Qui gagne, un débat chez Calvi


Tranches de colère

 
N’ayant guère envie de travailler, ni lire, j’ai regardé lundi soir un débat en direct Marine Le Pen vs. Pierre Moscovici. La première est excellente, d’une puissance intellectuelle incontestable. Bien que le visage semble un peu tiré, fatigué, elle réduit en bouillie un Moscovici complètement condescendant, n’affichant que des « cartes postales de com’ », de pauvres éléments de langage imposés par ses maîtres. Aucun membre du personnel politique institutionnel de gauche actuel n’arrive donc à la blonde cheville de Marine. Elle analyse, livre des thèses, des chiffres, lance son programme simplifié à tous, pose des liens entre les sujets dans une cohérence que n’ont pas ses adversaires. Les autres rétorquent par de vagues condamnations morales, tentent de la contredire… ils sombrent dans le ridicule et lui ouvrent un boulevard. Pire, ils ne rétorquent plus rien quand elle manie le syllogisme entre démantèlement de la France et Europe sacrifiant travail, valeur travail et travailleurs. Ils ne peuvent en effet démentir…

Débattre, c’est livrer une analyse, même intuitive lorsqu’on ne possède pas forcément toutes les connaissances précises, références, etc., sur un sujet.

Débattre, c’est dialoguer, construire une pensée fondée sur un argumentaire clair ou non. Débattre, c’est provoquer, assumer haut, clair & fort ce qu’on pense, ce qu’on veut pour la France. C’est délivrer des orientations précises, des solutions aux problèmes économiques et sociaux concrets. Débattre, c’est s’engager, c’est ferrailler, c’est ne pas hésiter à être détesté d’autrui, s’il le faut. Surtout en ce moment. Surtout dans notre période malade, où la France, puissance dorénavant de troisième ou quatrième zone où le travail en CDI fout le camp, où des familles entières vivent avec moins de 500-600 euros par mois, où de zélés fascistes peuvent lever le bras comme avant...


Pseudo socialistes, antifascistes
de nos deux bouilles,
vous la craignez...
vous l'aurez par votre INSIGNIFIANCE
Débattre, c’est encore se tenir en haut d’un mât et non dans la soute à pester contre celui qui fouette les rameurs, ou contre les vivres qui s’amenuisent. Le Pen, elle, sait grimper : elle monte au mât jambes à l’air, avec forte musculature, quand ses adversaires descendent se lécher le torse dans les soutes et se caresser les plans de carrière personnels comparés. Plus brillamment que son papa, qui lui jouait la carte esthétique de la provocation légale ou non, car il ne proposait que des antiennes fondées sur les viatiques rassemblés de la réaction fascistoïde la plus éculée, la fille, elle, mesure tout, analyse tout, trace un chemin pour la France, se prépare à gouverner (elle le veut, elle y travaille déjà) et mobilise de plus en plus. Bonne et gentillette gauche, continue de fermer les yeux ! 2002, une vaste rigolade pour ce qui se prépare depuis la campagne Sarko Ier sous la ligne Buisson, Morano, droite pop’, forte et tutti quanti avec ses barrières dressées, ses fils de fer hérissés sans vergogne.

La droite, de plus en plus radicalisée, passera un pacte avec le FN et les réseaux « Bleu Marine ». C’est l'évidence crue. C’est la solution unique pour une droite « classique », républicaine complètement marginalisée, où les Séguin sont morts depuis longtemps. Droite forte et autre Droite populaire sont plus radicales contre les classes laborieuses que le FN. Le Pen parle au peuple, qu’importe le niveau sonore, elle n’hésite pas à dénoncer chiffres à l’appui les plans de licenciement, les vues européennes préconisées et dont le gouvernement transposera les directives à suivre. Calcul ou pas, cela parle à ceux qui vivent dans la précarité quand le camp d’en face s’en balance, ou en cause sans s’ancrer dans la réalité. Quitte à jouer le vote protestataire, puisque voter est un cirque qui ne mène à rien encore une fois pour conserver un tout petit peu de décence. De toutes façons, pas un mot hier soir évoquant l’immigration. Pas un seul. Moscovici a tenté ce sujet, il s’est ridiculisé, y compris auprès du journaliste qui orchestrait le duel plutôt avec sérieux et abnégation pour les besoins de l’éclairage de la salle de spectacle.

