Les débats dans le PIF (le paysage intello franchouillard), par Patrice
C’est le dialogue qui pose
problème.
On en est là ! Alors qu’on ne peut vivre sans se
concerter, et qu’en matière de dialogue on a déjà cumulé des décennies de
retard, le fait même de parler de notre société, de notre civilisation devient
impossible.
Comme les automobilistes autistes dans Paris, nous
voici tous ramenés à l’état de larves rampantes et enfermées dans leur monde.
Chacun le sien ! Et ne vient pas
piétiner mes plates-bandes, surtout !
C’est bien beau de pleurer et de faire croire qu’on est
encore humain et qu’on déplore la situation de blocage, se posant en boucle la
question du que faire sans pour
autant souhaiter vraiment trouver une solution.
Tout est dans la nuance, c’est-à-dire dans
l’hypocrisie.
Finalement, c’est la confiance qui ne règne plus. C’est
l’approche de l’autre (qui est bien
souvent un con) qui pose problème. « Comment l’aborder ? », « Seul je n’y arriverai pas, mais l’autre, qu’en pense-t-il ? ».
Au bout d’années d’introspection, de circonvolution,
d’hésitation, on finit par laisser tomber et on retourne à ses petites
affaires. « Refaire l’unité d’une
société ? Mais vous rigolez ! Ça se règle en 140 signes sur
Twitter ! On ne va pas y passer le réveillon ! ».
Alors, à défaut de courage, c’est à vau-l’eau que file
la société dorée et rêvée. Des années qu’on se fait la gueule, qu’on s’ignore,
qu’on est le seul à avoir raison. « Recoller
les morceaux du jour au lendemain ? Vous rigolez ! ». On a
tous autre chose à faire. C’est sûr…
La preuve par les intellos ? Ça n’a jamais été une
solution, aussi longtemps que ça remonte dans le temps. Au XVIIIème
siècle, ils salonaient, au XIXème
ils s’invectivaient, au XXème ils déclamaient même sur un tonneau
devant Billancourt… Aujourd’hui, on va les chercher, on leur mâche le boulot,
on déplie tapis rouge et on sert vins fins. Résultat : rejet !
On n’y trouve pas son compte. Vous pouvez coller
ensemble qui vous voulez, la mayonnaise ne prend plus. Trop d’ego développé par
les organisateurs, les montreurs d’ours, les messieurs Loyal qui se sont fait
forts d’ouvrir le débat, de le populariser alors que ce n’était que pour
satisfaire un audimat. C’est naturellement que ça doit se faire ou pas du tout.
Faire des rallyes pour les faire sortir (à
leur avantage, toujours) et les
recevoir dans des conditions haut de gamme, voilà ce à quoi on les a obligés.
Alors, les intellos, laissons-les à leurs querelles picrocholines et épistolaires
et arrêtons de rêver que — peut-être
— LA solution au mal de la société
est là.
Mais on insiste ! On en colle plein les
hebdomadaires. On en fait des soirées en ville ouverte au public à la Mutualité et même sur des croisières (!)
et on n’arrive toujours à rien sauf à vendre des salades sur papier glacé.
Résultat : on assiste à une guéguerre d’influences, de prestige. On ne
reconnaît plus le droit même d’organiser une tentative légitime. Certains se
sentent frustrés. « Pourquoi elle et
pas nous ? ».
Il y a désormais des choses qu’il faut cacher,
dissimuler car on se veut honteux d’en être le voisin alors qu’on mange au même
râtelier. On fait du lobbying, pression pour empêcher ce qui n’est pas nous.
Les organisateurs intéressés sont dépossédés de leurs prérogatives et de leur
liberté d’organiser et d’offrir un débat que d’aucuns, unis dans l’outrance,
refusent d’admettre sans eux. On ne reconnaît pas, on bannit, on a honte de mais on s’y colle dès que
possible, car après tout, on n’est pas plus propre.
Les avantages, les profits que peut éventuellement en
tirer la société ? Mais on s’en fout !
Patrice C.
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