le triomphe du hyppisme, 3e génération dans la théorie politique, par Patrice C.
HIPPY HIP HOURRAH !
Etat, mon bel Etat III
Ils ne sont pas morts, ou alors on en
est en plein "revival" !
L'accoutrement n'est plus le même, le costard-cravate est quand même plus
présentable au vu des ambitions que l'on a. Quarante ans après l'avoir vécu
intensément, je redécouvre le bonheur annoncé et le monde comme open space
pour tous.
C'est oublié un peu vite qu'il a
existé des extensions au patronyme : hippies, yuppies… qui n'avaient rien,
mais alors vraiment rien à voir avec les premiers. Jerry Rubin a "fini" comme trader toxico !
Haight-Ashbury est un quartier snob et bourgeois de la pire espèce. La beat
génération a laissé les traces indélébiles d'une vraie culture qui va de
Kerouac-Burroughs à Andy Warhol, et c'est gravé dans le marbre et la gélatine des
inspirés qui ont fait "Paris-Texas"
ou "Bagdad café" et autres
"Sailor et Lulla",
delicatessen du cinéma piqués dans la veine des seventies.
Foin de tout cela aujourd'hui !
L'époque n'est même plus au "camarade"
ridiculisé par la prétention débordante des yuppies
de pacotille qui croient s'encanailler en roulant Harley-Davidson. La
bourgeoisie a toujours été sensible à une petite dose de voyoucratie. De celle
qu'on manipule avec des gants mais qui fait frémir d'aise et d'impatience les
bourgeoises en quête de sensations.
On a tourné une page. On en tourne une
tous les dix, vingt ans ! A la différence près qu'on reprend les mêmes et
qu'on fait la même soupe, sous d’autres atours. Aujourd'hui, la soupe en
question s'appelle mondialisation. Il n'y a plus les pro et contra, il y a une
construction purement théorique qui débite en tranches les sociétés, la
civilisation et, bien sûr, le monde, l'espace-monde. On vous fait, si vous ne
le saviez pas encore, un blot : le
monde est un ! On le partage. Bon ! Mais qui fait quoi, décide de
quoi ?
—
Personne ! Vous, moi, eux, tout le monde dans le même bateau et ça doit
"normalement" fonctionner. Normalement… Mais où
sont-ils les autres, les miens, les tiens ?— Y'en a plus ! On est tous un ! Allez, viens petit, on va inventer la mondialisation heureuse !
Heureuse mondialisation |
V'n'avez pas compris ? Je vous
explique : on fonctionne par groupes. On appelle ça les réseaux ou les
lobbies. Ces acteurs-là se mêlent de tout et de rien, car ils ne sont sûrs de
rien. On est en plein empirisme, et roule ! On quasi-institutionnalise la
guerre de tous contre tous. Le résultat des courses tombera quand on ne sera
plus là, alors tu parles… Donc, on ne se mêle plus de ce que l'on fait, mais de
tout car on en a marre des Etats, sourds, aveugles, muets, cul-de-jatte et manchots
(ça va, j'ai rien oublié ?). Et on mobilise ! Oui-oui, comme pour
agir façon CGT, mais en douce. On décide, par exemple, que même avec
l'Union européenne, on n'avance pas alors qu'on a cru qu'il suffisait de, mais
non ! Donc on se regroupe et on pousse les institutions dehors. Ah, si
tous les indignés du monde pouvaient se donner la main… En attendant, on est là
et bien là et on va pas lâcher le morceau. Car c'est notre morceau, c'est nous
qui avons décidé. On ne va pas attendre des élections et tout le toutim… ça a
assez duré ! On s'installe comme incontournables, légitimes. « Où
on va ? — Cherche pas, on verra plus tard ». On devient des acteurs incontournables. On pique du boulot et
des prérogatives aux Etats qui, c'est bien connu, n'en branlent pas une à part
protéger leur pré carré, et on décide qu'il faut faire ceci ou cela. Pour ça,
on a les gens qu'il faut et finalement les Etats sont trop contents de se
débarrasser de certaines patates chaudes. Jusqu'au jour où, patatras, on y est
allé trop fort, trop loin. On va provoquer une bagarre pour laquelle on n'a pas
les moyens de faire face… « Allo ? l'Etat ? On est dans la
merde ! ».
Le monde des Bisounours est impayable
mais grave ! On passe de deux sociétés à trois. De bipolaire on devient
tripolaire. Ne cherchez pas, la troisième c'est le Serpent rouge !
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