La vierge effarouchée & les rouages du "bien public" (le personnel politique)



La vierge effarouchée
& les rouages du « bien public ».
Du personnel politique & d'une sensation diffuse sur l'état des troupes.


Salut l'ami,

 Au royaume des borgnes, les ventriloques sont les valets.
Le ci-devant Arnaud Montebourg, l'incarnation de l'aile gauche d'Audrey Pulvar qu'il a délaissée pour mieux se concentrer sur le redressement productif, et non moins représentant de la gauche au sein du gouvernement du bon Jean-Marc Ayrault, s'en prend plein les ouïes. Pour lui, le "socialisme français a été 'reaganisé'" par ses chefs. Il est marri lors de tous ses déplacements mais ne reste pas avare de confidences en off auprès de quelques journalistes heureux de se faire les porte-voix de cette joyeuse, simple et néanmoins efficace opération de com'.
En vierge innocente et fraîche, Nono l'est certes davantage que Valls le caïd en Smalto d'Evry. A quoi s'attendait-il au moment où il a passé un deal avec François de Tulle et JM de l'aéroport champêtre.
 Je dois (encore) voir le mal partout : se récupérer la posture de l'homme de gauche au sein de la gauche institutionnelle résonne telle une possible carte personnelle à jouer dès lors que les masses laborieuses voudront rêver d'un destin du Leader Maximo de Bourgogne aka "voici venu le temps des jeunes lions" (dixit Arnaud, après la défaite de Ségolène du Poitou, en 2007).


Presse : le défi de l'investigation économique réelle. Un rêve ?

Tous ces drilles, tu l'observes, je l'observe, nous l'observons... ils l'observent, possèdent une terre. Une "terre d'élection", une terre "d'ancrage", pour reprendre l'expression de François Mitterrand. Un fief permet des collaborateurs, une presse locale qui entretient le buzz, des services municipaux, généraux ou régionaux, une ou deux voitures confortables, des secrétaires, des lieux où recevoir de possibles relais dans les brunchs et cocktails. Nous y viendrons dans une quinzaine de jours, cela permet de prononcer des voeux partout entre un sapin et deux bouteilles de mousseux. Tant que tu régales, tu ménages les troupes.
Un fief, en politique institutionnelle, est une condition inébranlable du régime parlementaire mâtiné de présidentialisme modéré, comme on le disait dans les facs de droit dans les années 1980. Aujourd'hui, on ne catégorise plus tout cela de la même façon dans les microphones des professeurs. On aurait tendance à parler de semi-présidentialisme, de contingences conventionnelles de la Constitution du 4 octobre 1958.
En 1961, le Grand Charles, en modifiant le mode d'élection du Président de la Vème par le suffrage universel, a renversé définitivement la table de l'Assemblée nationale. Rabroués, nos députés ont perdu en souveraineté en plusieurs étapes. D'abord, l'élection au suffrage universel du Président aboutit à la nécessité de créer un bloc majoritaire à l'Assemblée pour que le Premier ministre qui en soit issu (éventuellement) soit porteur d'un consensus quant à sa nomination par le Président. Dans la foulée des années 1960, les parlementaires ont été digérés par le système des partis politiques, lequel système a vu nettement sa présidentialisation confirmer son centralisme interne. La première cohabitation (1986-1988) a achevé de circonscrire tout parlementaire à un rôle de baron local. Couronnant ce schéma (prestement dressé par mes soins hâtifs), l'Europe adoptée par le Traité de Maastricht en février 1992 a signé la mort de la souveraineté des parlementaires. Subséquemment celle des peuples, mais c'est une autre histoire que je passe ici. Certes, il existe bien une dizaine d'indépendants pour assurer le show "démocratique" dans la galerie politique. Lors de la campagne référendaire de 1991, le seul à avoir été admis à la table de la contradiction de François Mitterrand, feu Philippe Séguin, l'avait proclamé ouvertement : le parlementarisme servirait "d'alibi". Parole d'un grand et loyal président de l'Assemblée nationale deux ans plus tard, de 1993 à 1997. La contradiction biographique du sieur, loin d'être négative, montre à quel point "carrière" prime sur engagement public dans le cadre des institutions de la norme constitutionnelle.

