Patrice, sur les édiles communales, après mon hiatus



Salut l'ami.


(…) j'ai assisté à une inauguration, ce samedi 20 octobre.

J'ai photographié et discutaillé avec l'élu de droite qui représentait Yves Jégo, député-maire de Montereau, ancien ministricule aux DOM-TOM.

Jégo, ai-je appris, devient "premier ministre" de Borloo dans le shadow cabinet de l'UDI. Vaste rigolade que ce parti, sponsorisé par VGE soi-même & Simone l'adulée de tous en prime, l'allumée des stores organiques de nos institutions aveugles.

J'adore les discours locaux des édiles.
Ils savent faire leur beurre d'une logorrhée de petits seigneurs de fiefs républicains ("république", le dire vite, très vite…), raccrochant leurs arguties à des propos politiques nationaux de la stricte journée (nommons les postillons au mieux, ou glaires la plupart du temps).

Le plus drôle reste la faune particulière des notables du coin qui ne sont rien hors de leur cité, leur village, leurs messes basses avec le commandant de police nouvellement en poste (j'imagine les langues vipérines), les curetons de la rapine politique locale qui peuvent remercier Chevènement avec son intercommunalité.

La médiocrité humaine a toujours existé. Je la trouve plus retors en ce moment
(…).


Olivier




 


[Patrice me répond par une faconde noyée de clairvoyances ]



(...) Ces gens "" (les notables) n'ont ni changé et bien sûr pas évolués.

Je me rappelle les notables de ma petite ville d'origine... toujours de grands moments d'hypocrisie, de jalousie de sous-préfecture (!) mais qui avaient le don de faire croire à certains qu'ils avaient une importance.

photographie : Olivier Saint-Laurent
Cela se terminait dans l'inénarrable même bistrot (dont l'un était un bordel, par ailleurs), là où allaient bien sûr la jeunesse de ces messieurs.

Le chemin leur était déjà tracé : fils et fille de, je fréquente le même bistrot que papa !

Il fallait être "bien" avec le curé, le banquier, les gendarmes, le sous-préfet, les notaires : tous hommes détenteurs de secrets par ailleurs... tiens donc !

Bonjour les guignols !

La modernité n'a pas prise sur le milieu des bourgeois. Eunuques ils étaient, eunuques ils restent !
Comme les nobles sont consanguins.
Ca n'a pas changé.

Regarde aujourd'hui, avec le dernier avatar politique : Borloo ! Ancien maire de Valenciennes (pendant la crise de l'emploi de sa région, avant de laissé tomber pour Paris), ancien avocat de Tapie (du temps de sa splendeur...).
Une imitation d'homme politique qui va rechercher les momies desséchées de l'UDF de Giscard des années 80... Une référence qui se voyait à Matignon sous Sarko !
Un cador !
Les gens en ont marre,
le peuple en a marre.

Les jeunes n'arrivent plus à se loger, des cités entières de HLM remises à neuf pour héberger des sans logis étrangers qui pourrissent la vie de ceux qui sont là depuis des années (la mixité sociale à l'envers), des loyers extravagants, des ventes d'appart' apocalyptiques. On a l'impression que le salaire moyen en France est de 5. 000 € / mois alors qu'on va vers le même salaire mais annuel !
On ne rêve plus !
On ne joue plus !
Les jeunes veulent (presque) tous se tirer à l'étranger comme s'ils étaient à la rue ou en passe de l'être. Ils préfèrent aller faire serveur à Londres ou à Québec qu'à Paris.
On arrive au bout du bout !
Smic pour tout le monde et en route vers la misère !
Dehors les médecins hors catégorie et ceux qui profitent des structures hospitalières pour déclarer des 200 ou 400.000 € de revenus annuels moyennant 30 % de rétrocessions.

 Pendant ce temps-là, on crève de ne pouvoir se soigner à temps et dans ses moyens.
Faut-il continuer la litanie ?
Il faut vivre enfermer, plus sortir, plus voir, plus entendre. Trop à dire, à faire !
Plein la gueule !


