Construire sur l'apathie des politiques, par Patrice
L'Histoire est à reconstruire.
Aujourd'hui, ce n'est pas tant agir qu'il faut pour les
politiques qui entendent inscrire leurs actions dans l'efficacité, ce qui reste
hypothétique, que de redéfinir leur rôle et leurs fonctions.
Faire le constat rétroactif qu'il fallait accorder plus
d'importance à l'éducation, au social, à la prise en charge de priorités
découlant du chômage et donc d'une situation économique mal maîtrisée — ce qui n'a pas manqué de créer de
l'animosité entre les Français de différentes origines et couches sociales
— n'est pas productif.
Depuis les années soixante-dix et les premiers "chocs pétroliers", c'est sur
l'économie que vivent et réagissent les politiques et que se construisent leurs
programmes, sans rien apporter de concret, si ce n'est la volonté de vouloir
perdurer dans la tourmente, avant de nous asséner la crise financière à
rebondissements et de poursuivre le même chemin. Ils ont finalement, sans en
tirer leçon et sans avouer leur erreur, continué une politique stérile, superficielle,
qui en fait ne profitait qu'à eux et à leurs clans et qu'ils voulaient
prioritaire malgré les signes d'épuisement de la population.
La France vit dans une tourmente que les politiques
limitent à l'économie, qu'ils ont "apprivoisée"
au détriment de toute politique sociale de fond, quoiqu'en disent les
apparences qu'ils ont données dans les différents gouvernements qui se sont
succédés. La professionnalisation de la
politique a, depuis trop longtemps, servi de rente de situation à des
aventuriers fonctionnaires en mal d'ego.
L'Histoire de la France moderne a commencé à se
dessiner après la Guerre d'Algérie, que l'on s'évertuait déjà à qualifier de
"mission de maintien de l'ordre".
L'hypocrisie était déjà inscrite dans le comportement des politiques, qui
l'avait héritée de Pétain. La vraie reconstruction d'une structure nationale
aurait dû voir le jour de façon planifiée dès 1962. Depuis, on ne fait que
pousser la roue et prier pour que "ça"
tienne. De même qu'il n'y a vraiment jamais eu beaucoup de choses faites sur le
plan social pour accueillir les premiers travailleurs étrangers de l'après-guerre,
il n'y eut rien de fait pour reconfigurer le pays après l'Algérie.
Les politiques n'ont jamais eu comme priorité
l'intégration, la prise en charge et la construction d'une nouvelle France.
C'est à ce moment-là que le monde est devenu "moderne" et que nous sommes passés à côté.
Associer le délaissement de la politique sociale à des
obligations économiques, la recette est explosive. Il est très étonnant que
cela ne se soit pas déjà manifesté de façon plus violente. Le peuple de France
traîne depuis cinquante ans le boulet d'une reconstruction qui n'a pas été
faite, d'une nécessité qui n'a pas été appréhendée de façon objective. Il est
désormais vain, et inutile de se cacher derrière son petit doigt, car pendant
ce temps-là, le monde a continué de tourner aussi sur le plan social. C'est à
ce niveau qu'un rattrapage est nécessaire. Un
défilé tel que celui du 11 janvier ne créé du lien que le temps qu'il dure.
L'émotion qui semble désormais prévaloir dans les sphères politiques est un
nouveau dada plus qu'une réalité, et cela sera peut-être rapidement démenti par
des besoins nouveaux en termes de sécurité.
Il y a fort à
parier qu'une nouvelle déception ne se présente,
conséquence d'une dérive politicienne du "courage-fuyons" qui semble de plus en plus être la marque de
fabrique de la politique, et pas seulement française.
A trop vouloir faire de la politique un exercice centré
sur l'économique persistant et qui ne profite à personne, c'est le social qui
va s'imposer avec les dérives qu'il peut engendrer.
Le peuple de
France réagira toujours si on l'agresse, mais il ne peut à lui seul, que
pleurer ses morts. Il ne peut rien contre l'apathie politique.
Patrice C.
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