Ukraine, en finir avec la vue d'une personnalisation du Grand méchant Poutine, Patrice C.
La retraite européenne de l’Ukraine
Bruegel l'Ancien, Les Aveugles (1568) |
Bien sûr, le débat ne se situe pas
au niveau de savoir quel est le rôle de la Russie et du poids de Poutine dans
l’affaire. Traduire cela de cette façon, c’est réduire à l’échelle d’un
individu une affaire qui concerne tout un pays et ses récents martyrs à
l’illusion (une fois de plus) que la
solution serait bêtement d’ordre mégalomaniaque. Ce serait aussi lui accorder
bien de l’importance, voire du crédit, à Poutine. Mais il s’agit une fois
encore de personnaliser le débat. De là à en faire un mythe et à recomposer
l’Histoire, il n’y a qu’un pas… C’est si facile de meubler et de personnaliser
les faits. Cela évite toute analyse factuelle et en profondeur et permet de
fabriquer des grands méchants pour
les futures livres d’histoire.
Le Grand Méchant loup fait encore et toujours recette… De 1792, on ne
retient que Robespierre, de la Seconde Guerre mondiale : Hitler, des
révolutions arabes leurs ex dictateurs (qui
n’ont jamais été aussi dictateurs qu’a posteriori, d’ailleurs). Il s’agit,
là aussi, d’une forme de pipolisation
de l’Histoire. Finalement, les livres d’histoire c’est avant tout des albums de
gueules qui font, ou peur ou qu’on encense et érigent en mythe souvent, ou en bienveillant,
ou bonasse, ou admirable, etc. Il faut un pendant à chaque extrémité des
possibles. Le binaire mène le
monde : bon/mauvais, sympa/affreux, brave type/salaud. Le profilage à
bon marché ne coûte rien. C’est d’autant plus vrai que cela émane de gens ayant
pignon sur rue et qui ne ratent pas l’occasion d’en tirer profit et gloriole.
Va donc, cette fois, pour Ukraine = Poutine ! Au suivant… Car Poutine,
c’est la guerre comme dit Stallone (bonjour
les références).
Il y a bien sûr bien et beaucoup
d’autres choses. Mais là, on est dans l’analyse, l’abstrait, le profond et ça,
« c’est pas porteur, Coco ! »
Alors on va se chercher un autre genre. Ça tombe bien, l’Ukraine est désormais
deux ! Deux pays en un qui vivaient ensemble sur un pied égalitaire,
plutôt mal que bien, mais qui finalement ne se détestaient pas trop. On n’avait
pas entendu parler de haine ? On ne va pas tarder à entendre parler de
pogroms ! « Vous avez aimé le
Kosovo ? Vous allez adorer l’Ukraine ! » La faute à
qui ? Car c’est ce qui prime : le (THE) coupable ! Au poil, on a ce qu’il faut ! On vous
l’avait dit…
A la différence (si l’on peut dire) que ce n’est ni
l’origine ni la solution de l’affaire. « Ouais, mais faut faire court, Coco ! » Evidemment, la démocratie : son idée, son utopie
et sa mythologie, c’est autre chose… Partant du postulat prétentieux qu’il
y a ceux qui savent et qu’il y a les autres, la démocratie : on va vous
l’apprendre, vous l’importer clés en mains. Vous allez voir !
D’abord, on va vous débloquer 35
milliards de dollars (en $, ça fait riche !), soit
quelque 28 milliards d’euros. On va même
vous envoyer Christine Lagarde. Après, vous allez vous serrer la ceinture
pour rembourser… pendant ce temps-là, vous ne ferez pas la guerre et vous pourrez
payer Poutine pour son gaz.
Quand on vous dit que l’Europe
idyllique dont vous rêviez existe… vous allez même et du même coup être
mondialisés…
Patrice C.
Commentaires
Enregistrer un commentaire