'Une' série de l'été - la beauf professeur des écoles (épisode 1 de 'Les beaufs')
L’éducation au supermarché
(‘Les
beaufs’ - épisode 1)
Pif-Paf…
- Jules, viens ici,
JUUUles. Jules ! Arrête de
faire tourner ta maman en bourrique…
Kevina,
la maman de Jules, quand elle est au supermarché n’a rien de la radieuse jeune
tatouée cet après-midi. Jules lui en fait voir de toutes les couleurs depuis
ce matin.
- Jules,
dépêche-toi de venir ici. JUUUUUULES… j’te promets, pas de console ce soir… ».
Kevina
au supermarché ne se contente jamais de faire ses courses. Elle s’expose, elle
batifole, elle exulte. En un mot elle revit. Elle s’exhibe, tout simplement. Pensez donc,
c’est sa sortie de la semaine dans la ville d’à côté de son village pendant les
grandes vacances. Alors il lui faut hurler dans les rayons ou parler très-très fort
à son téléphone avec toutes ses copines dont on devine le haut niveau d’entendement
olfactif, sensitif et même ultra-intime.
On
l’aura compris, Jules, c’est le fils. Onze ans. Déjà bien entamé à force de se
prendre des raclées méritées en public. Pas étonnant qu’il pratique la course pédestre
dans les magasins pour faire râler sa mère. Jules, c’est la grâce pré-acnéique
incarnée : blond aux cheveux rasés courts, il porte une mèche de 7 centimètres
dans la nuque et un éternel maillot des Bleus. Il alterne entre Valbuena (un modèle pour la jeunesse française) et
Nasri (un second modèle pour l’ex de Kevina, du
moins celui qu’elle pense être le père).
Kevina
est joliment ronde (seulement au niveau
des cuisses) et met en valeur les bienfaits que les dieux du moulage
féminin ont largués sur son berceau collé entre le son de la télé à fond et le
toujours présent pack de bière de ses beaux-pères successifs quelque part dans
les années 80. En plus des vertus de ses formes naturelles, Kevina n’a pas
résisté à céder à la tentation coquine et somme toute bien naturelle en période
de relâchement des mœurs et des idées directrices pour se poser là, en société,
dans l’originalité et la prégnance de l’affirmation de soi, pour se faire
tatouer un dauphin sur l’épaule droite, un cœur fléché sur le poignet gauche et
une étrangeté tribale sur une cheville tellement originale, si originale avec
ses trois couleurs (vert, rouge et bleu)
qu’on la croirait tout droit sortie d’une publicité pour… ce que toute bimbo
téléhumaine se marque aussitôt le premier rapport intime avec le premier
vendeur de shit du quartier venu
possédant une mob’ tunée, soit vers 12-13 ans. C’est dire le goût de la
tribalité. C’est dire le niveau des filles une fois le coït évacué avec un
boss à 103 Peugeot tuné…
- JUUULLLLLESSSS. Fais pas chier,
obéis-voir à ta mère. Jules, mais t’es con ou quoi… laisse le caddie de la
dame…
En
attendant de digresser sur Kevina et son rejeton qui ne devrait pas tarder à
fumer son premier joint avec un pote à sa
mère lors d’une soirée « Nabila
à la plage » diffusé sur une chaîne au concentré de paradoxes sur l’accession
à la culture du peuple dans l’ère post-Jack Lang, il faut bien avouer que Jules
commence sérieusement à nous briser menu, menu-menu les ouïes à force de
cavaler partout, de bousculer les chalands, de renverser les linéaires faits de
cartons jaune-soleil renfermant les « produits
beauté pour votre été » (soit
l’indispensable paréo aux motifs de cocotiers, soit les lunettes « vu
à la télé au festival de Cannes » en
plastique made in China), entraînant sa Kevina de mère à s’époumoner dans
tout ce havre de courses en paix…
Pif-Pif-Paf-Paf…
Ca
y est. Elle l’a choppé, la bougresse. On l’a bien entendu, deux allers et deux
retours ont calmé le bonhomme.
- OUIN-OUUUUUUUIIIIINNNN…
t’es plus ma mère, t’es une salope…
Nous
n’allons pas nous étendre davantage sur ces manifestations d’amour familial. Au
moment des premiers pleurs, deux paisibles agents d’ambiance du magasin
cravatés, comme il se doit, accourent pour faire les gros yeux au petit qui
s’en fout royalement et réclament derechef à sa Kevina de mère de bien vouloir
respecter un minimum l’écoute de Radio-Intermarché
qui nous dit tout, vraiment tout sur les bonnes affaires de la semaine entre
deux chansons dont on aimerait qu’elles ne s’arrêtent jamais.
- T’entends c’que
dit le monsieur, Jules. T’entends. Moi, je passe pour quoi, là ? Hein ?! Je
passe pour quoi à cause de toi ? Ca, c’est sûr, ce soir, pas de console,
ce s’ra télé et c’est tout !
Ah, ah… l’éducation du beauf est une denrée rare
qu’on adorerait qu’elle s’exportât le plus loin possible sur tous les
continents afin que nombreux profitent de cette engeance émoustillée.
