Politique internationale de la Russie (I)


(I) Patience russe au Moyen-Orient et politique réaliste d’Israël.

 

Le président Poutine a rencontré ce lundi à Moscou le Premier ministre israélien Netanyahou au sujet de la guerre en Syrie. La position et la volonté des Etats-Unis sur la sécurité d’Israël est désormais posée du point de vue du second. Netanyahou ne s’y trompe pas, il n’insulte pas l’avenir, puisque la Russie rejoint petit à petit le jeu international au Moyen-Orient.

Depuis la fin de la « guerre froide » et l'intervention soviétique désastreuse en Afghanistan, l’armée russe prépare une intervention organisée au Moyen-Orient, après avoir progressivement renforcée ses forces en Syrie. Par le maintien de sa base de Tartous, l’armée russe a fourni un support logistique en armes à l’armée régulière syrienne jusqu’à cet été. Dorénavant, Poutine entend que l’armée russe frappe elle-même Daech/Etat islamique au nom de l’efficacité contre les barbares qui décapitent et détruisent tout sur son passage.

Poutine est à la manœuvre. Il joue avec finesse. Car, pour la première fois depuis la « guerre froide », l’histoire des relations internationales prend une tournure inédite et importante en vue de créer les conditions d’un rééquilibre des forces renouvelé au Moyen-Orient eu égard que la chute de l’URSS, à la fin des années 1990, avait rendu à l’époque possible les frappes américaines dans le Golfe persique. Cette restauration des positions soviétiques d’antan pour la Russie n’illustre certainement pas que la stratégie de Poutine serait une voie d’opposition aux armées occidentales au cœur d’une « guerre froide » rénovée. Il s’agit, pour la Russie, de se battre contre Daech avec efficacité, de nourrir une connivence générale contre Daech en participant à une coalition prenant appui sur l’armée syrienne et non pas sur des « rebelles » peu sûrs et mal identifiés parmi les apôtres du djihad au sein du giron de Al Qaeda. En réalité, la Russie entend tenir son rôle dans le monde multipolaire qui s’impose petit à petit, et non pas servir de rempart symbolique.

L’hégémonie des Etats-Unis, aussi vite entamée qu’amoindrie après la chute de l’URSS, n’en finit pas de décevoir dans la région. D’abord, les Israéliens subissent un conflit ouvert contre le Hezbollah au Liban-sud, avec un vrai désengagement des Etats-Unis. Pragmatique, le chef du Likoud a misé en premier lieu sur la chute rapide de Bachar Al-Assad après le pseudo « printemps arabe ». Netanyahou a ainsi joué le Congrès contre la Maison-Blanche d’Obama. A tort. Malgré ses « entrées » et relais parmi les républicains de la Chambre des représentants et du Sénat, même le puissant lobby des démocrates juifs n’a pas accepté ses vues obsessionnelles anti-iranienne. Netanyahou n’a pas su tenir compte non plus des quelques calculs cyniques au sein de la droite dure israélienne qui imaginait une division du camp djihadiste avec Daech contre le Hamas.

Si Netanyahou rencontre Poutine, il s’agit probablement d’une volonté de coordination commune technique entre deux armées sur le terrain et de démontrer, à distance, son mécontentement à l’égard de la gestion d’Obama. De plus, et de manière classique, Netanyahou signe une vue réaliste sur le retour de la Russie sur la scène au Moyen-Orient. Composer ne suffit plus dans la situation, orchestrer ne serait-ce qu’a minima devient une ligne de conduite d’Israël, sachant que les républicains rumineront dans les bronches de l’administration d’Obama, ce qui devrait à terme (et en fin de mandat pour ce dernier) faire bouger les lignes américaines.

LSR

 

 

 

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