Rebsamen est un âne, Pôle Emploi le radeau de la Méduse du triomphe de la gestionniste imbécile, par Patrice

La normalité de l’anormalité.

Alors que nous baignons dans les certitudes recuites de chacun d’avoir raison et d’être tout aussi dignes d’être crus, écoutés que son voisin, c’est le ministre de l’Emploi qui vient de nous administrer la logique qui prévaut désormais qu’inverser la logique des choses doit être considéré comme normal.

Le chômage aurait anormalement augmenté en mai 2015, plus de 16.000 demandeurs supplémentaires, soit + 0,5%.

Il n’y a bien évidemment que lui pour s’étonner de cette anormalité. Nous, et surtout les premiers concernés, les demandeurs d’emploi, ne sont pas étonnés. Il faut dire que placés comme ils sont, il vaut mieux s’attendre au pire, toute “bonne“ nouvelle ne pouvant qu’être considérée que comme un miracle toujours bon à prendre.

Les explications de monsieur Rebsamen ont atterré et plongé tous les journalistes et analystes spécialisés dans le doute de ne plus rien comprendre tant ils sont peu formatés pour comprendre l’irrationnel et avoir un tant soi peu d’imagination. Ainsi, les mois précédents, d’après le ministère de l’Emploi, les chiffres du chômage auraient été (!) normaux, surtout parce qu’ils étaient inférieurs à 0,5%, ce que ne dit pas le ministre.

Le mois de mai étant celui de la grande détente des week-ends à rallonge et Pole Emploi ne recevant que fort peu de validations de situation de la part des inscrits, celui-ci n’a pas voulu courir le risque d’avoir un chiffre anormalement bas à exhiber car quand c’est trop, c’est trop et le ridicule a des limites.

Pôle Emploi a donc sollicité les inscrits à trois reprises. Les chômeurs, étonnés de tant d’empressement, se sont dits que bon gré, mal gré, il valait mieux répondre même si on n’a plus rien à gagner, voire se sont réinscrits. Ils se sont donc manifestés plus que d’habitude et le taux de réponse a été plus élevé. Résultat, le chiffre d’inscrits actualisé a augmenté.

Aujourd’hui, l’explication qui découle de cette situation est que les chiffres des autres mois étaient anormaux alors qu’ils étaient présentés comme normaux et qu’en douce on se gaussait de la baisse du chômage.

Les chiffres du mois de mai, présentés initialement comme anormaux, deviennent le seul et vrai bon chiffre, donc normal, car il a suffi de relancer les inscriptions pour obtenir un nombre plus exact de personnes sans emploi.

Si Pôle Emploi faisait son travail plus scrupuleusement tous les mois, il y a longtemps qu’on aurait compris que la situation n’est pas fluctuante mais (dramatiquement) stable dans le désastre.

Monsieur le ministre peut désormais être tranquille, il a fait œuvre utile. Les Français savent mieux maintenant ce qu’est la normalité dans le langage politique : elle est forcément anormale !

Lorsqu’on a compris que c’est toute la société qui désormais fonctionne de la sorte car c’est la seule façon qui reste d’exister vis-à-vis des autres et à leur dépends, on ne peut plus même être inquiet en quelque domaine que ce soit. Il suffit d’intégrer (les “modernes“ disent initialiser) le fait qu’on vit la tête à l’envers et pour cela de “reseter“ le logiciel…

Patrice C.