La liberté hors les murs
En chiens
crevés…
« Nous sommes tous des
prisonniers, dit-il d’emblée, enfermés dans nos maladies, nos sentiments de
faute, nos limites intellectuelles, notre vieillissement ; nous sommes
tous des Sisyphe dont l’appétit de conquête se heurte à des murs qui défient
tout assaut, comme disait votre Albert Camus. A cette petite différence près
que moi, je suis vraiment coincé entre quatre murs. » (N).
Les mots frappent. Giuseppe
Grassonelli le repenti, comme tous les détenus du monde à toutes les époques,
sait de quoi ressort la détention. Celle qui permet de méditer sur le sens de sa
vie, le sens d’une existence.
Derrière les barreaux, chacun réfléchit
à un moment ou à un autre sur la vie dehors. Puis file droit le strict souci du
présent, quoi manger ce soir, comment se laver dans la jungle des douches
laissée aux gangs et caïds, quoi faire dans les 6m2 de la cellule grise, verte,
bleue sale des modes des administrations carcérales soumise par d’entreprenants
boutiquier du béton et du BTP.
Dehors, des êtres « libres » s’accommodent avec les
refus, le déni et la peur en batifolant au hasard des activités
professionnelles et familiales.
Perdus dans la faute originelle –vivre- les années défilent dans des
instants de bonheur et de longues heures d’attente ; il n’est pas
nécessaire de croire fugaces ces instants. Ils peuvent être longs.
Le vieillissement est la maladie qui
débute à 11 ans. Voire 16 pour les plus chanceux, les enfermés aux ailes de
vent de la poésie.
Croire ou ne pas croire en la
transcendance, en une vue politique et historique, telle n’est plus la
question. Au détriment de toutes les convictions, la force des menottes et de l’enfermement
retient le souffle d’aise, la pique nerveuse du crissement du stylo, la plume
du rêve. Rien n’émeut plus qu’une première bouffée d’oxygène une fois dehors… Fugace
sensation de liberté avant de rejoindre la marmelade du mur du réel.
LSR
Notes :
Giuseppe Grassonelli, Malerba,
vengeance et rédemption d’un criminel, Ed. Lattès, traduit par Nathalie
Bauer.
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