Habemus papam, le pape de la pauvreté, par O.P.


(jeudi 14 mars 2013)

 Nous voilà rassurés dans notre foi universelle : François, pape, a fait son apparition au balcon du Vatican, place Saint-Pierre pour saluer, Urbi & orbi, la foule en délire. Un concert des Rolling Stones n’entraîne pas autant de liesse & consommations de drogue divine. Depuis 2005, Jorge Mario Bergoglio attendait son heure. Le football mondial est américain du Sud. Le 266e pape est un « homme » simple, « proche du peuple », vivant « près des pauvres » et fréquentant en toute discrétion les bidonvilles avec ses « chaussures usées ». Quelle foutaise ! Nos bons journalistes sont extraordinaires. Les voici à genoux sur les règles métalliques.

Hier, j’ai reçu FO-Hebdo. J’ai regardé le cahier photos de la journée d’actions communes avec la Cgt du 5 mars. On y lit des slogans simples et justes : « M. Sarkozy en a rêvé, M. Hollande le fait ». Certes, certes… Mais où vont-ils nos syndicalistes ? Mailly a beau être discret en tant que membre du PS, il n’en est pas moins socialiste proche de l’aile gauche, et Thibault a beau ne plus occuper de postes à la direction du PCF, ce sont surtout des hommes enferrés dans la tenue de leurs troupes, en lien avec les rouages institutionnels de l’Etat régalien. Il n’y a aucune indépendance véritable possible pour des organisations qui se situent dans ce qu’ils ont eux-mêmes auto-institués comme « démocratie sociale ». Ce qui prouve bien que la démocratie est une notion fourre-tout, gentiment désuète pour afficher une compromission dans le « dialogue social ». Eh, oui, penses-tu, il faut dialoguer dans l’apaisement généralisé que l’on recherche en permanence dans l’atonie politique. C’est le symbole de paix universelle, de rassemblement des « hommes », qu’ils soient patrons ou travailleurs.

 Habemus papam au monde, François, et un christ en tournée dijonnaise, un François encore. Ce christ-là est petit, défini par un « c » minuscule, car il n’est pas encore béatifié. Loin de là, nous avons une miséricorde permanente de la communication politique de l’élu de mai 2012. En réalité, nous sommes dans une jolie période d’union de la carpe, du goupillon & du mortier. La carpe est le Président, le goupillon l’Eglise qui domine dans ses vues et le mortier pour signifier la suprématie des juges du Conseil d’Etat qui, de plus en plus, prennent pouvoir. Le Conseil d’Etat est la juridiction suprême en droit administratif, à la fois institution consultative pour le Premier ministre et juridiction à la fois d’appel et de cassation en matière administrative. Contrairement à la juridiction civile, figure-toi que les conseillers d’Etat ne doivent rien à personne : ils peuvent pantoufler, faire des allers et retours entre des cabinets d’avocats et lobbyings et revenir siéger au Conseil d’Etat. Extraordinaire ! Les citoyens connaissent mal le fonctionnement du CE. Au tour extérieur, tu peux nommer qui tu veux, à côté des hauts fonctionnaires qui choisissent désormais ce corps d’Etat. Avant, on ne s’y précipitait pas : un énarque bien noté allait fissa à l’inspection des finances, à l’IGAS (affaires sociales), à la préfectorale. Maintenant, il se précipite au Conseil d’Etat. Les affaires sont les affaires. Les siennes, celles de l’Etat, le tout en un paquet joint.
(...)
Le nouveau pape sera très utile pour la situation internationale : la pauvreté est un accès direct auprès de Dieu. Par conséquent, nous aurons, n’en doutons pas, de belles oraisons sur la joie d’être pauvres ici & maintenant. Nos gouvernants doivent exulter dans leurs lits depuis hier soir.

 A toi le bon jour, O

 Post scriptum : une nouvelle est passée inaperçue : depuis un trimestre, le quotidien Libération est passé sous la barre des 40.000 ventes. C’est à la fois une bonne & mauvaise nouvelle (casuistique jésuite, d’actualité !) : c’est une bonne nouvelle parce que Libé, comme ses clones, a pris la voie de l’insignifiance la plus éhontée ; c’est une mauvaise nouvelle pour « la démocratie »… ah ah ah ! En fait, on s’en fiche pas mal. Je ne lis pas Libé. Je ne lis plus la presse. A la fois pas le temps et peu porté sur la stricte observance de la quotidienneté ou l’analyse journalière de la communication des uns et des autres.

 

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