De la BNP & l'évolution humaine comme limite à la volonté transformatrice


Le 22 décembre.

 Des « Nugae » de Nicolas de Bourbon à la BNP & de l’évolution humaine comme limite à la volonté de transformation social-politique, n’en déplaise à la gauche & l’extrême gauche entichée de religiosité sui generis.


Salut l’ami,

(...) Partant de sentences & maximes de Nicolas de Cuse, de Kant, de l’Exode, de Sénèque, de Cicéron & de Nicolas Bourbon (mon dieu, un inverti blagueur, un poète néo-latin de la Renaissance qui rédigeait des Nugae, ou « Noix », choses sans importance, lesquelles discutent amour, séduction dans l’ambiguïté… pédérastique qui n’ont pas manqué de le conduire en quelque geôle), cela nous permet de contracter des données de l’entendement quotidien. Elles occasionnent de même une réflexion et, de surcroît, un jeu sur & avec les formes. J’ai plutôt l’habitude de m’abstraire du monde contemporain, tu le sais. Mais se plonger ainsi, durant quatre heures, a un tel effet d’évanouissement des seules préoccupations matérialistes repose & enthousiasme. Nous étions six bienheureux, quoiqu’un peu secoués par la dureté du remue-méninge dont nous ne fussent pas trop préparés.

 Ce n’est qu’à mon retour vers 21h30 (...)  & seulement à 23 heures en écoutant la radio que j’ai appris que les comptes de la campagne de Nicolas Sarkozy étaient rejetés.

Formidable !

L’UMP va probablement être contrainte de débourser 11 millions en plus de sa dette de près de 50 millions. Et ils pourraient recourir à l’appel aux dons des militants.

Non, on l’croit pas.

Pour ce faire, il faudrait que chaque militant offre 37 euros au parti. Mort de rire. A moins, ce que je subodore en mon for intime, à moins qu’ils usent de ce jeu d’écriture avec une banque comme nos copains Tapie & le groupe Hersant.

Imagines donc un peu, l’ami, toi ou moi, si nous devons de l’argent à une banque, même une ridicule somme de 2.000 euros. A échéance, nous subirions saisie sur salaire, interdiction bancaire, saisie sous huis d’une hypothèque, maison, biens meubles & immeubles, jouets des enfants & des parents…

Eh bien non, pas pour les honnêtes entrepreneurs qui ont trouvé un compromis pour le groupe de presse du Sud. Les banquiers se sont couchés & ont rayé d’un trait de plume plusieurs millions.

L'Etat France & la banque BNP face à Nanard Tapie
Ne tournons pas autour du pot aux roses, la BNP -il s’agit d’elle- se rattrapera sur les petits comptes en prélevant quelques centimes supplémentaires sur les opérations courantes. Non, mais !

C’est comme la grande distribution. Je me rends parfois dans des supermarchés provinciaux, d'une taille raisonnable. Je n’achète pas grand-chose, un paquet de copies doubles, du lait, du chocolat en poudre, un pack d’eau & parfois, quand c’est Byzance, un saucisson campagnard & même, quand je suis tout à coup dépensier, un fromage étonnement gras assorti d’une petite cuvée de pays en songeant très fort à la princesse Diane. Je passe en caisse &, pour sûr, les prix affichés en rayons ne sont jamais les mêmes qu’en caisse.

A chaque fois, c’est la même chose. Je refais la queue au comptoir des réclamations. Pour 5, 10 ou 50 centimes, pas davantage. L’informatique, la réplique des esclaves de caisse, a bon dos. C’est en fait une tactique pour certains directeurs de super & hypermarchés. La plupart des chalands ne font pas attention aux étiquettes ou ne réclament pas eu égard à la somme, semble-t-il, dérisoire & la file d’attente en prime pour les réclamations. Résultat en fin de journée, des milliers d’euros gagnés en toute simplicité.

La vente, c’est le vol : ce sera ma maxime personnelle du matin.

