Paris est le leurre du XXIe s.


"Les enseignes des multinationales ont tué les mirages. La nuit n’a plus le droit de cité. Maintenant, les journées ont vraiment vingt-quatre heures. Cela respire l’argent et l’ennui. Les journaux sont remplis de mille niaiseries. A la télévision, la bêtise prend toute la place. De faibles lueurs clignotent derrière les vitres du Flore. Des garçons en tablier regardent leur montre. Des clients fument debout sur le trottoir, piétinant sur place à cause du froid. Aucun clochard n’arrête les rares passants pour leur demander un euro. Plus le moindre éphèbe monté de province, enfui de sa banlieue et prêt à tout pour ne pas y revenir, tapinant au bas de la rue de Rennes. De pauvres touristes errent, leur plan déplié à la main. On leur a menti. Ils croyaient atterrir dans un tourbillon alcoolisé. Les voici, penauds, dans un dessin de Sempé. La société moderne a assigné l’extravagance à résidence. Le troisième millénaire s’annonce gris. Il ne sera ni en noir ni en blanc, ni en couleurs : il sera, oui, gris. Ce siècle, on l’aimerait moins inhabitable. Il n’y a plus d’école du soir. Nous sommes tous des Monsieur Jadis."
 
Eric Neuhoff, Les insoumis,
Ed. Fayard, Paris, 2009, pp. 19-20.


 

 

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