Politique internationale de la Russie (III)


(III) La cécité de la diplomatie française face au réalisme russe.

 

Le ministre des Affaires étrangères de la France semble un homme d’arrière-garde en matière de politique internationale. Laurent Fabius serait-il resté borné à une lecture du monde avec des lunettes des années 1990 caractérisées par l’immédiate chute de l’URSS et du bloc de l’Est ?

A grand renfort de principes moraux, Laurent Fabius réclame le départ de Bachar Al-Assad sans observer la réalité du Moyen-Orient et son évolution, sans prendre en compte la position de la Russie dans sa capacité à lutter contre Daech.

Pourtant, depuis les combats de Mossoul, les victoires des djihadistes sont si importantes que la position occidentale a changé de cap, soutenant contre mauvaise fortune bon cœur le régime de Bagdad avec des militaires qui revendiquent un appui tactique sur la Syrie pour combattre Daech, ceci afin d’étendre les opérations sur le terrain dans la région. Les ministres de la Défense français et américain, dans une moindre mesure le ministre britannique, pèsent sur leur exécutif respectif pour que les diplomaties occidentales renouent un dialogue avec le régime de Damas.

Las, Fabius est connu pour son hostilité à la vente des Mistral à Moscou. Résultat, la France est sous embargo commerciale de nos produits agro-alimentaires avec la Russie depuis un an après qu’il eut une influence sur les sanctions économiques infligées à la Russie… lesdits Mistral, soi-dit en passant, sont vendus depuis hier à un régime à la réputation on ne peut plus pacifiste : l’Egypte (sic). Et que dire de sa désapprobation répétée de la visite que des parlementaires français ont effectué en Crimée ?

Le ministre des Affaires étrangères refuse de négocier avec Damas sans préalable : le départ de Bachar Al-Assad. Or, négocier avec une autorité constitue une légitimation de fait prompte à trouver un accord et n’hypothèque nullement la possibilité d’un départ à court ou moyen terme de cette autorité honnie. L’art du compromis, lorsqu’il y a péril et guerre, demeure une mesure de salubrité pragmatique. Dans le même temps, nous constatons que la position de Laurent Fabius avec la Russie est contrecarrée par le ministre de la Défense Le Drian en matière de sécurité internationale (et interne, depuis les attentats de janvier dernier), matière par laquelle il se comportait en véritable chef jusqu’à maintenant. En effet, la diplomatie franco-russe a toujours été active et respectueuse des principes et vues de l’une et l’autre partie, même en cas de profonds désaccords, voire de vives hostilités. Laurent Fabius, malgré ses nombreux revers et vestes, reste arc-bouté sur ses propres principes moraux contre Moscou, quitte à menacer de chavirement les liens historiques entre France et Russie.

Fort de la patience de Poutine, gageons que le président Hollande tiendra compte de cet aspect du retour de la Russie sur la scène du Moyen-Orient pour renouveler plusieurs ministères à l’occasion du prochain échec de sa majorité à l’élection régionale de décembre, dont celui des Affaires étrangères. Laurent Fabius pourra alors (peut-être) se consoler durant neuf ans au Conseil constitutionnel, avec son coéquipier Michel Sapin.

Ah, combien la politique internationale de la France connaît de ses petits attendus dans le spectacle national !!!

LSR

 

 

 

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