Syndicaliste, le droit de te taire et te cacher sous la couette, par LSR
Camarades du Conservatoire de vos âmes noires du soir,
Comme des bêtes de force, vous avez
hier soir dignement fêté la Nativité à venir (ça y est, c'est fait, l'Enfant Jésus, comme la rock star d'une soirée prétexte aux abondances sur vos hanches a permis à la
France chrétienne de chantonner faux dans les lieux de culte) et vous voici
avachis devant l'espérance toujours attendues depuis vos sixièmes printemps.
Personnellement, j'ai une fille
adolescente à la fois sérieuse et ennuyante comme un prêtre homo refoulé en fin
de carrière, dont les atouts fournis par la CGT lui manquent : appartement
de standing, voiture avec
chauffeur... mais ce qui lui manque surtout, c'est l'une de ses deux guitares
et son ampli.
Mon Admira (classique) ne lui
permet pas de rivaliser avec Hendrix ou Cobain. Quoique... hier, durant deux
heures de suite, cette mini-gonze livrait ses interprétations assez bluffantes
de divers Red Hot Chili Peppers, Nirvana et trucs que je connais
sans savoir les noms des combos.
Durant ce temps, tout en classant ma
bibliothèque et recherchant des raretés livresques en PDF sur la zone floue du darknet,
j'écoutais ma blonde et songeais une larme à l'œil droit qu'à son âge, tout
aussi lycéen, je bossais dans la forêt durant les vacances scolaires comme le
bucheron que je n'aurais jamais dû cessé de rester.
Stéphane m'en est témoin, par un sms
à lui expédié. J'ai découvert chez ma génitrice, juste avant de lui ouvrir
nos huîtres finement iodées, le matériel électoral du prochain scrutin des TPE
dans son secteur. Certes, maman est encore jeune et blonde, mais elle fait de
la rallonge d'annuités comme vacataire assistante maternelle sous-payée par
Bourgogne-Franche Comté (vous savez, les
régions du casqué Hollande). Terrible pour elle qui n'a même pas de
téléphone portable et qui a entendu dire qu'il existait internet et qu'elle est
susceptible de voter à distance pour un nombre infini de listes de son secteur…
Pensez-vous…
deux listes CGT concurrentes,
deux listes CNT concurrentes (CNT et
CNT-SO, jamais entendu parlé),
une seule FO (les cons : ils oublient de préciser CGT-FO, c'est quand même pas
rien cette filiation historique),
une seule CFTC,
une seule grande-CFDT, etc.
En prime de syndicalistes, elle n’en
voit jamais la couleur ma reum, sinon à la télé fiers comme des
matamores à jouer leurs passe-droits et petits bénéfices individuels...
…de patrons, même topo.
Pour ma mère, la CGT, c'est feu mon
père et les années de jeunesse de son fils, mais encore sa petite-fille dont un
chauffeur l'amène Gare de Lyon pour venir la voir par train avec plaques police
et gyro bleu si ça circule fort. Pas tout le temps, rassurez-vous.
Nous vivons dans un monde fictif et
infect : rien n'existe vraiment de sérieux. Pas même le droit du
travail.
Les luttes, les bagarres sociales...
c'est bon pour ne pas se sentir humiliés au final... pour le reste, ne pas
croire aux institutions et rire en
attendant la guerre qui, elle, montrera qui est qui bien plus vite que vous ne
l'imaginez.
Pas étonnant que les gens se perdent
dans des fêtes à croire que prendre de l'oseille, c'est bon pour le moral.
Trêve de bavardage intempestif, à
votre sagacité, je vous livre un extrait de Villey sur le DROIT tiré de
son célèbre Précis de chez Dalloz (vous m'en direz des nouvelles) :
<<
132. – Les lois et leurs suites. J’ouvre un
manuel de droit civil. Les traités de droit civil comportent, en introduction,
quelques éléments de méthodologie.
En
général, on y trouve peu. Le plus souvent, sous la rubrique usurpée de
« sources » du droit, une liste de normes dont le juriste
ferait application : les Codes, les Lois subséquentes et leurs
compléments ; parmi lesquels il faut compter les arrêts de jurisprudence.
Une page sur la coutume, éventuellement sur la « doctrine », les
« principes généraux du droit », conçus comme « induits »
des textes « positifs ».
Car
selon l’opinion commune, le juriste est l’homme des lois, chargé d’en faire
application, conformément à La doctrine de la séparation des pouvoirs, de la
Révolution de 1789. Encore vivace, persistante. Une de nos collègues professeur
de droit du travail disait récemment son dégoût que l’enseignement se réduisît
à inculquer aux étudiants une masse de textes législatifs et réglementaires,
dont le nombre devient écrasant.
D’où
les espoirs mis aujourd’hui dans l’informatique, qui simplifiera le travail. On
nourrira l’ordinateur de cette marée de lois et arrêts de jurisprudence…
savamment classés, retranscrits dans un langage artificiel. Et peut-être, à la
condition d’y mettre ensuite les cas d’espèce qui devraient être subsumés sous
les « normes » positives du droit, et d’insérer dans son programme certaines
lois logiques, recrachera-t-il les solutions. >>
Michel
Villey, Philosophie du droit,
tome
II : Les moyens du droit, 2nde Ed. 1984, Dalloz, coll.
« Précis »,
rééd.
Dalloz, coll. « Bibliothèque », 2001, p. 163.
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