Liberté dévoyée, par Patrice C.
La liberté
sauvage.
On ne le dira
malheureusement jamais assez, trop de
liberté tue la liberté. Il en est de même pour la démocratie si mal
partagée, qu'on se croirait dans un supermarché où la liberté devenue produit
démocratique convie à tous les abus individuels, où l'on assimile jouissance
individuelle à mépris collectif. Le sens du mot a été changé.
L'offre d'espaces
de liberté est devenue trop grande pour l'homme. La volonté de puissance toujours refoulée trouve dans ces espaces
ouverts des terrains pour toutes les expressions plus ou moins incontrôlées. Là
où il fallait être puissant pour s'exprimer et être écouté, l'espace devient
légitime au plus grand nombre. La volonté de puissance s'exerce comme au rabais
et il s'en faut d'une guerre pour éprouver la sensation d'exister. Il ne s'agit
plus d'être pris en compte et considéré, il
n'est plus question que de se donner l'impression d'exister au même titre que
d'autres. La présentation publique n'est plus déférente, elle se veut
jouissive et spontanée. Les espaces nouveaux ouverts par la technologie de la
communication se transforment en champs ouverts à l'expression libre mais
débridée. Il s'en faut, là aussi, d'un supermarché de la liberté assumé et
revendiqué. La divine liberté n'est plus
celle de tous en tout, mais de tous contre tous.
La liberté
démocratique ne s'exerce qu'en période de profusion. Elle est de fait respectée
dans l'abondance. Il suffit de voir le comportement général lors d'une alerte à
la pénurie. Il n'est plus, à ce moment-là, question de respect démocratique
mais de guerre individuelle. La belle démocratie n'a en fait pour vertus que de
s'exercer en période de paix et de dissimuler la nature profonde des hommes.
L'expression
écrite permise sous anonymat confine au paroxysme de l'hypocrisie. Elle permet
tout à la fois d'être sans paraître. La tentation est grande d'avancer masqué.
Il en est ainsi des forums ouverts aux quatre vents de la liberté d'accès où la
confrontation des idées et opinions devient le rejet de l'autre. Où les plus
bas arguments s'habillent de peu de chose et se dissimulent derrière le
paravent de l'anonymat. On en arrive à la monopolisation de l'espace par la
seule volonté de l'occuper. C'est notamment le cas des forums ouverts dans le
domaine politique. Rares sont les exposés et réflexions dignes d'intérêt. Cela
devient vite un égout à ciel ouvert. Il faut remarquer que ces espaces sont
trustés, occupés par des membres ou sympathisants de partis politiques qui s'en
servent comme d'une machine de propagande et de dénigrement systématique devenu
le "bashing" si prisé dans
les milieux avertis. Là aussi, il s'agit de guerre et d'occupation. La belle
occasion de partage et de respect réciproques a démontré, une fois de plus,
l'inanité de son existence.
A ne plus révérer que sa petite personne et à réifier
son existence, l'homme retourne à ses fondamentaux anthropologiques. De se
donner de lui-même l'image de référence divine, il lui faut assumer sa
destruction sociale. L'abandon est double puisqu'il n'assume plus non plus le
politique collectif.
Patrice C.
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