L'Ukrraine, encore, par Patrice C.
L’époque des conquêtes n’est pas finie
Il y a toujours une explication géopolitique aux
événements du monde. L'Ukraine est actuellement le pays pour lequel cette
affirmation reste vraie.
La force est le seul pouvoir réel des Etats. Elle
dissuade d'une façon ou d'une autre les toujours éventuels "candidats" qui seraient tentés de
porter atteinte à leur souveraineté.
La première des priorités d'un Etat est de montrer
les dents. Sa première fonction, qu'il n'applique pas toujours et c'est
heureux, est d'envisager la guerre. Il n'existe pas d'autres institutions
capables d'en décider. Il ne faut donc jamais perdre de vue que la guerre est à
notre porte. Les autres prérogatives d'un Etat sont d'un autre ordre, celui
d'éviter d'en arriver à la décision extrême. Il en va ainsi de la sécurité, de
la justice et de la protection qu'un Etat doit à ses ressortissants. Toute
autre fonction peut aisément être sous-traitée.
L'approche purement économique du sujet relève plus
d'une volonté de le situer dans un contexte moderniste et redondant tant le
thème et la dualité capitalisme/libéralisme est fourre-tout et bien pratique
pour fuir la réalité de terrain autrement plus âpre. Il faut avant tout se
remémorer le contexte historique et culturel. C'est donc dans la géopolitique
que se trouve l'origine de la situation. Elle n'a pourtant pas vocation à
proposer une solution toute faite et prête à servir. C'est certainement la voie
la plus longue, mais la plus légitime.
Tout territoire dépourvu de structures politiques ou
étatiques est livré à l'attraction d'un prédateur. On ne laisse pas en friche
un pays qui ne serait en fait qu'un endroit selon les définitions admises. Trop
puissant, il focalise l'attention et favorise une coalition de ses voisins. Pas
assez, ou marginal, il devient une proie.
Depuis des années, l'Ukraine vit avec une existence
en pointillé, partagée entre l'identité et le politique. Il faut se poser la
question de savoir s'il existe en Ukraine une souche commune faite de cultures,
de traditions. En un mot, s'il existe une nation légitime et solidaire.
Historiquement, l'Ukraine a toujours été un
territoire de conflits et de profits. Les bolchéviques ont dû batailler dur
contre une autonomie revendiquée par Nestor Makhno. Partie de l'empire de
Russie, elle était considérée comme le grenier à blé de l'URSS. Au même titre
que les pays Baltes, la Biélorussie et la Géorgie, elle fait partie de la
"garde rapprochée" de
l'empire et de l'URSS. Il s'en faut d'une décision de Khroutchev pour qu'elle
obtienne l'annexion de la Crimée (originellement
pays Tatar). Ce n'est qu'en 1991 qu'elle acquiert son indépendance. Elle
vivra cahin-caha des gouvernements successifs de 1996 (constitution) à 2004, date d'une élection (révolution Orange) qui sera vite dénoncée comme frauduleuse, et
d'une nouvelle élection présidentielle en 2010, qui n'améliorera pas la
situation.
On a beaucoup, et on continue de le faire, glosé sur
le virage vers l'ouest emprunté par Kiev alors que la moitié Est (ex pays cosaque) resterait tournée vers
Moscou. En fait, et malgré la domination de la langue ukrainienne sur
l'ensemble du territoire, c'est la Crimée par son accès à la mer Noire, au
Bosphore et à la Méditerranée qui est le sujet du débat actuel. Territoire
éminemment stratégique, elle est pour la Russie de Poutine une belle
opportunité militaire. Il s'agit donc clairement d'une agression à caractère
politique. Que Kiev se tourne vers l'Europe relève à la fois d'une gifle
administrée à Moscou et de manipulations provocatrices de l’Ouest.
De tout cela, la volonté des peuples et leur
sécurité sont peu de choses.
Patrice C.
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