Ce que Charlie veut dire, par Patrice


L'esprit de Charlie.

Plus, beaucoup plus qu'une simple appellation, c'est devenu un générique. L'esprit de Charlie, substantif bien venu de ce que l'on appelait encore l'esprit français. De Gaulois nous voici Charlie ! C'est une bonne nouvelle, encore faut-il l'expliquer et ensuite la comprendre avant de la mettre en pratique, de la vivre. C'est un retour sur ce que nous sommes depuis toujours. Il s'agit d'un relookage.

Notre ancestrale capacité à moquer, à ridiculiser n'est pas toujours bien perçue, tant il est parfois difficile d'admettre l'extrémisme de l'humour. Celui que l'on peut pratiquer partout et avec tout le monde, contrairement aux précautions oratoires limitatives. Il nous faut relever le gant. Serons-nous capables de durer tels que nous sommes, tels qu'on nous connaît, qu'on nous aime ou déteste ? Il faut assumer maintenant que nous avons été blanchis à l'international. Admettre et reconnaître que notre étiquette est Charlie et non plus froggy, ou disparaître dans le maelström informe des sans caractère, sans tempérament, sans Histoire et sans avenir.

Relevons le défi et assumons donc d'être ce que nous n'avons jamais cessé d'être : Français ! Les autres nations viennent de fait d'admettre que nous sommes Charlie. C'est plus simple. Maintenant, qu'est-ce que Charlie. Je ne dis pas QUI est Charlie ? mais qu'est-ce qu'être Charlie. C'est être conforme aux idées démocratiques, républicaines, laïques, d'abord. C'est avoir cette force énorme de se retourner sur soi-même pour savoir si on est conforme à cela. C’est être solidaire sans avoir besoin de le crier sur les toits, sans en faire la preuve régulièrement. C’est avoir une identité sans avoir à le prouver. C’est avoir et partager une culture.

Faire des Français devenus Charlie, parce qu'on profite d'une opportunité de première classe, un agglomérat de gentils Bisounours, de doux rêveurs qui vont à la pêche et jouent aux boules seraient bien réducteur. Il n'est ni question ni tolérable de changer quoi que ce soit sur le fond. C'est pourtant ce que nos politiques tentent et espèrent faire passer. Demain, on rase gratis ! Demain, la France n'est plus la même : les Français deviennent polis, courtois, se font des politesses dans le métro, car ils sont solidaires et partagent les mêmes convictions, les mêmes valeurs. De qui se moque-t-on, là encore ? Non au cliché réducteur ! Non à l’étiquetage de bazar. Un peuple de moutons dociles, voilà ce qui leur agréé. Rouspéteurs, mais drôles et uniques et surtout pas méchants ! Voilà comment ils nous veulent. On invite même les copains à venir voir la transformation… Il n'y a pas eu transformation. Surtout, les Français n'ont plus peur. Ils ont pourtant été maintenus, la tête dedans, pendant trois jours ! Mais c'est fini ! Maintenant, on respire ! Un autre monde s'ouvre à nous car on sait qu’on peut faire face, et ça, on vient de le découvrir ! On se croirait en 1789 ! L'esprit de Charlie, ce n'est pas autre chose, c'est juste autrement et surtout pas hypocritement.

Certains n'ont rien compris. La preuve : lors de la commémoration — tout à fait respectable et souhaitable — à la porte de Vincennes, des gens parmi les plus concernés, sont venus avec des affichettes : « Je suis Juif ». C'est encore une fois faire machine arrière et se réfugier derrière une appartenance spécifique, communautariste, sectaire. C'est l'antithèse de l'esprit de Charlie qui veut qu'on soit « on » collectivement et pas « je » dans mon monde. L'objectif, s'il doit y en avoir un, c'est justement de mettre fin au tribalisme et d'être capable, si besoin, de se moquer de soi-même. Le respect n'a plus les mêmes habits, il se présente autrement. C'est ça l'esprit de Charlie. Il ne suffit pas de taguer les murs ou les ascenseurs d'un "Je suis Charlie" pour en être, encore faut-il en être conscient.

Charlie bande encore !

Patrice C.

 

 

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