Chagall, de vie & de mort, par Patrice C.

Chagall, de vie et de mort
Patrice C.


Attention, l'expo de Chagall parle à vos sens, au tréfonds de votre personnalité, à la partie la plus subjective de votre moi. Ici, pas de dissertation sur l'art, sa composition, ses formes. L'oeuvre vous couvre, vous absorbe, vous pénètre. Subrepticement, mais avec une violence que vous ne découvrirez que plus tard, Chagall s'impose à vous. On ne ressort pas indemne. Ce ne sont pas tant les aplats de couleur que les formes qui vous submergent, c'est l'essence même de l'oeuvre qui vous vampirise.




Divisée en autant de parties que le fut la vie de l'artiste, à l’exception regrettable de la période cubiste mais l’expo s’intitule « Chagall, une vie entre guerre et paix », chaque salle est donc dédiée à un thème fort en émotions. On aurait pu également ajouter « et amour » tant la présence de sa première femme est écrasante aussi bien dans l’œuvre que dans la vie de l’artiste. Le déroulé n'a rien d'historique, car c’est la chronologie de sa vie qui est Histoire. Elle est absolument prophétique, biblique, transcendantale tant la répétition des éléments forts de sa vie sont pénétrants, prenants et indissociables finalement d'une existence vécue, reconnue, assumée, imposée qui vous rappelle que cela aurait pu être la vôtre si vous ne l'aviez enfouie et si vous l’aviez comme lui assumée. Au fil du déroulement de l’expo, on est souvent confronté à un retour aux valeurs fondamentales et prémonitoires que sont le judaïsme cher à Chagall en tant que source, origine et valeur suprême de la vie. La présence de la tête de coq ou de la chèvre, souvent en lieu et place de l’humain, explique aussi cela. Rien d’étonnant donc à un voyage fait de peines et de douleurs transmises par les couleurs appropriées dominantes au détriment proportionnel des instants de bonheur et d’espoir. Le rouge, le gris, le marron et le rouge (qui ne reprend son rôle ludique et festif que dans les tableaux de fin de vie) sont donc le lien de l’exposition. D’où ce sentiment très fort d’être happé, trituré, torturé par les événements historiques terribles constitutifs de la vie de Chagall. Les périodes de paix qui ont précédées et suivies les deux guerres mondiales permettent une fenêtre sur la poésie naturelle propre à Chagall, celle qu’ont aimé les surréalistes.



Le hasard ayant voulu que l’expo se tienne au Luxembourg, il n’est pas inutile de profiter du jardin pour laisser décanter la forte impression subie.

Pat.




Le livre des éditions Taschen : Chagall de Ingo F. Walther & Rainer Metzger, en vente sur place, sera le complément idéal et de qualité qui peaufinera la connaissance de l’œuvre et de l’expo.







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