gloires et beauté des forums d'internet, par Patrice C.
M'as-tu lu ?
La technologie
informatique, dans sa grande mansuétude (!) et surtout ses offres alléchantes,
nous permet de communiquer. On se dit que s'agissant justement de ce qui manque
le plus à la société actuelle, ce bienfait doit être pur bonheur… Que nenni !
Mettre les vastes pâturages de l'espace virtuel à la disposition de chacun,
sans contrôle, sans retenue aucune, c'est au contraire ouvrir une boîte de
pandore.
Je suis un
utilisateur prudent des forums en tout genre et économe de prétentions.
J'apprécie de trouver des sujets de conversation, voire d'intérêt culturel,
pédagogique ou inattendu. Je prends plaisir à lire des interventions motivées
et étayées ou des relances ou recentrages sur des motifs de curiosité. Il
m'arrive de prendre un petit plaisir à taquiner, voire provoquer des
interventions. Les sujets soumis à discussions ouvertes sont en eux-mêmes et
déjà une sélection pour la curiosité. D'abord parce que tout ne m'intéresse pas
ou parce que certaines "découvertes"
pour certains sont déjà entendues depuis longtemps et qu'il n'est pas
nécessaire d'y revenir. La sélection est et doit être impitoyable au risque de
ne plus éprouver d'intérêt et d'y perdre son temps.
Les réactions se
font beaucoup plus dissertes selon que l'on aborde les thèmes politiques
communs que lorsque l'on aborde les sujets d’une réflexion historique ou
culturelle. Il paraît évidemment plus simple de gloser sur les turpitudes
d'hommes et de femmes politiques de peu d'envergure que de piocher la
géopolitique ou les sciences politiques. Le spectacle est là ! Car il
s'agit bien d'une mise en scène auto-réalisée.
Chance, l'espace
est extensible, ouvert et surtout anonyme. Il se transforme donc en une vaste
et vulgaire pâture. Les réactions sont téléguidées par des sujets journalistiques
de circonstances, ce qui facilite la mise à l'étrier. Il ne s'agit en fait que
de rebondir. Rares sont les sujets d'actualité qui permettent d'aller très loin
dans la réflexion. L'aridité analytique n'y trouve pas terrain à développement.
Tout au plus doit-on se contenter de fresques plus ou moins brodées sur un
canevas de circonstances de peu d'intérêt. Les rares interventions de portée se
heurtent rapidement à des interventions castratrices ayant pour support des
traits d'humour douteux.
Les échanges
ressemblent plus à des défis de feu rouge ou de circulation urbaine qu'à des
besoins de précision ou de culture générale. J'apprécie les interventions
bienveillantes de certains universitaires ou personnes de bonne volonté qui
profitent à juste titre des facilités offertes pour faire partager leurs
connaissances. Il s'en faut malheureusement de beaucoup que cela soit
généralisé. Il faut savoir trier le bon grain de l'ivraie (elle est facile, mais ça ne mange pas de pain). Nous sommes donc
confrontés plus que de coutume et plus que nécessaire à une débauche, à un
épandage d'ego et à une pulvérisation de testostérone telle que l'espace
profitable devient champ de bataille. On s'y étripe à qui mieux mieux sous
couvert d'anonymat le plus souvent. En fait, ces querelles picrocholines et
épistolaires n'ont même pas la dignité de querelles de concierges qui elles
peuvent s'invectiver de vive voix et en toute honnêteté. Nous assistons donc à
une mainmise de quelques individus qui monopolisent l'espace et réduisent à eux
seuls et à leurs turpitudes personnelles une belle occasion qui ne demande qu'à
être profitable au plus grand nombre. La brosse à reluire est avant tout auto-pratiquée
et la modestie n'est pas cirage ! C’est ainsi que la plupart de ces forums
sont phagocytés par les mêmes individus qui vivent en vase clos, entre poissons
rouges !
Il faut donc
considérer, une fois de plus, que le rapprochement des hommes sur terrain
neutre et profitable n'est pas pour demain.
Patrice C.
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