Délinquance, suicide social
Dans les aspects les plus dramatiques de
notre période historique réside encore, me semble-t-il, une nouvelle forme
dominante de délinquance qui prend le dessus. Désormais, pour monter au « braquo » pour 100, 300 euros ou des
paquets de cigarettes chez un buraliste, nos jeunes héros du suicide social
sortent illico les armes, tirent ou lacèrent leurs victimes. Des opérations
casse-cou sont préparées aussi hâtivement qu’un verre pris vite fait au
comptoir. Les défis s’accompagnent d’une sorte d’inconscience à vouloir passer
par la case prison pour faire ses classes, comme une école de la deuxième
chance. L’an dernier, pas loin de chez moi, un jeune d’une dizaine d’années eut
l’idée stupide de s’en prendre à un buraliste en le tabassant pour une
cartouche de cigarettes. Une semaine plus tard, rebelote… dans le même bureau
de tabac. Cette fois-ci, il a été arrêté. Dans cet épisode symbolique d’une
crise intime psychique, nous percevons une forme de suicide social quand plus
rien ne guide l’horizon d’attente du jeune homme. L'escalade dans la bêtise
n’est rien d’autre que l'escalade dans une conception erronée de
l’appropriation par un moi complètement autarcique et autocentré. L’appel du
gain est devenu un jeu ; le jeu est devenu non pas simplement une atteinte
aux biens d’autrui mais s’apparente à une prise de guerre avec violence. Je
n’ai jamais douté un instant (et en mon
for intérieur) qu’un tel comportement scélérat de violence « gratuite » (nonobstant le vol), similaire à la bagarre de rue pour un regard, à
l’agression de l’automobiliste sur un autre, s’apparente à une forme de suicide
et non pas une explosion de violence pour la défense d’un pré carré ou d’un
pseudo honneur. Ce suicide-là est celui des sociétés malades, loin du travail
délinquant habituel qui peut être considéré comme tel avec le gang des Pink
panther, par exemple.
Autrement, de petites choses plus
réjouissantes se présentent tout de même à notre perspective : les progrès
des soins, de la chirurgie, des technologies opératoires. Cela me réjouit
assez. Reste cependant bien des maux en retrait, notamment tous ceux dont la
recherche ne s’occupe guère en raison des profits que l’industrie
pharmaceutique considère impossibles. Des maladies qui ne feront pas le bien du
commerce. Je ne vois guère d’autres motifs de satisfaction. Qui verrait une
résorption des conflits se mettrait le doigt dans l’œil. Et l’œil est fragile.
LSR.
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