Du fief, de la cour & des hères affranchis.
De plus en plus nombreux sont des jeunes gens, plus rusés que nous en calculs instrumentaux, & qui ont compris qu'il n'est pas important d'obtenir un diplôme professionnel ou universitaire pour faire "carrière". Une carte partisane, un possible poste de zélée groupie, un poste de cabinet ou d'attaché(e) parlementaire et, peut-être, par la grâce d'une nuque courbée, de prébendes, de diligentes trahisons, plans de communication ou couches si chaudes, un mandat de député... Le mandat est l'extase républicaine, le saint des saints, voire, si la ligne est droite, un tabouret au gouvernement de la France.
Rien que dans les villes moyennes et grandes, une armée de bras encartés se placent dans des postes enviables. Une ville de 80.000 habitants en banlieue parisienne, avec un maire Pcf commeVitry (94), par exemple, ce maire touche un peu plus de 2.500 euros par mois, une voiture de fonction, un téléphone, un ordinateur, etc., en plus de sa retraite ou son job. Certains de ses adjoints, y compris s'ils résident en province, bénéficient d'un petit studio-kitchenette pour vivoter le temps de venir fanfaronner dans les restaurants et mondanités municipales et s'envoyer en l'air avec quelques militantes de base, loin de Madame restée dans le Lot à curer le dévidoir de ses illusions perdues. Pire : ils insistent pour coucher avec la petite jeune femme en échange d'un job, d'un logement, je pense à M. C., boursicoteur municipal de Vitry et fort discret argentier de la "fête de l'Huma". J'ai vu cela de mes yeux vus dans cette célèbre ville du Val-de-Marne naguère en vue pour son (si mauvais) rap commercial. Dans le même sens, Monsieur ou Madame le maire a besoin d'un nombre conséquent de collaborateurs pour lire, répondre aux courriers des habitants, préparer les discours, rédiger les interviews "spontanées" avec la presse locale. Pour 80.000 habitants, cette ville que je connaissais emploie par moins de 8 à 10 collaborateurs, dont le fiston bon à rien de l'ancien maire d'Argenteuil, a été recasé là pour faire plaisir à la noblesse francilienne du Pcf. Parfois plus, quand tel ou telle adjoint(e) est notoirement mal à l'aise avec l'écrit et est en même temps permanent d'un parti. Un collaborateur à qui l'on promet un poste contractuel en vue de passer les concours de rédacteur ou attaché territorial peut espérer toucher 1.800 euros. Les collaborateurs contractuels purs, sans cette promesse, eux touchent en 2.650 et 5, 6, 7 selon le rang dans le parti, les réseaux, les connaissances au niveau national, mais encore le rang interne dans la boutique municipale (chef ou directeur de cabinet), surtout s'il sait où l'argent va, d'où il provient et qui couche avec qui. Ca, c'est le nerf absolu des guerres micro-porcines de la politique, bien plus que les euros dans les échelons inférieurs au mandat national.
Il en va du capital symbolique d'exercer non un mandat mais un pouvoir.
Il arrive qu'il faille recruter quelqu'un de compétent dans un cabinet, un journaliste, un juriste du droit de l'urbanisme, un "expert", etc. pour une mission technicienne. Quelqu'un qu'on ne trouvera pas dans le parti. Ni une ni deux, le réseau s'active et déniche la perle rare qui a besoin de gagner sa vie pour manger. Soit tu rentres dans le rang, fermes les yeux sur les petites et grasses magouilles, le droit de cuissage, et tu prends ta carte au parti, soit tu es viré avec peu d'indemnités. Le droit du travail s'applique rarement dans la territoriale. Et pour un poste de secrétaire d'élus, mieux vaut être la fille, le fils d'un élu, l'amant d'un ponte du parti ou le cousin d'une association en vue (pour les voix) de protection de l'environnement d'un quartier...
Tu multiplies cela par 36.700 communes en métropole et DOM, l'ami Patrice, et tu oublies les villages réduits, et tu obtiendras le nombre d'entretien d'une couche d'employabilité des encartés qui jouent, du Pcf, Ps, Verts, Ump, Modem, etc. les petits bras utiles pour maintenir le "système" en place, malgré l'huile faisandée des rouages. J'ai connu des villages de 2 à 3.000 âmes qui se payaient le luxe de rémunérer un-e chargé-e de com' de Monsieur ou Madame le maire, issu(e) du parti pour faire le boulot. Parfois deux...
Veux-tu des noms, l'ami ?
Pas besoin, tu en connais autant que moi ou le susurre en ton for intérieur.
J'ai personnellement connu notamment un bon gars. Anarchiste de la FA en 1967-1969, journaliste à L'Huma et Pcf en 1970, Ps en 1980 pour un poste en 1982 dans un SAN (syndicat d'agglomération nouvelle), re-Pcf 6 mois, re-PS, UDF dans le Var pour un poste de cabinet, re-Ps pour une élection municipale près de Paris, re-Pcf pour un poste de directeur de cabinet dans une ville. Au sein du Pcf, le bonhomme, gentil comme tout & poète qui a fréquenté feu Jean Ferrat, le charmant chanteur à coeur mou pour bourgeoisie sensible envers la culture ouvrière de feu le Pcf, le coeur sur la main lui-même, eh bien il aide de jolies mères célibataires à trouver des gentils studios et de gentilles places dans des crèches et écoles du coin. Il anime des soirées et milite au Pcf pour une tendance libertaire et autogestionnaire. Ce doit être son côté UDF durant un peu moins de dix ans en revival moral. Tant qu'il aide un peu... je n'en sais pas plus. Bref, par lui et tous ses semblables, le bien public n'inverse pas la tendance et l'impérialisme peut se jouer des gouvernements, de droite, de gauche, du milieu, du haut, du bas... tant que tout tient, c'est bon pour le commerce et les placements financiers dans le pétrole russe et les putes de Los Angeles.



