Les saines colères, par Patrice C.
Incroyable mais vrai, pourtant.
Franchement, non ! Je ne me vois pas, ou plus,
étalant mes états d'âme quotidiens, surtout quand ceux-ci ont pour origine mes
semblables et/ou la politique.
J'ai l'impression que c'est se resservir de la misère à
la louche. Les 607 bouquins de la rentrée ? Pitoyable d'en arriver là.
C'est l'e-bay de la littérature à tombeau ouvert. J'en ai croisé cinq ou six
dans une critique de Marianne qui
avaient l'air de valoir le voyage. Bien sûr, Sternell, c'est pas dans les
kiosques de gare. Le vrai voyage, pas celui recuit du germanopratisme contaminé
et honteux comme une bléno. Non, celui qui déstabilise, qui secoue, qui
interpelle. Celui qui vous en met un coup et pas où l'on pense, non, à
l'intelligence ouverte, disponible, réceptive et en attente. Tout un programme
d'exigences, de rigueur… Tout cela avec le regret de donner de l'argent à des
éditeurs. Si seulement le tout allait aux auteurs… Les autres, faiseurs de
fric, éternels grugeurs et profiteurs, salonnards…
Pour la musique, au moins on commence à rééditer des
"galettes" vinyles 180 grammes
de jazz. Ça nous changera du MP3 où le son est aussi segmenté que la couleur
numérique des photos, genre mangas, merci Ripolin, les frères ! où les
cymbales ressemblent aux casseroles de la cuisine. Alors c'est sûr, quand ça
grince un peu dans le son, qu'il y a un peu de grain pour les photos, c'est pas
dans le profil actuel. Mingus ou Art Pepper avec un peu de sable sur le disque,
ça se mérite, mais c'est si bon... Rien
à faire, l'arnaque est là. L'embuscade est au coin de la rue. Pire qu'au 19è (siècle) sur l'île de la Cité. Pas
étonnant qu'on se ressemble tous : des pigeons, c'est guère que noir et
gris avec un peu de blanc par ci par là. Regardons-nous dans la glace :
couleur pigeon mais humain pour tout le monde !
Tout cela pour dire mon dépit, et j'ai resigné pour un
bail. Le bilan, tu parles que je le connais : je le traîne depuis déjà
lurelure ! C'est plus au jus, c'est au trou ! Il m'arrivera encore de
saines colères inévitables liées à la politique et à ceux qui croient
l'incarner. Parce qu'il (et par car)
faut incarner ! Alors là, il y en a des pelletées qui y croient :
"J'incarne", qu'ils disent…
"Je représente"… Vous avez
vu la gueule de Hollande à l'île de Sein ? Il incarnait autant qu'à son
premier Champs Elysées : il
incarnait trempé ! On disait "trempé
comme une soupe", ça lui va à ravir, la soupe. On est en période faste
de représentation et de recherche identitaire en matière politique : la
sacro-sainte rentrée politique. Les
"universités" d'été !
Parades de m'as-tu-vu. J'ouvre un peu
ma gueule et je vais me coucher en attendant mon chèque à la fin du mois.
Feraient mieux de faire de la peinture ! L'aquarelle est très tendance.
J'ai tellement rêvé de barbouiller… pour mieux matraquer, évidemment ! Ah,
les fausses légendes qui vont avec les photos… un calvaire. Je les connais. Des
couacs réservés aux connaisseurs, du métier. Tiens, M. et Mme Pompidou en
vacances sur l'Atlantique. Même pas à moitié vrai. De vrai, il n'y a que le
sable et les "modèles",
mais roule ! C'est tout juste si l'ensemble de l'info est encore vraie
tellement c'est aseptisé, minimisé, réduit. Alors, info et politique : tu
parles d'un char ! Y'a plus que le perron de l'Elysée qui soit vrai, et je
le connais bien, de même que les graviers de la cour et le gazon derrière. Pas
enrichissant !
Soit (avec un
e muet, juste le t, mais comme on ne respecte plus rien...),
à plus tard.
Patrice C.
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