Vous
l’avez compris, la progéniture à Kevina
se comporte bien, il a aidé au domicile, n’a pas esquinté quoi que ce soit de
la journée, sa récompense sera la console. En revanche, si la même progéniture à Kevina a commis l’impair suprême, ce
sera LA
punition :
pas de console de toute la soirée… que la télévision !
Ce
qui retient notre attention s’assemble dans les coups et les paroles de Kevina à son fils. Certes, le gamin est
turbulent. Certes, il la fait tourner piteusement en bourrique. Kevina l’a
élevé sans père à domicile. Bien sûr, quelques camarades mâles de passage sont
bien passés dans son lit et l’ont aidée dans les joies de la quotidienneté de
l’élevage du fiston, mais Kevina n’a jamais su en garder un. Même un copain du
syndicat, ça non, elle a jamais pu en garder un. Faut dire que Kevina fume pas
mal. Le pétard, c’est sa vie. Aussitôt rentrée du boulot, vite, vite, elle s’en
roule un. Très tôt, la télévision chez Kevina a rempli les doux offices de
nounou et parents unis de substitution. « Militer, ça prend du temps… », qu’elle dit toujours Kevina à
sa mère.
Je le sens bien,
lectrice, lecteur, qu’à ce stade de ma bluette, tu te dis, LSR dépeint une prolo et se moque d’elle.
Que
nenni. Kevina, enfin Marie-Sophie à l’état civil (je ne voulais pas vendre le morceau de son identité… voilà, c’est fait
par votre faute) est une jeune femme sous tous rapports parfaitement à
l’aise dans la contemporanéité de notre monde avancé par les technologies au
profit du jeu et de la joie onaniste à coup de technologie personnelle. Membre
de SOS-Racisme au lycée, elle a fumé très tôt ses premiers joints en compagnie
de son grand couillon de petit copain de l’époque, le très catho-très branché Dieu et rock Martin. Ce grand échalas aussi
blond qu’elle, balayé de quelques bouclettes, un temps à gauche de la droite,
s’est jeté dans des causes plus nobles : le non-mariage des prêtres et la
militance pour libéraliser le cannabis avec son groupe d’étudiants catholiques conservateurs.
Eh eh, la ligne, c’est la ligne…
Kevina
l’a largué après l’obtention de son bac avec mention. Après trois ans de
psycho, elle a intégré l’IUFM. A SOS, Kevina se donnait sans compter pour tous
les militants. Elle a toujours adoré le sexe rapide, parfois à trois. Du moment
que les potes de sexe sont militants comme elle, y’a pas de mal à se faire du bien.
Kevina…
pardon… Marie-Sophie est professeur des écoles, et elle répète souvent à la
récré cette phrase à ses copines-collègues : y’a pas de mal à se faire du bien. C’est devenu non pas une maxime
mais une règle d’existence.
Kevina-Marie-Sophie
est syndiquée hyperactive au syndicat majoritaire de l’Education nationale et
est propriétaire d’une jolie maison de pierres taillées dans un village coquet
bien fourni en parisiens chaque fin de semaine dont un ou deux mariés la
reluquent de temps en temps avec insistance quand il fait beau et qu’elle
raccourcit ses fanfreluches sous ses jupettes.
Pour
Marie-Sophie, l’éducation des enfants, c’est sacré ! « Pour pas en faire des électeurs du FN, faut
donner de la culture pour tous à tous », qu’elle radote souvent Kevina
aux parents d’élèves qui la matent de travers quand ses deux lourds seins se
dénudent au trois-quarts (décidément,
celle-là, elle a le feu où je pense disent
les mamans) aussitôt que le soleil est de la partie.
Adepte
dans sa jeunesse d’une éphémère tendance au sein de SOS entièrement liguée pour
la réussite de Jack Lang à la primaire des socialistes et d’une politique
éducative fondée sur la culture dès la maternelle, Marie-Sophie alias Kevina (ou inversement) cultive l’exemple de ses
principes politiques et éducatifs dans son rôle de mère comme nous l’avons vu
plus haut, dans l’épisode de son éducation de supermarché. Et c’est bien ainsi.
Fort bien pour l’avenir de Jules.
Laissons
nos préjugés sur la plage, reboutons nos conceptions rétrogrades d’un autre
siècle… Lui, Jules, avec les baffes, les consoles et la fumette, il ne serait
pas étonnant qu’il milite aussi et devienne, après sciences-po, directeur de
cabinet dans une importante collectivité territoriale de la gauche plurielle. A
condition que le PS se bouge un peu du p'tit programme. Allez, allez, mariage pour tous, v’la une bonne idée pour compenser l’absence
de programme social et politique.
Pif-Paf… tête à claques, espoir pour tous ces cons de parents déjà dépassés par des progénitures plus tarées que leur ascendance.
Pif-Paf… tête à claques, espoir pour tous ces cons de parents déjà dépassés par des progénitures plus tarées que leur ascendance.
LSR
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