Ils commencent jeunes à vouloir un mandat.
  De la France rebelle.
Mon cher et beau pays sent la peur, la sueur, les bas remplis pour la Noël, les paquets, la chair tendre pour les fêtes, la tranquille sérénité du chocolat, la misère, l'espoir, l'amusement avec l'UMP et ses galopins, les éclats de rire dus au comique mouillé Ayrault, le Livret A, les fins de mois difficiles, le poste à galène, la télé écran géant pour mater Jean-Pierre Pernaut et David Poujadas, la série "Plus belle la vie", Marseille chantant et le match de rugby entre une Miss France défoncée au gaz et un chanteur pleurant à chaudes larmes sur la maladie, le Nord dépouillé par les profiteurs, le Centre perdant ses clubs de foot amateurs, l'Ouest pour les huîtres atrophiées et Laurent Ruquier batifolant avec une ministre sur une actu hype et devisant sur le CAC 40 avec un acteur porno reconverti dans le commerce de poudre pour poulets fermiers sur les marchés de Corrèze.
La France est docile. Quelques-uns combattent en poignées invisibles, ou sinon dans une mascarade télévisuelle "le temps de faire une belle image sur un bon spot, coco !".
Après guerre, il nous faudra bien rassembler tout ce monde-là. A moins qu'une balle allemande nous perfore un poumon...

Je souhaite "bonne chance" aux survivants.