Patrice

ps : si ça t'amuse tu peux mettre "ça" sur le serpent rouge.
Je t'embrasse (ça se fait rare...)
Patrice

*******

Le 9 décembre 2012.
Après une remarque tenue sur un forum, ayant placé cet échange patricien qui précède sur ledit espace de "paroles", il m'apparut indispensable de livrer quelques précisions s'agissant d'éclairs  et "luttes en chaussons", selon les propos d'un lecteur qualifiant ma verve de peu intéressante. - Le Serpent Rouge.

L'intérêt d'un tel témoignage à deux voix est de rappeler quelques données de & sur l'institution (imaginaire) de la société qui tient par des artifices déployés tous les jours, en tous lieux pour que survive le statu quo politique et économique. Certes, Pit me rétorquera que je ne rapporte pas une lutte et que ce n'est là que littérature. Mais à force d'être dans les luttes tout le temps, on se convainc que la lutte est partagée par tous, qu'elle est "normale", voire "naturelle" et forcément "juste". On s'appose dès lors des oeillères et, tôt ou tard, on se réveille avec un cor (non au pied) mais à l'âme : je lutte, mais rien ne change. Je fais de l'activisme (ça rassure, ça me donne la vocation du missionnaire, du révolutionnaire professionnalisé) et tout tourne, tout coule comme le disait déjà Héraclite. Bref, rien ne change jamais et, au contraire, le monde capitaliste enfonce encore plus la tête des gens sous l'eau. Bien entendu, c'est très bien d'être actif. C'est bien d'avoir la moutarde au nez en permanence. Mais ça ne résoud rien des problèmes de ceux qui doivent penser à manger, payer leurs médicaments, vêtir leurs enfants... L'action suppose aussi l'observation du camp d'en face, ou plutôt des camps d'en face. L'importance de l'histoire critique, des arts, des styles différents dans les luttes et pour lutter, ainsi que l'analyse précise des situations concrètes permettent de gagner en efficacité dans la lutte entière et générale. Je dis "bravo" aux activistes. Sincèrement. Mais je leur dis clairement aussi : soyez conscients qu'il vous faut vous dépouiller de la magie de sauver le monde à 15-100 personnes. La religiosité, en son esprit et sa pratique, est aussi un activisme militant qui ne réfléchit plus sur les modes, modalités et consciences de la lutte. Souvent, les activistes passent du coq à l'âne, d'une cause à une autre. Ils "épousent" un slogan et perdent le fil réel de la construction efficiente d'un changement réel du monde social & politique. Ils oublient en somme de rassembler, d'unir, de faire venir le plus grand nombre des anonymes (le peuple des silencieux) qui ne bougent plus de chez eux et de leur entreprise, de ceux qu'on ne voit pas dans les manifestations, jamais dans les actions... et qui y iraient volontiers si on leur expliquait pourquoi, si on organisait enfin la fin de l'élitisme romantique des organisations qui ont toujours d'autres organisations rivales en ligne de visée, qui se veulent plus "pures" que les autres, et surtout les non encartés (la majorité par forcément silencieuse, en fait, mais qui a pu observer les bonnes primes aux différents porte-paroles passés par l'histoire récente des luttes médiatiques, notamment).
Tout cela pour écrire ici, en passant, que cette prose qui suit [précède] n'a aucune utilité sinon celle de montrer, avec d'autres, que la réalité se saisit sur le vif et que les combats sont communs en conscience. L'esprit religieux n'est pas seulement celui des Eglises (voir ce qu'en disait Louise Michel qui en a vu en 1868-1875 des vertes et des pas mûres parmi les "révolutionnaires" qui furent toujours prêts à envoyer les autres au casse-pipe). L'esprit religieux est aussi dans le militantisme qui ne réfléchit plus lui-même sur l'avancée historique de ce qu'il vit, change et sert. Je ne fais là que remémorer quelques enseignements de l'histoire récente des mouvements sociaux et politiques. Penser l'insignifiance de l'action pour l'action est une aussi une forme d'action. Des personnes comme Louise Michel, Castoriadis, Dagermann (je mélange volontairement des auteurs), Pottier, Vallès, London.... ont sérieusement réfléchi à la question piège de l'action pour l'action sans conscience.

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