Distribution consumériste & banques se comportent de manière similaire. Les Tapie, Hersant & autres familles au pouvoir réel ont seules les moyens de ne se pas se hisser au niveau de difficultés des basses extractions dont nous sommes. Eux peuvent rouler vite, sans ceinture, franchir les feux rouges à Paris (la spécialité de Nanard au volant de sa Porsche), ils ont les relais pour éteindre toute procédure éventuelle ou les euros pour payer la contravention. On est bien, on est bien, on est bien dans le faste de nos héros de youppie life

 Le quotidien n’est pas le même pour tout le monde. On le savait. De par la médiatisation qui dresse un plan à partir d’un fait durant plusieurs jours en le détaillant nous permet désormais de l’observer. Sous toutes les coutures des braies & sous-braies. Des journalistes fouillent quelques poubelles, suivent ou poursuivent une journée telle célébrité & notent la petite faille. On en fait vite un sujet d’émission, de débats, de commentaires. Surtout, surtout, il faut en rester à la surface des choses. Ne surtout, surtout pas critiquer le fond du problème qui génère de tels comportements parmi ces gens au pouvoir : dame Justice fermant les yeux, administrations centrales aux ordres de ces pouvoirs décentrés, banques aplaties & j’en passe, l’essentiel n’est pas de démonter la structure même de la féodalité à l’œuvre, mais délivrer du non-sens dans la dénonciation anodine.

La vertu de ces douillettes occupations journalistiques ont au moins le mérite d’alimenter le cours du monde, le montrer, l’effeuiller telle une danseuse du Crazy Horse Saloon.

Or, montrer n’est pas décrire quand décrire sert normalement à l’analyse. En même temps, par induction, nous pouvons être assurés que ces occupations servent au final les acteurs mêmes de la féodalité. Nanard ou DSK jouissent de se voir exhibés par des médias envieux, comme des personnages imbus de leur prestance au-dessus de nous autres les manants, mais bien davantage au-dessus des pouvoirs politiques organiques régnants. Ils nous disent « merde » en grand & là, il n’y a plus qu’un affect & ressort psychologique de base chez eux : écraser les autres de leur magnificence. Pourquoi je te mets DSK ici ? Parce lui aussi, depuis qu’il est séparé de son Anne, depuis qu’il a vécu les menottes & Prison break aux Etats-Unis, sait qu’il est puissant, un peu appauvri mais puissant pour le reste de ses jours. Un forum ici, une intervention là-bas, un managment consulting au-dessus, il touche une année & demie du salaire d’un smicard en deux heures.

Penses-tu, l’ami & non moins camarade, va donc lutter contre cet état de fait. Cette sorte d’assomption du chaos, de chienlit coutumière des « grands de ce monde ».

Derrière cette chienlit(*) évidente, & dont on peut considérer qu’elle a toujours existé, alors qu’elle était jusque-là discrète ou cachée selon les mobiles, démontre trois caractères à la fois à l’œuvre depuis la fin du gaullisme institutionnel de la Vème République pour notre contrée :
·         -La lutte est intense entre les petits puissants & les grands puissants ; la discrétion caractérisait le règlement des conflits & présidait à la même classe, au même monde (confer l’affaire Markovits, par exemple) & on réglait cela entre gens du même monde. Les relents de puissance parmi les puissants symboliques ont l’envie de puissance réelle. Inversement pour les autres. D’où l’orgie des uns & des autres.
·         -Désormais, avec la montée en puissance d’anciens petits-bourgeois & professions intermédiaires dans des positions confortables, tels les journalistes, artistes, entrepreneurs nouveaux, chanteurs, hommes ou femmes troncs de télévision, prélats du jeu associatif caritatif, etc., leurs ambitions de se hisser plus haut aboutissent à des luttes avec les anciennes classes aisées plutôt devenues discrètes jusqu’à l’engrossement de la petit dernière dans une quelconque boîte de nuit avec le videur. Dès lors, les affaires sortent en grand pour régler des comptes en utilisant le « public », via une presse avide en bouts de gras pour remplir des pages de vide entre deux publicités de soutien-gorge posé sur le corps blanc d'une anorexique & une rutilante bagnole bi-colore .
·         -La fin (relative) d’une classe snob & titrée attire forcément des inférieurs qui se sont hissés par la poigne & la force de la trahison, de leur argent, de leurs entregents avec les gnomes du pouvoir étatique. Parvenus là où ils l’ont ambitionné, ils veulent persister dans leur montée de l’échelle sociale & sont sur les starting-blocks de la destruction de leurs homologue & devanciers.