 On nous la fait pas...
Les lendemains ne chanteront pas plus qu'en 1875, 1920, 1950... Ce sont justes des répits où l'alcool, la danse et la fête replacent leurs billes pour la prochaine, et tant mieux si des écrivains, peinteurs, filmeurs et autres musicos ont pu s'affranchir des limites du monde respectables des conventions, le tout sur une bonne tranche de militantisme politique en supporters pour se marrer dans la rue, les luttes oubliées... un peu comme les fans des clubs de foot entre les verts et les jaunes, les bastons, les fanions, les beaux buts et la bière rassembleuse.

 Au final.
Les armes les meilleures sont celles de l'esprit critique, d'ironie créatrice, des lectures, quelques films et musiques choisis et d'anciens textes que d'aucuns ont oublié, dont les camarades vitamines Korsch, Bakounine, Reclus, Muray, Castoriadis... j'arrête ma liste là. J'en oublierai pour le futur.

Salut à toi, O

PS : Tiens donc, j’apprends que le Figaro Magazine du week-end consacrera son dossier principal aux « dépenses des élus (voyages, déplacements, dépenses alimentaires…) ». Le Figaro, la classe d’un journal plus d’une fois étonnant.


Et pendant que l'euro flambe, les élus flambent.


 Eh oui, l'ami, la France, qui n'était pas comme ça, le devient... La faute, la seule, au fric et à 5 ans de gouvernance bling-bling.
L'exemple venant d'en haut, allons-y !
Rêvons, profitons !
S'ils étaient croyants, les Français diraient : "et Dieu pour tous" mais ils ne croient plus en rien, même pas en "ça"... Ca a été la richesse mitterrandienne à portée de la main à la Bourse, puis chiraquienne dans l'immobilier, puis sarkozienne dans l'or, aujourd'hui : catastrophe, plus rien de tout cela ne donne quelque chose.

Vacherie !
En quoi croire ?

Au secours, je/nous n'existons plus par nous-mêmes ni par les autres, nous ne sommes plus personne. Nous ne sommes plus rien. Le désespoir d'une nation est là.
Belle lurette que les parents ne croient plus, alors les gosses suivent et te crachent à la gueule. Tu n'es rien, moi tout seul, je suis quelqu’un, même si c'est pour tout seul. Les parvenus vont bientôt devoir vivre cachés, c'est une évidence. Les autres, la plèbe se bouffera le nez à qui mieux-mieux.
La fosse aux fauves !
La rue, le métro sont déjà comme ça. L'impuissance d'un Etat incapable d'affronter la réalité des choses car trop occupé à des choses "sérieuses" telles que la place de la France dans l'Europe, dans le monde.
Dans quoi ?
Où ça ?
Un cataplasme sur une jambe de bois ! On va faire des efforts considérables pour retrouver le niveau de pauvreté des années 80 ! Comme si c'était bien... C'est vrai qu'on est extrêmement bas, c'est ce que cela veut dire.
Revenir 30 ans en arrière sur l'échelle de la pauvreté... Belle perspective... Exaltant ! Donc, depuis 30 ans on s'enfonçait ?
Et il va falloir 5 ans pour réaliser ce "prodige" politique ?
Arrêtez tout ! tout de suite.
Ouvrez les cages, lâchez les fauves et adieu va...
Il y a longtemps qu'on vit en état de catastrophe permanente dans ce pays... La fin du monde, c'est toujours pour demain en France... On est dans le rouge, souvent dans l'orange, plus jamais dans le vert.
Etat d'alerte permanent ! Trouille au ventre, chiasse à volonté, dégueuli garanti. La gerbe comme état social normal et reconnu inévitable...
Rideau ! Il n'y aura plus jamais les trois-coups. Le rideau restera baissé. Il y a cour et jardin. On ne touche pas, on ne regarde pas !
Carpe, retourne dans ton trou ! Bloup-bloup, bloup-bloup...
C'est la valse à 2 temps !
Rideau je vous dis !
Hermétique façon bocal !
Façon égout !

P.


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Ce qu'est le syndicalisme libre & indépendant du macronisme-patronat

Aristote à Chartres (statuaire)

Malheur à toi permanent syndical de peu ! (tu ne sers qu'aux fiches policières)