Le "Marianne" de la semaine pour respirer un peu, par Patrice C.
Lecture commentée (I).
J'ai le choix, je prends mon plaisir là où je veux ou
là où je peux. Confortable situation qui me permet le recul et l'audace.
Je me livre au décorticage d'un hebdo d'info géné (comme on dit dans la presse). Je choisis
Marianne. Vous ne voudriez pas, car
je ne le suis pas, obligé de m'infuser les autres qui sont à la guerre actuelle
ce quel le Lebel fut à nos grands-pères. Je vous les laisse, vous pouvez les
acheter (bien sûr), les rouler en
pointe et vous les carrer.
Dans l'ordre chronologique des pages, je relève des
épithètes joyeuses et des traits significatifs. C'est ainsi que dès l'édito du
précieux Macé-Scaron, je trouve des choses comme "Mozart de l'Elysée", à propos de Macro. Je n'ai jamais
cru aux surdoués en musique. Tout est question de travail. De Vallaud-Belkacem,
"qui possède sur le bout des ongles
son abécédaire de l'ambition". Je crois qu'elle est surtout un sexe symbole
et qu'elle distille des fantasmes. Que "l'exécutif
couche sur le lit de camp du libéralisme". Belle formule. On y trouve
aussi une citation du cardinal de Retz via
Mitterrand (on amalgame les sources
culturelles et les références étatiques avec respect) : « On ne sort de l’ambiguïté qu’à ses
dépens. »
Je passe à l'édito de Jacques Julliard qui est toujours,
pour moi, le plus haut moment de l'hebdo. Je ne suis jamais déçu. La France
serait en train de se défaire. "A la
démission de l'intelligence s'ajoute la défaillance de la volonté."
Faut-il vous l'envelopper ou le consommez-vous sur place ? Savoureux ! A propos
de l'EN (cette faiseuse d'anges ignares)
: "Tous les projets de réforme se
sont heurtés à l'opposition unanime de tous les intéressés." C'est
sentencieux et imparable. Sur la une du même numéro, Marianne affiche "Les
parents sont des boulets". On a à la fois la cause du mal et son
diagnostic. Parlant de l'avenir (éventuel
à défaut d'être inéluctable), Julliard nous bombarde que : "Dans un pays de petits vieux, où l'on
a vu les étudiants défiler gravement pour leur retraite, l'immobilisme est en
marche." Effectivement, hors les problèmes inhérents à la vie
d'étudiants, il n'y aurait déjà plus de plaisir et d'insouciance. Ceci confirme
cela. Il fut un temps où les étudiants animaient leur quartier sans trop se
soucier de la vie de leurs artères. A propos d'un éventuel changement radical
de pouvoir, on a encore quelque espoir : "Ce
serait gravement sous-estimer l'intelligence politique et le patriotisme de ces
classes [populaires] que de les croire uniquement sensibles à leur pouvoir
d'achat." Ça va mieux en le disant, car ce n'est pas ce qui ressort
des JT télévisés où l'on nous abreuve du sujet. Tout cela serait dû "à la défaite intellectuelle de la
gauche", ce qu'on veut bien croire. Faire peur avec le FN serait le
constat "d'un de ces hommes de
gauche qui ont fait de la persévérance dans l'erreur la garantie publique de
leur convictions." On s'en doutait un peu, mais il faut y insister. "Vous continuez à vaquer petites
affaires, à disserter sur les avantages comparés d'une politique économique
d'offre et d'une politique de demande !" Constat sans défaut. Julliard
en revient ensuite à un fondamental pour être plus clair et définitif, le Conseil
national de la Résistance qui annonçait : "… à l'instauration d'une véritable démocratie économique et
sociale, impliquant l'éviction des grandes féodalités économiques et
financières de la direction de l'économie" qu'il faut en venir. Il
poursuit en déclarant qu'"il ne faut
pas compter sur les partis politiques, incapables de se hausser au niveau de
l'intérêt national." et que "le peuple ne peut et ne doit désormais
compter que sur lui-même."
Dans ce même numéro, décidément riche (et je n'en demande pas le remboursement pour
services rendus), une photo en double page résume tout le pays actuel et
son personnel politique : une photo de François Hollande de dos, à l'île
de Sein, trempé comme une soupe, face à des touristes en short et en k-way
nylon et sous des parapluies… "l'image
affaissée d'un président dégoulinant", dit Anne Rosencher, auteur de
l'article. Une exclamation m'est venue : On ne nourrit pas les animaux !
Comme au zoo.
Patrice C.
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