En conséquence, ces luttes autrefois intestines & discrètes se font au grand jour, alimentent les gazettes, étouffent les vraies problématiques économiques & sociales du pays. Elles démontrent en somme la décadence de toute une période historique précise. Je ne me hasarde donc pas en pensant sérieusement que la lutte des classes est dorénavant une donnée essentielle des luttes entre les bourgeois de toutes tailles, les aristocrates de l’ancienne France & les parvenus confondus, les philistins de tous poils. Pour mettre en lumière ce trait général du genre humain, je commets un parallèle historique avec la Renaissance, puis, plus tard la Révolution dans de mêmes traits au moment de la Réforme. En effet, parmi la noblesse de robe, les robins, nombreux étaient attirés par la Réforme non pour un objectif proprement religieux, le cadet du souci du fonds patrimonial, mais pour s’emparer des biens & fortunes du premier ordre, le clergé. Ce processus d’élévation espérée s’est évidemment reproduit durant le Siècle des Lumières. A l’œuvre, une bourgeoisie, une noblesse cultivée & des ecclésiastiques se sont entendus pour aspirer à prendre les rênes du royaume sans vouloir ni se débarrasser du roi & de la déité admise en tant que principe de pouvoir, ni même perpétrer une révolution. Il fallait endiguer avant tout le pouvoir des seigneurs féodaux dans les provinces, endiguer les grands prélats de la part des petits curés pour ponctionner leurs terres.

Pour en revenir à notre situation contemporaine, de par l’anesthésie généralisée à laquelle nous assistons en direct & dont nous sommes les éclaireurs, les classes laborieuses quant à elles -au sens où elles tirent leurs subsistances de leurs seuls revenus maigrichons du travail- ne luttent plus, ne luttent pas.

Les syndicalistes professionnels veulent imiter les puissants, & pour certains d’entre eux connaissent la vertu ascensionnel du mandat qui peut servir une élévation sociale. Les partis de la gauche plus ou moins institutionnelle n’assument pas leur ambiguïté entre ces deux luttes. La lutte de classe traditionnelle (classe contre classe) semble piétinée, voire dépassée selon eux-mêmes. La lutte des classes élevées entre elles sortent de leur observation & clairvoyance. Par ignorance & abandon, cette gauche non institutionnelle s’est forgée dans des luttes éclatées, sur le genre, sur les « droits » éclatés & subjectifs (en reniant le droit), sur l’environnement, la sexualité, la fumette, etc. & a pris la place hippie que le mouvement hippie historique a perdu dans les bois de Corrèze & les plages de l’Hérault. Les artisans de ces partis ne sont pas des gens malhonnêtes. Ils sont iniquement largués, historiquement dépassé faute de n’avoir pas analysé leur propre mode de fonctionnement centralisé, leur propre religiosité, leur propre foi inébranlable, tels des curés ou rabbins sévères. Ils ont surtout laissé de côté les fondements de la lutte, les textes théoriques ayant brassé les socialismes en perpétuelle rivalité. Ils ont perpétué des querelles picrocholines qui transforment toute organisation politique en rivale de celle qui lui est immédiatement la plus proche. Ils ont surtout perdu l’esprit critique, critique d’eux-mêmes & se sont rués dans l’esprit de sérieux, cette attache de chien à sa gamelle, à sa niche exclusivement individuelle.

L’esprit de sérieux a tué les socialismes gentiment, à petites doses successives pour atteindre l’apogée d’aujourd’hui après toutes les compromissions avec le jeu impérial de l’URSS, les trotskismes sectaires & conçus dans le cadre d’une formation élitiste, la survenue de l’écologie politique institutionnalisée, le mitterrandisme au pouvoir, le syndicalisme contractuel, & j’en passe & de meilleures raisons.

Sartre avait mis en exergue l’esprit de sérieux pour l’état d’esprit de la bourgeoisie dans Critique de la raison dialectique, encore aussi notamment dans le sérieux du garçon de café. Cette anticipation n’était pas prévue pour les mouvements fondés sur l’objectif de l’émancipation générale mais pour l’adversaire qui, très intelligemment, a retourné ses failles pour annihiler tous les socialismes tout en intensifiant ses stratégies afin de s’émanciper de la seule production par le développement d’une nouvelle division internationale du commerce & le secteur financier de l’économie. La dématérialisation de l’économie a fait se transformées des niches informes en puissances capitalistiques, reléguant les matières premières à l’échelle du niveau du prix du baril de pétrole avant le premier choc de 1974.

