Politique (giscardisme), par Patrice C.

Hollande hérite... d'une opposition

Cette année aura été fructueuse en termes de modernisation des mœurs, à défaut de l'être pour les idées. Elle restera placée sous le sceau du mariage pour tous.

Une preuve supplémentaire de ce progrès dans la modernité vient d'être administrée par le Pacs que viennent de signer Borlo et Bayrou. On peut voir ça comme ça. Soit un retour assez violent aux années 60 dans la composition politique du pays. Retour aux racines bien légitimes, d'ailleurs, de ce que doit être la couleur politique de la France, c'est-à-dire, du tiède, du déjà vu, du consensuel, mais de bon ton. De ce ton provincial que cultivent depuis toujours les notables bon teint. On veut bien mettre "ses mains dedans", mais que cela soit propre. Non aux excès, aux rodomontades, aux poses de toréador. On va s'immiscer en spectateurs actifs, participants, mais à distance des turpitudes réservées aux excités de tout bord.

 

"Nous, Monsieur, nous ne mangeons pas de ce pain-là !" Laissez donc venir à nous tous les déçus, les refroidis, les flexibles et les indécis. Offrons une belle image à tous ces Français qui se désespèrent que la politique soit devenue une denrée de bordel. "Nous n'en doutons pas, on nous attend !" La persuasion est versatile. On ne s'approche pas impunément des cénacles plus ou moins corrompus des affaires publiques sans se mouiller, même un peu.

La France va donc — peut-être — retrouver son image naturelle de bonne fille de l'église et des familles unies le dimanche après la messe. Image traditionnelle s'il en est. Voilà ce que l'Alliance nous propose à demi mot. Un air un peu rance de giscardisme. Il est vrai, et eux y croient, qu'un strapontin existe sur l'éventail des offres, à défaut d'être celui des attentes. Depuis que l'UMP se radicalise à droite (depuis 2007) et qu'elle persiste et signe pour un retour de Sarkozy, grand dépositaire de la chose, et que le duo Hollande-Ayrault nous offre la pitoyable démonstration du non-Etat, du non-pouvoir et de la purée de pois, pourquoi laisser ces "pauvres" Français si timides et quelque peu perdus, isolés dans nos belles provinces sur la touche ? Osons, osons se sont-ils dit. Messianique !

Entre une droite revendiquée comme dure, pure, forte et qui joue à qui-perd-gagne avec le FN, en fait son seul partenaire, et le PS soporifique, c'est Hollande qui hérite enfin d'une vraie opposition, entièrement dévouée à représenter le sentiment profond du pays.

On va mieux respirer ! Enfin un retour au calme ! (Je rigole).

 

Patrice C.