Profession : commentateur, par Patrice C.
Profession : commentateur,
Tel le montreur d'ours faisant
admirer sa bête, les médias exhibent leurs commentateurs. Ledit commentateur
doit, bien sûr, avoir acquis des lettres de noblesse inattaquables et baigner
dans une aura médiatique à la hauteur de la démonstration demandée.
C'est ainsi que l'on économise
sur le poste de journaliste spécialisé. Car il en va de la formation de
journaliste de divulguer, vulgariser et surtout porter à la connaissance du
plus grand nombre ce que justement tout le monde ne peut pas aborder. Son
métier initial est de se renseigner et de corroborer par l'interview les
teneurs de la chose à faire passer dans le public. Comme tout un chacun, le
journaliste n'a pas la science infuse. Faisant donc d’une pierre deux coups, les
médias ajoutent la caution à la prestation gratuite.
Il faut aussi reconnaître, qu’en
dehors de l’interview rituelle accordée lors de la remise du prix Nobel, peu de
ces éminences avérées se prêtent à l’exercice, eux qui sont les détenteurs
incontestables du savoir. A cela l’explication est simple : tout le monde
et tous les sujets ne prêtent pas aisément à la vulgarisation. D’où l’utilité
de journalistes « passeurs » d’information dégrossie et accessible au
plus grand nombre.
C'est ainsi que le commentateur
sévit dans l'écrit, l'audio et/ou le visuel. Nouveau garant d'une valeur
émérite auprès d'un auditoire en cours de conquête, le commentateur se voit
dérouler le tapis rouge. Il répond toujours présent et sa prestation, si elle devient
trop régulière, peut même le faire émarger au titre de consultant rémunéré.
C'est ainsi que l'on a vu "débarquer" pendant la deuxième guerre du
Golfe (1990), ce qu'il fallait bien appeler les pigistes galonnés. Titre sans
ironie à leur égard, les journalistes n'étant quasiment pas présents sur le
terrain. La brèche, ou plutôt l'opportunité, créée s'est transformée en gouffre
béant, ouvrant en grand les portes de la médiatisation professionnelle à des invités
également considérés comme le « singe du jour ».
Désormais, quel que soit le sujet
de l’actualité, nous avons droit à un commentaire éclairé et valorisant pour le
titre du média. Qu’il s’agisse de sciences, de politique, de technique, de
médecine, de sport ou de haute finance, le commentateur-consultant est
là ! Après tout, Sarkozy, qui déteste les médias qu’il a toujours estimés
hostiles à sa petite personne, s’en passe très bien et nous aussi, le reléguant
à des salons plus huppés, plus rémunérateurs et pas forcément plus crédibles.
Patrice C.
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