De Rome, l'empire s'échauffe, par Patrice
Renzi et la patate chaude.
Dans un bel élan unanime d’hypocrisie, l’Union
européenne, qui visiblement découvre qu’elle sera incompétente pour régler le “problème“ des migrants car il ne s’agit
pas d’un vague problème administratif, qu’il est donc appelé à devenir sans fin
et qu’il ne s’agit pas de menacer pour que cela cesse, propose de l’argent à
l’Italie pour qu’elle se débrouille seule.
Pauvre Italie qui malencontreusement se retrouve en
première ligne pour des raisons géographiques et qui n’en peut mais. Elle doit
se débrouiller avec un sujet qui bien que prévisible s’installe dans la durée
pour des siècles et des siècles, de façon inexorable conséquemment à une
situation géographique non choisie.
“L’affaire“
est pourtant inscrite de façon mécanique dans le parcours historique de
l’Europe. Avouera-t-elle pour autant qu’elle n’y est pas étrangère ? Après
avoir pillé et malmené la moitié Est du monde, hors Chine et Japon, il fallait
bien que l’état dans lequel elle l’a laissée finisse par la rattraper. Après
s’être carapatée et avoir laissé en plan ses “conquêtes“ et avoir plié bagages sans prévenir comme on se tire à
la cloche de bois, y avoir installé — surtout
en Afrique — des épouvantails censés dirigés les pays mais qui en fait
continuaient à faire le sale boulot à sa place, voilà l’Europe mise en demeure
de payer ses inconséquences.
De problèmes économiques graves en guerres avérées et
qui en découlent, de faux-fuyants hypocrites en souverain mépris, c’est à la
poussée de masses qui n’ont plus rien à perdre qu’il faut faire face car qui, à
part l’Europe, peut “hériter“ du
cadeau empoisonné ? Il faut remarquer que toutes migrations se font par la
mer et que le flux risque fort de devenir intarissable. Venir d’Afrique par la
Méditerranée, rien que de très logique dans un parcours haut en dangers. Venant
du Moyen Orient, ce n’est pas par terre, alors que cela était concevable, que se
fait la transhumance mais aussi par mer. La Grande Bleue devient ainsi, surtout
à la veille des séjours estivaux de l’Europe privilégiée, le pire endroit du
monde en terme humain. Ce sont donc les côtes Sud de l’Europe qui “accueillent“ ces paquets humains, morts
ou vifs. Il va y avoir du travail le matin sur les rivages pour que ceux-ci
soient présentables aux touristes… La collecte de corps : travail
supplémentaire.
Placé en première ligne d’un flux qui ne promet pas de
se tarir, l’Italie se retrouve abandonnée par ses “associés“ européens qui détournent le regard. Trop occupés, surtout
en France, et confrontés à la gestion en deuxième temps de ce flux ils se
gardent bien d’accorder leur compassion à Renzi qui se retrouve débordé par le
nombre. Il finit par devoir gérer plus de migrants à certains endroits que de
locaux et cela tire dans la caisse et dans l’opinion. L’appel lui fut
nécessaire car, visiblement, on se dépêchait de l’oublier, lui et son problème.
Il tire donc la sonnette d’alarme (« merci
les gars et la fille ! ») et se voit mis en attente. Se faire
pigeonner n’a qu’un temps, surtout lorsqu’on traite d’égal à égal avec ses
voisins. C’est donc bien d’abandon dont il s’agit. Fort de cette constatation, le
recours à un plan B devient nécessaire (« Je
ne vais pas être le seul dans la merde ! »). Si donc Renzi
décidait, placé qu’il est devant l’urgence, de résoudre la question, c’est
certainement vers une distribution générale de passeports ou laissez-passer
italiens qu’il se dirigera. Ce qui signifie que du jour au lendemain tous ces
migrants deviendraient provisoirement citoyens européens et donc libres de
circuler dans le merveilleux espace de Schengen sans entrave.
Suite logique est prévisible, sans pour autant être
solvable, les migrants vont s’égailler dans la nature européenne et passer par
Paris avant de prendre la direction de l’Allemagne ou de la Suède ou de Calais
(autre extrémité qu’on pouvait se
permettre “d’oublier“). Et là, scandale ! La première capitale
mondiale du tourisme marquée au fer rouge de la honte de la misère ? Pas
question ! Déjà très occupée par le traitement de la consommation de
drogue, il ne faudrait pas qu’en plus, Das
kapital devienne un dépotoir européen !
Pourtant, c’était écrit dans tous les livres d’Histoire,
mais entre les lignes. Il paraît que d’ici à 2050, aux migrants politiques,
économiques, religieux, viendront s’ajouter les migrants climatiques… si d’ici
là (!) on n’inverse pas la pollution et donc résoudre en trente-cinq ans ce que
l’on a mis mille ans à faire, tout en continuant à polluer. Suite et pas fin.
Patrice C.
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