Sarkozy, notre bon sauveur
Retour vers le passé.
Le grand show d’hier soir orchestré
par Nicolas Sarkozy nous remet dans les arcanes d’un soap-opera qui devrait faire les choux gras de la presse dans les
semaines qui viennent : « va-t-il
revenir ? », « revient-il ? »,
« comment reprendre l’Ump ? »,
etc, etc, etc…
Certes, vis-à-vis d’un ancien chef
de l’Etat qui ne s’était pas encore exprimé directement, laissant ses laquais
depuis deux ans transmettre des messages, l’inviter après sa garde à vue et mise en
examen était un « sujet ».
Ne pouvait-il pas venir dans un studio d’Europe 1 et TF1 ? Mais non, la
partie s’est jouée à domicile en quelque sorte, dans ses murs, dans les
conditions qu’il a fixées. Là, NS était plus à l’aise pour délivrer les cinq
points de son plan de « grand oral »
de défense/attaque et retour annoncé.
Comme tous les chatons politiques de
la décennie et de tous les pays démocrates, NS n’est jamais aussi convaincu de
ténacité et de combattivité que lorsqu’il est attaqué - ou quand il s’en est auto-persuadé.
La routine, quoi…
Il nous est venu de suite à l’esprit
qu’il se défendait peu mais tirait à vue sur les « deux dames », ces deux magistrats dont il doute de
l’indépendance, sur Manuel Valls, Christiane Taubira, Michel Sapin et sur François
Hollande accusés sans détours d’organiser des écoutes de ses appels et les
dossiers contre l’ancien garant de l’indépendance du pays et de sa justice.
Nicolas Sarkozy ose tout. Cela
paiera-t-il ? En effet, s’en prendre comme tous ses amis aux « deux dames » toute la journée en
énonçant des choses fausses sur le syndicat des magistrats, sur une juge, sur
son soi-disant engagement politique contre lui… NS et son clan (moins les Balkany fort peu curieusement
discrets à la vue des casseroles qu’ils ont sur le feu) instrumentalisent
la règle du « je tape le plus fort possible, il en restera toujours quelque chose ».
Comme dans les Hunger Games, les jeux de la faim de la dictature démocratico-télévisuelle
de Panem, ce livre pour la jeunesse
de Collins, tous les coups sont permis, toutes les ruses entraînent l’attrait
du public obligé de regarder les mises à mort, les combats et mises tarifées
sur l’un ou l’autre des gladiateurs. Ainsi, le régal de la communication en
triplette, le défi de faire couler de l’encre revient en force en ce début
juillet : coupe du monde de foot et espérance des Bleus, Tour de France en
fin de semaine et, last but not least,
retour de Nicolas Sarkozy en plusieurs épisodes. Dans les rédactions, les mains
usent leur troisième peau à force de se frotter :
-Eh, coco, garde les unes sur le
ventre plat à la plage en réserve, on a Sarko qui lance des cartes postales sur
son retour.
–Cool, mec, si on avait une affaire
de dope dans le Tour, ce serait tout bon pour nous en prime.
La Ve République est devenue un
vaste cirque démocratique dont les colonnes de nos journaux ressassent les
méfaits ; chacun le constate dans ses pratiques. Le quinquennat a accéléré
un processus de pourrissement du poumon de la démocratie formelle, cette sorte
de pacte entre gouvernants et gouvernés qui pacifie leurs relations au sein de
l’Etat comme autorité de la force légitime. Désormais, la communication sert le
mandat et « on » vit avec
« ça » sans arrêt. La
paralysie complète des leviers politiques internes soumis aux directives
supranationales lève le voile d’un personnel politique englué dans l’absence
de perspectives de leurs capacités personnelles et collectives. Aussi faut-il
communiquer le vide des programmes en les détournant dans des rêves provisoires
qui lui permette de maintenir (là aussi
provisoirement) un semblant de conduite des affaires publiques du pays. Nul
doute que tout « ça »
agace.
Bien sûr, « on » va se focaliser sur l’ex,
les rideaux de fumée pour éviter des sujets liés aux finances de l’Ump mais, au
final, il restera une amertume et un sentiment de « tous pourris » qui humera bon les couleurs de l’élection
présidentielle de 2017… si elle ne se tient pas avant, d’ailleurs.
-Ma pôve dame, c’est-‘i pas
malheureux c’qu’i’s font au sauveur de la France !?
-C’est ben vrai, ça. Ca sent
l’entourloupe pasque-c’est-ben-lui-qui-peut-nous-redresser-la-droite-forte-contre-les-rouges.
On commence à nouveau à entendre le
refrain de l’année 2012 qui dressait les uns contre les autres, qui
stigmatisait un jour les juges, un soir les pauvres, un midi les « quartiers », au goûter les jeunes, puis
les artistes, les lève-tard, les délinquants, les "assistés"… Ce fut une telle réussite que
dame Marine en a tiré seule les marrons d’un feu qui couve.
Il est quasi certain, sauf concours
de circonstances aléatoires ou rappel à
la maison du Père, qu’il y en a au moins une dont on voit l’ascension
créée par les faits nourris par des champions toutes catégories du vide
politique de-ci, de-là, à droite, à gauche. Et qu’elle, elle figurera à un
second tour. Et elle, elle y va pour gagner, pas pour faire de la figuration
sur petit écran un petit soir de juillet entre deux épisodes des Bleus sur TF1.
LSR
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