Les régions coupées, salées, dosées, par Patrice C.
Par le gros bout
de la lorgnette.
La politique d’un gouvernement, c’est sa
carte de visite. Ainsi, il doit charger le programme pour faire sérieux,
dévoué, fidèle à ses promesses, etc. De là à n’y voir que la confiture qu’on
étale…
C’est ainsi que le présent gouvernement
nous propose un projet consistant et roboratif qui, non seulement paraît
totalement étranger à la majorité des Français, mais qui les rebute car il ne
fait de mousse que chez les élus de toutes sortes qui sautent sur l’occasion de
faire savoir qu’ils existent et qu’ils entendent le prouver, ce qui accrédite
encore un peu plus la thèse que c’est un « truc » auquel on ne comprend rien. On nous a déjà cassés les
oreilles avec des affaires de communauté de commune, on vient maintenant nous
proposer un remaniement territorial de la France. En somme, des choses éminemment
de
politique politicienne qui ne sauraient défrayées la chronique des
zincs aux heures de pointe.
Cette gesticulation, que l’Etat entend
mener à son terme puisqu’il s’agit-là de son crédit politique, dont il est tant
dépourvu par ailleurs, remet donc sur le tapis les tournures révolutionnaires
et napoléoniennes de l’agencement du pays. Pas moins !
A croire qu’il n’y a rien d’autre de plus
urgent sur le feu que cela. Le motif reste essentiellement économique. Il est
vrai que la France est au bord du
gouffre financier depuis au moins 2007, date à laquelle le Premier ministre
Fillon disait que la France était à sec et donc en pleine déconfiture.
Depuis, ça ne s’est pas arrangé puisqu’il
faut encore trouver de l’argent. On ne peut le reprocher à un gouvernement,
c’est aussi son rôle que d’en trouver. Les tournures les plus fleuries font
florès et pour mieux imager le propos, on nous parle de « millefeuilles administratif ». Il
faut dire que dans le même élan, il avait été ébauché la possibilité de
supprimer le Sénat… ce qui bien sûr ne fut pas retenu et vite enterré. On nous
propose aussi la théorie de l’oignon, ce qui ne manque pas de sel (!). Allons
donc vers la reconfiguration territoriale ! Et vite, on a déjà perdu deux
ans. S’attaquer frontalement à un retapissage des régions et du système
ancestral des préfectures, c’est quelque peu toucher au sacré des enseignements
du primaire de nos grands-pères, et ça, ça cause ! Prétendre que c’est en
toute bonne foi et contraint de faire les fonds de tiroirs qu’on va toucher à
l’aspect du pays, c’est pas gagné de favoriser l’adhésion. D’abord parce que
les Français vivent avec des racines culturelles fortes et qu’il est des choses
pour lesquelles on s’est battus. Oui, Monsieur ! Mettre à la poubelle les
plaques minéralogiques n’avait pourtant pas suscité une révolution, mais
changer les préfectures… ça passe mal. Déjà
qu’on ne sait plus, sur la route, d’où vient la voiture de devant, il va nous falloir
oublier aussi de quelle préfecture ! Toute une culture racinaire.
Cela ne peut que susciter des levées de
boucliers, et bizarrement plus du côté des baronnies locales et de leurs
tenants que de la population, qui, quoiqu’on en dise, a l’esprit plus large que
ça. On n’est plus systématiquement en guerre avec le village d’à côté !
Seuls, donc, les dévoués à la cause de la
culture régionale se manifestent. Culture régionale qui, comprise dans le vaste
mouvement du monde, n’est plus qu’un grain de sable à l’échelle de la planète,
à l’heure d’Internet. C’est oublier un peu vite qu’un pays se construit sur des
particularités qui, mises bout à bout, constituent l’ensemble de ce que l’on
appelle une culture nationale. Les Français (et les autres nations) sont connues au Mexique ou en Birmanie pour
leur béret, leur baguette, leurs vins, la mode et la tour Eiffel. Si vous
croyez, benêts, qu’ils sont connus pour les chapeaux ronds de qui vous savez, ou
la vielle des autres, vous vous trompez lourdement !
Il faut tomber les masques. La
configuration prévue n’entre en tout et pour tout que dans le cadre d’un
aménagement européen. La politique de la France, et d’autres pays, ne se fait
plus chez elle, elle se fait à l’échelle maintenant de l’Europe, puis du monde,
ce qui nous permettra de vieillir moins cons, sauf à vouloir rester un « adorable » petit village
gaulois ! Toute la subtilité politique consiste donc à faire le moins de
vagues possibles, même s’il faut froisser quelques susceptibilités.
Patrice C.
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