Cirque estival des politiques, par Patrice C.
Les pleureurs
compassionnels.
Ainsi, la
victimologie ferait des adeptes essentiellement dans le milieu politique ?
Il s'agit avant tout de bonshommes, eh oui, mesdames, il semble que vous soyez
moins sensibles à cette affection.
C'est ainsi qu'en
se positionnant comme atteints par le mal, ils se disculpent de fait de toute
turpitude. D'autant, comme on le dit, qu'ils nous "la" font à l'envers. Je m'explique. Un individu se fourvoie
dans des "combinaziones"
pas très catholiques (cela aussi a son
importance) et il est démasqué. Compte tenu de sa position, c'est encore
moins pardonnable, il se retrouve donc être l'objet de toutes les vigilances
médiatiques. Au point qu'on ne parle plus que de cela et tellement qu'il ne se
considère pas comme acteur découvert dans ses manœuvres déloyales, voire
malhonnêtes, mais qu’il se considère comme persécuté pour cela. Cela va bien un
petit moment, mais il ne peut doublement pas tolérer que cela dure très
longtemps sans risquer le discrédit national et l'opprobre. Il lui faut donc
contre-attaquer. Non pas pour sauver son honneur ou pour prouver sa bonne foi, comme
le fait toute personne indûment malmenée, mais pour se plaindre de ce que cela
dure et qu'il est question de souffrances infligées. Il n'est et ne sera jamais
question de la faute dont on l'accuse ! Il ne sera toujours question que
de sa souffrance ! A crier plus fort à la persécution, on finit par ne
plus entendre que lui… la nuit, le jour, la semaine, le week-end… A toutes
occasions : politiques, sociales et même sportives !
Il s'agit de se
mettre en scène dans ce théâtre nouvellement récupéré et utilisé pour se
plaindre et en appeler à la mansuétude, à la compassion, à l’acharnement à
l’abattre, lui. Ces temps-ci, ce
n'est pas le Brésil qui souffre de ne pas avoir joué et d'avoir été battu avec
honte à la face du monde et de faire souffrir tout un pays. Cela n'est rien
face à ce que JE subis ! Ils
s'étendent, se répandent dans les journaux, à la télé, à la radio, ils se
vautrent sans scrupule ou dignité dans le misérabilisme de leur pauvre petite
vie, de leur pauvre petite personne. Ils se donnent en spectacle à la face du
monde, espèrent tirer des larmes dans tous les foyers connectés à l'événement
qu'est devenu leur vie rendue invivable. Ils oublient juste de dire qu'ils se
sont mis eux-mêmes dans cette situation ! Par contre, ce que l'on ne
pardonne jamais à un malfaisant commun, ils ne supportent pas d'en partager le
sort. Partager le banc d'infamie, moi, Monsieur, jamais !
Le spectacle est
d'autant plus permanent qu'il se répète sous divers prétextes et, comme disait
ma grand-mère : on ne sait pas encore tout ! En
attendant, la machine fonctionne, le décor est en place et cela continue. C'est
la fièvre des festivals de l'été… Les politiques pulvérisent les scores des
meilleurs auteurs. Il faut lire les forums qui y sont consacrés pour voir
l'ampleur… La vague, le raz-de-marée que cela provoque. Même en Avignon, on ne
vit pas pareilles saillies ! Il s'agit là de sentiments populaires,
directs. Personne ne peut ignorer, surtout ceux qui sont concernés. D'où
l'amplitude accrue de la plainte lancinante, toujours plus haut, toujours plus
loin, toujours plus fort ! Le volume à fond ! Plus fort que les
"in" et que les "off" réunis ! Et il ne saurait
y avoir d'entracte ! Ils continuent
de pleurer, de se plaindre, de se morfondre. Pathétiques.
Seule
"Marianne" en fait sa friandise qu'elle nous fait partager. Les
autres : ils prennent cette mise en scène pour argent comptant. Trop
heureux de l'aubaine : un ticket de métro et je vais écouter les
pleureuses, je vous raconterai… Alors que les autres les détestent justement,
mais qu'ils ne peuvent s'en passer dans leur stratégie compulsionnelle.
Bientôt, ce sera
du Verlaine. Ah, si seulement…
Patrice C.
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