Ce que n'est pas "démocratie", par LSR
L’autonomie
de la société n’est pas un « jeu démocratique » posé par les manants de l’insignifiance.
Jusqu’ici tout va bien. Les petites
folies conquièrent les femmes et les hommes de pouvoir. La grandeur s’efface
dans la pénombre des luttes concurrentielles entre eux et les refrains des
médias pour une bonne tenue, une essentialité du « jeu démocratique ». De concert, ces gens-là gagnent leurs lettres de couardise dans la
cécité.
La démocratie est un moment-clef d’une
révolution institutionnelle de l’autonomie.
Dans l’histoire humaine, justement
parce que l’hominisation croît si lentement, au Ve siècle, la création
imaginaire sociale et politique conçoit la « démocratie athénienne » sous Clisthène. Il s’agit du premier
moment de pure création où les hommes nourrissent dans des lois et processus
politiques délibératifs la conjonction entre leur acte d’instituer leur propre
autonomie qui suppose, c’est la condition sine qua non, de leur instauration
des limites qu’ils se fixent et de la responsabilité individuelle qu’ils se
donnent pour humaniser leurs relations interindividuelles dans la polis.
A la fin du XVIIIe siècle, un second
moment frappe de ses Lumières l’hominisation. L’institutionnalisation de la
religion poussée à son plus haut point, le christianisme pénètre la sphère
privée de chacun de manière si prégnante que la création instituante entend
séparer la conduite politique de la conduite des âmes. La Révolution française
forme ce moment qui n’a pas fini.
La démocratie, n’en déplaise à la doxa du vulgum pecus de la presse et des officines
politico-communicationnelles, ne saurait en rien être un jeu. Elle est une
théorie en construction défensive permanente avec sa pratique dans la société
qui doit couvrir toutes les voies de l’autonomie pour des êtres sociaux
autonomes –du moins qui devraient en
fixer le sens pour eux-mêmes, pour la société elle-même en retour‑ dans les
pratiques politiques. Si l’animation
–au sens de colonie de vacances…des
pouvoirs réels de l’autonomie‑ politique consiste, dès lors, à jouer le
jeu ou un jeu, il n’est guère nécessaire que des êtres libres recherchant
leur autonomie, autrement dit à penser et agir dans leurs propres lois, perdent
un précieux temps dans la politique dévoyant le
politique –recherche de la libre
délibération entre êtres sociaux pensant et instituant de la société autonome‑,
car ils participeraient à entrer dans la gesticulation spectaculaire qui fonde
et perpétue la société hétéronome (la
nôtre), sous peine en l’occurrence de perpétuer chaos, guerres,
asservissements divers et scandales permanents comme jeu.
Politique n’est pas jeu. Démocratie
n’est pas fondée sur des règles du jeu mais des procédures de conquête de l’autonomie
instituant, par l’imagination radicale, la société autonome. Une fois encore,
nous pouvons commenter la situation pour nous en gausser, pour mouiller nos
yeux des larmes de la joie, mais nous ne participons pas de la chienlit
généralisée dans la perte de signification de ce qu’est l’œuvre initiale d’hominisation
de l’homme social : le politique.
LSR
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