La société des zombies est en marche, par Patrice C.
En route !
Et si cette
grisaille et cette insatisfaction qui nous assaillent dans notre quotidien
n'étaient que la partie émergée de l'iceberg, de quelque chose de plus profond
qui s'appelle évolution de la civilisation ?
Comment expliquer
aussi que nous nous recentrions sur le médiatisé, le spectacularisé, en un mot le carton-pâte, le cosmétique si
affriolant et finalement si distrayant. Ce cataplasme, ce baume superficiel et
qui n'est pas fait pour traiter mais juste pour faire passer momentanément les
maux qui reviennent toujours, qui ne sont pas nouveaux mais qui sont coriaces
et, finalement sont peut-être utiles. Ils tranquillisent, ils occupent, ils
parent la vacuité de notre incapacité à être efficace, à changer les choses.
Ces petits grattouillis sont le seul piquant triste de notre existence sans
relief. On agrémente comme on le peut avec quelques misères une vie sans
consistance. Ils nous rappellent à l'ordre de la vie toute simple alors que
l'autre, la vraie vie mais plus complexe, ne nous est plus abordable. Nous
sommes résignés devant l'adversité. On ne considère plus l'existence que et
d'abord sous ses petits aspects trompeurs, ses bobos au corps et à l'âme. Les
onguents ont pourtant fait la preuve de leur insuffisance et de leur
superficialité à court terme. Nous préférons quand même leur accorder toute
notre attention et nous focaliser sur le court terme qui est visible, lui.
On ne spécule
plus sur le concret, le durable. On n'intervient plus sur l'improbable,
l'indéfini. La charge est par trop lourde à assumer et l'espoir n'est plus de
mise. Même le hasard, quelquefois bienheureux, n'a plus sa place dans notre
construction. Nos échéances sont hypothétiques et inquiétantes. On vit et agit
dans l'instant. La conversion à la masse n'est plus de mise, seul l'individuel
compte. Il croît et se multiplie mais ne sert pas de valeur d'exemple. Le
global, l'ensemble ne rassure plus, ou à petites doses dans des clans, des
quasi retraites sectaires faites pour préserver un petit nombre toujours en
attente d'une opportunité favorable à des intérêts particuliers.
La cohabitation
de difficile devient petit à petit impossible. Les regards se font étrangers,
fuyants. La peur de son double hante les rues. Le détricotage de la
civilisation est à l'œuvre et marche vers la ruine des sociétés qui ne sont pas
habitées. L'avenir espéré ne sera ni au rendez-vous ni gratuit, il sera chargé
de bouleversements incontournables et du retour impossible à l'original. La société des zombies est en marche.
La reprise en mains sera d'autant plus facile que par défaut d'opposition
constituée et de conscience collective.
Ne cherchez plus,
vous êtes déjà passés devant la solution sans la voir, sans la saisir car elle
faisait peur, elle inquiétait. Vous (nous)
l'avez ignorée dans une fuite en avant improbable. La place est disponible pour
les plus forts ou pour le chaos. Ne faites pas cette tête-là, nous sommes tous
responsables.
Patrice C.
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