Du même mouvement, & de manière fort opportune, les politiques dirigés en sous-main par les consortiums & trusts capitalistes ont généré des adversaires du socialisme au sein même du socialisme de caserne des pays censément assurer la perpétuation du système. Le mur de Berlin s’est brisé sur les pieds des travailleurs occidentaux qui, jusqu’aux années quatre-vingt, de par leurs syndicats & partis pouvaient exercer un léger contrepoids à l’omniscience du capitalisme auxquels les gouvernants & patrons répondaient en octroyant quelques concessions aux « acquis sociaux » (sanctuaire des morts pour la France, euh, non, pour la lutte, autant dire rien…), histoire de poser des freins régulièrement consentis à la non contamination du socialisme dans nos pays connotés à la démocratie libérale.

Cette dernière, n’en déplaise à toute la pensée constitutionnelle dominante, connaîtra elle aussi sa fin. Autant le résumer ainsi, la bourgeoisie industrielle avait consenti à un pacte de régulation avec les partis communistes occidentaux pour les détacher définitivement de toute embolie d’avec les puissances de l’Est. Et ils ont joué le jeu à fond, y compris dans les formes caricaturale de Berlinguer en Italie appelées « eurocommunisme(s) ».

Les Etats-Unis, & ses pouvoirs centraux plus rusés, ne se sont pas soumis à ces vues. Pour eux, avec le maccarthysme déployé, le communisme a été enrayé précocement en interne & toutes les aspirations syndicales ont été entretenues dans des négociations à la marge, étant donné que les principaux syndicats professionnels du pays comme l’AFL-CIO ou encore les syndicats des camionneurs qui étaient partiellement contrôlés par la mafia. Plus tard, en Europe, au milieu des années quatre-vingt-dix, cette conjonction d’éléments économiques servis par des politiques opportunistes a su reconfigurer un capitalisme qui a aspiré ses propres défenseurs tempérés initiaux & ses ennemis tout à la fois.

Bien entendu, Lénine est passé de mode. Pour autant, ses analyses sont précieuses si l’on entend saisir l’impérialisme & les clefs de compréhension de ces schémas empruntés par les idéologues capitalistes ? Car avec Lénine, nous avons d’autre part ce que doit & peut faire une classe en lutte, comment constituer des groupes, des journées, mener l’activité d’élucidation pratique & théorique adaptée à la situation particulière d’un pays, d’une lutte, d’une période historique.

Lui aussi a été jeté avec l’eau de son bain. Pauvre bonhomme.

La question de la reconstitution des arcanes du passé, dans notre camp retranché, n’est pas à l’ordre du jour. Reconstruire un parti serait une pure perte de temps. Toi & moi en sommes convaincus. Nos expériences syndicales respectives & chacun de notre côté, toi avec une expérience de terrain dans la presse, moi dans le monde ouvrier puis la recherche & la presse, ont achevé de nous fixer les limites possibles.

En réalité, reconstruire n’est guère nécessaire dans une situation comme la nôtre où le pourrissement & la corruption est généralisée dans nos classes laborieuses. Je dirais même, à la limite, que les dirigeants des organisations (devenues claniques) des syndicats confédérés est plus poussée que celle du pire club de football torpillé par les vues financières d’un rachat de joueur.

Le seul maintien de l’étincelle est la seule condition qui soit possible & durable.

Un Castoriadis, un Joyeux & une foule finalement restreinte d’auteurs sont indispensables à l’étude pour saisir les actions futures. Ce seront nos petits-enfants qui prendront la main. Pour nous, c’est rappé, fini, foutu, mort… la guerre de tous contre tous chemine dans les cœurs, même pour nos enfants ; la guerre entre pays impérialistes ne fait que commencer.

Et c’est pas plus mal, parce que nous sommes certes moins fatigués que les militants encartés, tout de même assez las de devoir effriter notre énergie pour des groupements manquant sérieusement d’humour du fait de leur incurable esprit de sérieux doublé de religiosité que même un bon prêtre catholique ne songerait pas à faire sienne pour maintenir ses ouailles au bercail du presbytère.

