les docteurs & les politiques, deux plateaux, un mur, par Patrice C.


Deux courants différents

Le même soir, à la télé, sur deux chaînes différentes et quasi à la même heure : deux "débats" sur l'avenir. Le nôtre, le vôtre. Pas le leur…

Premier exemple : un aréopage d'économistes, politologues et que sais-je encore, bien sous tous rapports. Deuxième exemple : là aussi, quatre personnes mais réparties de façon médiane, comme à O.K. Corral. Vous choisissez les bons à droite, les mauvais à gauche ou l'inverse. Peu importe. Maintenant (bien que ce soit trop tard), vous "zappez" d'une chaîne à l'autre et vice-versa. Le but du jeu pour vous, pour moi : chercher les points communs qui nous concernent, nous touchent, nous intéressent de près.

Dans le premier cas : c'est scientifique, analytique, corsé, mais on rigole. On est entre soi, c'est-à-dire entre ceux qui savent et qui ont compris, eux, car ils sont instruits et qu'ils ont les clés ! Toi, moi, vous, c'est sûr, on ne peut pas… On n'y avait pas pensé à vrai dire, que ça puisse allez aussi loin et en venir. A partir de là, il n'y a plus de dialogue, juste des sourires entendus, des évidences pleines et entières, des moues approbatives. « Ben oui… — Donc, c'est gravé dans le marbre ? — Oh oui et depuis longtemps. C'est même inéluctable ! Bien sûr, nous on savait. On était tous d'accord là-dessus. » Des idées ? Quelles ? Ah non, on n'a pas d'idées ! Hollande est aux "States", il va comprendre, il va voir. Quand il va rentrer, vous allez voir : balai et serpillière, place nette. On évolue d'un seul coup d'un seul ! On va devenir modernes et pour le coup la courbe va remonter… Fallait y penser, bien sûr !

Nous, on savait : tant qu'on ne fait pas le ménage dans les faits, dans les têtes et sur le terrain, pas d'espoir de monter dans le train du progrès. On ne survivra pas ! On restera les fromages qui puent ! Le train, il va nous passer sous les moustaches. Cela dit, on restera la première destination touristique du monde. On deviendra une curiosité, dis donc ! Bien sûr, on vivra comme des termites et on sucera déjà des pissenlits. La tige ! Les racines, ce sera pour plus tard, mais juste un peu. Donc, tous ces doctes avertis savaient ? Et ils ont rien dit ? Ils ont rien fait ? Ils ont sûrement déjà leur billet dans leur poche pour la Silicon Valley… Ah, les salauds ! Bien sûr, ils n'ont pas de patrie, eux. Ce qui compte c'est vivre selon leurs critères. Ils décident, eux, de leur vie. C'est pas tout le monde qui peut, faut être intelligent et instruit et avoir des relations. En somme, il faut en avoir croqué pendant des années, tant que c'était bon. Maintenant que ça devient dur : on se tire ! D'autant que c'est pas avec tous ces bas de plafond et front de taureaux qu'on peut espérer faire quelque chose et vite… Ils ne comprendraient pas !

Deuxième plateau, ça fait tout de suite plouf ! C'est-à-dire qu'on plonge et on ne sait pas si on va remonter… Vu les participants, ce serait étonnant qu'on s'en relève, d'ailleurs… Ouh la la… Que du superficiel, du carton-pâte et du dur. Même pas décor car ledit est en plastique bleu layette. Sûr, au premier regard, on sait qu'on va pas se fatiguer les méninges, que ça va passer comme "Dallas, ton univers impitoyable". Les neurones vont pas se croiser bras et jambes, faire des nœuds. Bon, faut y aller… Mais il y a peu à dire, même rien. Ça, on s'en serait douté… Vous mettez deux ministres ou ex et deux aspirants ou cocus de ne pas l'être encore, que reste-t-il ? Eux, c'est sûr, ils ont rien compris ! Ils refusent même d'en parler. Ils ne prennent pas de risque… "Est-ce qu'on va devoir changer, évoluer disent certains ? — ?" Waterloo morne plaine ! C'est pas le sujet ? Un abîme je vous dis entre les deux plateaux. J'ai presque eu envie de demander, à leur place : "Qu'est-ce qu'on fout là ?" J'ai jeté l'éponge !

Voilà comment on se retrouve avec deux sociétés en une : ceux qui savent et ceux qui ne savent pas et qui visiblement ne veulent mais ne peuvent pas non plus. En somme : des plateaux de télé comme d'un métro ligne 13…

Patrice C.

 

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