou discrédité ou accablé.
L'espoir
que les Français ont placé, bon gré mal gré, en François Hollande n'est que le
résultat a minima d'un besoin et d'un
espoir malmené par son prédécesseur. Il faut admettre que la petite majorité
qu'a obtenue Hollande n'est que le résultat d'un choix par défaut. Le choix tel
qu'il se présentait lors de la sélection de son candidat au PS était déjà
entaché de craintes et de doutes quant à la vigueur du postulant final. Face à
un Sarkozy qui s'est enfermé dans une posture provocante dès le début de son
quinquennat et, dont les Français dans leur majorité attendaient l'échéance, le
vide d'une action politique était sidéral. Cette élection présidentielle était
quelque peu l'ouverture sur le vide. On n'a pas voté pour Hollande, on a
d'abord et surtout voté contre Sarkozy, sa personne et son aréopage.
Demander,
aujourd'hui, une protection tous risques à l'Etat, c'est à la fois admettre que
l'on est faible et aussi s'accabler de la pauvreté de l'action de celui-ci. La
popularité d'un pouvoir se juge aussi à la participation qu'il sait créer dans
le pays. Mettre tous ses œufs, ceux de la population, dans le même panier que
la politique en général, c'est confondre les priorités d'un Etat et mettre en
doute son fonctionnement et son crédit, donc de désigner à la vindicte le
titulaire de la fonction qui sert en même temps de bouc émissaire. Alors que la
situation économique fait apparaître de façon criante l'assistanat comme seule
solution à la survie d'une partie du pays, c'est créer un différentiel
d'appréciation dans la fonction globale de l'Etat. Puisqu'il existe une
possibilité sécurisante, le peuple attend que celle-ci profite à tous. A
défaut, c'est le signe visible d'un Etat borgne qui ne remplit pas le contrat
qu'on lui avait confié et qui consistait à une protection pour tous.
Faut-il
identifier l'action politique d'un gouvernement, sous la direction du président
de la République, à une autorité protectrice des gens et des biens ? Quelles
idées ont au juste les Français de ce qu'est la politique d'un pays ? La seule
image juste reste celle de la position du pivot et on amalgame toutes actions à
son inclinaison. Il s'en faut donc qu'il soit d'airain et représentatif au sens
où l'entendent et l'attendent les Français. La vigueur et l'énergie ne peuvent
être démonstratives et avant tout spectaculaires comme elles le furent sous
Sarkozy. Elles se doivent d'être efficaces et combatives. Autant d'épithètes
qui ne collent pas à la personne de François Hollande.
L'attente
est grande de l'espoir d'un vrai changement. Il s'en faut de beaucoup que
l'attente des Français soit satisfaite à la hauteur de ce qu'ils attendent. La
politique socialiste semble avoir oubliée depuis longtemps ce que cela signifie
et le mot révolution a depuis longtemps été banni des statuts du Parti
socialiste français.
Patrice
C.
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