En réalité, je le crois de plus en plus, l’ami, le véritable danger & la vraie crise de notre période qui a commencé dans les années 1960 est la religiosité partisane, le rite démocratique & le rituel de la rivalité entre partis cousins.

La religiosité est au tribalisme ce que la fleur est au fusil du guerrier en début de campagne : une drogue dure pour oublier que nous sommes tous mortels.

Salut à toi, P., ici O. depuis le QG des messes basses & indociles.


(*) De la chienlit par ci, de la chienlit par là.

J’exagère. J’adore cette expression que tout le monde connaît pour avoir été prononcée par le vénérable Charles de Gaulle au sommet de sa forme politique & qui caractérisait Mai-68. La retourner pour les prévaricateurs amoureux du capitalisme & ses petits effets me constitue une joie immodérée en ma bouche mielleuse.

Je ne me lasse pas de l’employer à toutes les sauces de mes postillons lancés sur « le » système, ou plutôt le monde des conventions qui voudrait dorloter chaque élément mitoyen de la cité.

Pour le dire vite en passant, on en viendrait à regretter Mitterrand & de Gaulle, voire Chirac pour les pratiques politiques les plus amusantes qui soient de la Vème République.

Et encore, nos deux premiers chefs d’Etat ont conduit leurs débuts respectifs sous les IIIème & IVème républiques à coups de ministères variés & groupuscules pour le premier, à coup de génie en s’exilant outre-Manche & proclamer la résistance exemplaire pour le second (ce qui restera un galon mirifique). Le second restera dans les annales dans mille ans, quand l’histoire d’un siècle sera résumée en dix lignes, voire une ligne pour une année, comme le prodiguent certains petit manuels Gisserot très utiles à qui veut brosser l’histoire événementielle, notamment Petite chronologie de l’Histoire de France, de J.-C. Volkmann, Ed. Gisserot-Histoire, Paris, 2002, 64 pages (de vers – 1.8000.000 au 9/16 juin 2002 et les élections législatives donnant une large victoire de l’arc de la droite).

Un bel exemple de ce que je raconte & qui ferait bien d’inspirer nos batailleurs adepte d’un couffin ministériel :
« 1737 : D’Aguessau est nommé chancelier » (p. 32, op. cit.).

Peut-on imaginer, dans l’édition de 2230, à l’année 2012 la ligne suivante :
« 2012 : François Hollande élu président de la République. Il fait nommer par son Premier ministre (dont toute trace de son identité a disparu) Montebourg au redressement productif ».

Les larrons de 2012 que nous sommes nous nous esclaffons, mais gageons que dans deux cents ans, Hollande sera un quai du XXVème arrondissement de Paris du quartier Vitry & Montebourg aura au moins une dalle de parking pour un établissement de distribution d’outils de jardinage & soins du corps, car les critères de beauté corporelle exigeront une taille du maillot maximale.

Tiens, je ne résiste pas à la tentation de noter une autre date illustrative du même petit bouquin dont je persiste à revendiquer l’utilité :
« 1931, 13 mai : Paul Doumer est élu président de la République.
-          La France est touchée par la crise économique mondiale.
-          Exposition coloniale à Vincennes. » (p. 52).

Pas mal, non ? D’une part, de Doumer tout le monde se fiche de qui il fut et ce qu’il a royalement fait, d’autre part la crise « touche » de manière récurrente la France juste avant toutes les guerres.

Je te trouve des exemples idoines pour le Moyen Age, la Renaissance, le Grand Siècle, pour le XIXème siècle jusqu’à la Première guerre mondiale… chaque fois, le souverain est brossé d’une ligne & les français sont éprouvés soit par « une crise » non caractérisée, soit par de « mauvaises récoltes » entraînant famines & jacqueries, soit par une « invasion de rats » dans un port de nos côtés dépeçant la population environnante, laquelle conduit à un conflit d’un féodal qui souhaite en profiter pour s’accaparer des terres, fiefs & tenures.
La chienlit est ainsi permanente.

Selon de Gaulle, le raout estudiantin relevait de la récréation dans une atmosphère cotonnée, où chacun maintenait sa place dans le meilleur des mondes. Cependant, il avait raison par anticipation, pas pour les motifs premiers, mais ceux qui allaient démontrer que la lutte entre classes allait devenir la lutte des places. L’humanité est ainsi. Des systématisations des institutions pour parvenir à figer des comportements à la fois participatifs & stables de toute politique nationale, il nous revient de présupposer la mortalité de tout système.

