Amélie ou Anastasie, le monde des Bidibules, par Patrice C.
Le nouvel ennemi
Ils sont nombreux, divers et variés. Ils sont les
nouveaux chevaliers de l'opportunisme et les
leaders de la guerre de tous contre tous : les réseaux.
Ils existent depuis longtemps et ils émanent de
fraternités de circonstances réservées à un petit nombre, tels ceux des grandes
écoles. Il faut en être, des anciens de l'Ena, de Sciences-po et de l'X pour
parvenir, arriver dans la vie.
Aujourd'hui, ils sont la création intéressée de
groupes d'individus qui n'agissent que par intérêt
particulier. Il y a ceux qui agissent pour faire pression politiquement et
ceux qui agissent tous azimuts pour faire de l'argent selon des constructions
pyramidales de cooptation. Au même titre que les start-ups éphémères mais profitables, ils envahissent l'espace
social, économique et politique. Ils sont le repère d'initiés qui constituent
des fratries affairistes ou dominatrices, indifférentes évidemment au vulgum pecus dont ils n'ont de cesse de
vouloir se distinguer : trop vulgaire !
Sûrs de leur fait, ils pavoisent dans des lieux et
endroits qu'ils décrètent à la mode et qu'ils habillent de leur prétention
guerrière d'êtres se croyant supérieurs, informés, privilégiés. Ils sont la vie
souterraine, grouillante et méphistophélique de "ceux qui savent" mais qui jamais ne prendront de risques. Qui
savent faire de l'argent ou obtenir des avantages sociaux ou de simples
apparences qui flattent l'ego. Il
s'agit aussi de la culture d'un culte du secret, de la préservation d'une
identité parallèle qui vient épicer une vie bien terne. Le côté clandestin qui
manque cruellement à leur pauvre vie est l'un des éléments constitutifs des
réseaux. Cela ressemble aux sociétés secrètes, si romantiques et exaltantes
d’autrefois. Le piment qui manque à leur existence s'en trouve rehaussé.
L'aspect gentiment canaille, clandestin mais sans risque, si ce n'est celui
qu'ils se donnent de façon puérile, agrémente leur existence. Ils font pression aimablement mais parfois
fermement, mais c'est surtout l'esprit de compétition qui les anime. Cette
volonté de s'affirmer supérieur ou juste plus malin, le sourire narquois et
entendu d'être "entre soi".
La bourgeoisie assaisonne son existence.
Leur pouvoir égoïste est bien sûr destructeur, car
il fragmente la société en une myriade de micro sociétés appelées d'ailleurs à
se renouveler sous d'autres aspects et pour d'autres intérêts mais toujours
particuliers. Le côté "mauvais
garçon (ou fille)" est le jeu sans risque d'une existence par ailleurs
dûment actée respectable.
Auprès du politique, leur entregent est éminemment
intéressé, pour une raison X ou Y, le but étant de parvenir et de se sentir
exister, fusse pour un microcosme auto-désigné mais respectable. La prétention
et l'ambition débridée n'ont que le profit et la gloire (illusoire) comme moteur et comme carburant.
Certains de ces réseaux sont tout à fait officiels.
Dans ce cas, on les habille du nom de club ou de think tank. On barbote entre soi. La finalité reste la même : on
s'isole, on se démarque, on est autre et forcément mieux… et qu’importe le
reste du monde.
D'autres réseaux, autres que BCBG, existent bien
sûr. Cette fois, il s'agit ouvertement de profit et sans moralité aucune. Le
seul point commun pourrait être l'apparence physique des membres. Le costume
participe du décor. La finalité est clairement l'enrichissement, voire la vie
parallèle et l'économie souterraine : trafics et arnaques en tous genres (drogue, armes, prostitution). Jusqu’où
les deux types de réseaux sont-ils hermétiques ?
Nous sommes
donc environnés, cernés par ce que Brassens appelait avec humour "ces gens-là". La guerre est bien
là.
Patrice C.
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