Nous ne sommes pas là dans la « fin de l’histoire ». Au contraire, le brouet de l’histoire continue & montre, s’il en était besoin que l’évolution humaine ne se soumet jamais à la tempérance & l’harmonie au sein de l’espèce quand les instincts grégaires sont bel & bien ceux qui dictent depuis toujours les sacro-saintes distinctions dominants/dominés, gouvernants/gouvernés.

L’évolution & le progrès sont éternellement valables en mathématiques.

Rarement, elles ne le sont des valeurs humaines. Simplement de pieux vœux, une sorte d’affliction pour les semblables un peu moins chanceux.



***O**O**O***
Oui, tu es long... et en plus je suis à nouveau emmerdé avec l'informatique. Le wifi ne fonctionne pas bien chez moi et ça s'aggrave. Je pique des crises ! Depuis que j'ai changé pour Bouygues, c'est la merde ! De quoi me foutre de bon poil...
Eh oui, c'est une bien triste constatation que tu fais-là et que nous faisons tous et tous les jours. Mais de qui se moque-t-on et quand cela va-t-il cesser ?
Partout, toujours, c'est la course à la carotte.

Plus la situation paraît sans issue (nouvelle), plus les gens se désespèrent.
C'est ça aussi la fin d'une race ! No future disaient les punks... Ca faisait rire...

Mais les faits sont là, coriaces, résistants et la constatation s'impose d'elle-même : il n'y a effectivement plus l'espoir de vivre une vie digne de ce nom. Bien sûr, on saupoudre tout ça de crise financière, politique, mais en fait c'est d'une crise d'espoir, de confiance dont on souffre.

Plus d'avenir ! C'est dur ! La fin des dinosaures !

Alors on nous tend des os à ronger : crise du politique, crise de la presse, crise de... mais en fait, c'est crise de soi !

L'arnaque est au coin de la rue, bientôt elle va se déplacer jusqu'à chez toi, comme pour l'informatique et la télé. Pas qu'au supermarché, partout l'arnaque.

Tout est bon ! Tu es en position de te servir ? Eh bien, sers-toi, sinon crève !

C'est comme cela que les gens vivent la vie aujourd'hui. On dirait qu'il y a eu une catastrophe et que l'on est abandonné, alors tout est permis !

Plus de loi (ou si peu), plus d'exemple, plus de retenue, plus d'éducation... C'est vivre et survivre qu'il faut. Voilà comment je vois la société actuelle.

Je l'ai déjà dit : la France vit constamment en zone jaune, orange, rouge.

A cause de quoi, de qui ? Qui l'a décrété ? Où est le manuel dans ces cas-là ? On ne nous a rien dit ! c'est "démerde-toi !" Les gens vivent sur le bord d'un précipice, ils sont comme des animaux : ils ne comprennent pas mais ils sentent que ça ne va plus... et à ça, ils n'étaient pas préparé.

En temps de catastrophe naturelle ou de guerre, on connaît la cause, le responsable. Ca a au moins l'avantage d'être clair ! Mais là... C'est flou, c'est mou, c'est vague. Sinon les gens ne se comporteraient pas comme ça.

Bientôt les flingues seront dans les rues et les riches au-dessus du panier, voire à l'étranger (tiens donc...), qui se tirent des pattes.

Direction un renouveau sociétal, pour un nouveau départ, mais entre riches. Ce n'est même plus une fracture, c'est un gouffre !

Apocalypse now !

Tout le monde descend !

Il y a le fond de cale et la passerelle.

Passerelle des parvenus, 3e étage !

Comme pour le Titanic : y'aura pas assez de canots pour tout le monde... et ce ne sera (ça n'a jamais été) les femmes et les enfants d'abord.

Ce sera nous d'abord parce qu'on est riches, parvenus, qu'on a des relations.

Les autres ? Bof !

Allez, tu reprendras bien un peu d'UMP ? ou un soupçon de Hollande contrit... Don't think twice, it's allright !

Je vais quand même te souhaiter un bon Noël... Après tout, il faut bien une occasion de temps en temps pour s'embrasser...
Patrice



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