« La gauche au pouvoir », selon l’expression consacrée, est rituellement et pratiquement hostile aux sources mêmes des convictions républicaines minimales. Allez lui parler du programme du CNR, des principes contenus dans le préambule de la Constitution, elle lève les yeux au ciel et lorgne sur la vodka pour oublier très vite… La gauche institutionnelle se trouve si engluée dans l’esprit philistin, dans le suivisme des critères impérialistes, qu’elle n’est fondée qu’à toucher de manière grégaire des électeurs dits de gauche aux bonnes intentions et qui votent par simple réflexe du croyant. Elle « parle » aux cœurs de gauche. La morale, la moraline encore moins, ne saurait constituer une politique. La politique, surtout dans une période historique d’involutions, de contre-révolution en actes, méprisant même les seules orientations principielles d’une constitution matérielle pourtant peu socialiste, ne concerne en rien le petit peuple, les « gens d’en bas », comme le disait l’excellent Raffarin lâchant le morceau, et quel que soit son orientation, le peuple, parce qu’il est perdu par ses maîtres et, qu’au final, il s’en fout et tente de finir le mois dès le 15. Droite-gauche n’a plus aucune pertinence. Rien. A les observer « aux affaires », c’est ici le sens que je retiens, quelle différence dans les orientations, dans les pratiques ? On me rétorquera, débat apaisé, communication généralisée et calme en comparaison du règne de Sarko Ier… Certes. Et dans la coulisse ? Atone, la gauche se glorifie le muscle en postures sur des questions vaguement sociétales à défaut de fonder une politique autonome et propre à préserver les rares effets d’une bonne marée pour le pays. Insignifiant tout cela Et clivant. La gauche au pouvoir, elle gère la crise avec ses amis syndicalistes de la Cgt, de Fo, de la Cfdt et j’en passe, premiers flics sociaux de France. Rien de mieux, passez votre chemin.

Marine Le Pen s’incruste dans les ouvertures rugbystiques laissées par une gauche embourgeoisée dans la décadence du lustrage de son seul nombril, insipide entre les deux oreilles, qui ne pense que couic, et dont les militants ont des comportements de « fans » de  Johnny, quand des syndicalistes s’accrochent douillettement à leurs mandats et privilèges, oublieux de dresser l’analyse des situations concrètes fondées sur une élucidation théorique. Mélenchon, lui aussi (surtout pas le rater celui-là), perd ses nerfs, tellement inféodé aux schèmes européistes qu’il ne saisit plus ce que signifie le roman de l’Europe… et en plus, mal de crâne au sein des groupuscules, il ne parvient pas davantage à contrecarrer les prébendiers du PCF totalement liés à des mandats locaux opportunistes, lesquels nourrissent des petits cadres intermédiaires permettant d’organiser des raouts dispendieux comme la Fête de l’Huma. Qui ne me croit ici n’a qu’à aller faire un tour du côté de la rue Gagarine, à Vitry-sur-Seine, dans le Val de Marne. Le PCF, ce sont des élus grassement payés, ayant parfois tables ouvertes dans les restaurants de la ville, jouant avec le petit personnel, parfois sur le registre du lever des cuisses pour gagner plus, pour grimper dans la hiérarchie, pour obtenir un statut de fonctionnaire territorial. Qui ne cède pas, comme l’amie Isa., perd patience et fonce voir ailleurs. Autres aspects graves, toujours à Vitry, les bonnes blagues pestilentielles au jour le jour à l’heure de l’apéro’ dès onze heures, un brin racistes, un brin gauchistes du type « les patrons, tous dans le même sac ». Et puis, avec leurs organes liés à la paix dans le monde (hurlement de rires !) et pour la commémoration d’Hiroshima & Nagasaki, il faut recaser des retraités de la mairie et du parti, avec gratifications et locaux à l’appui, messieurs-dames, pour organiser entre soi à de bonnes tables et de belles salles de charmants débats à l’intérêt aussi nul qu’une solution livrée par Steevy Boulay pour nous sauver des produits nocifs dans nos shampooings. Paris pas cher, Paris pareil... Ach, Paris, pétiteees franzouses légères, pétites tarlouzes gaies dé l’amour des nacht dé Pârisss…Tour Eiffel et gôche mOderrrnnneuhVoui, voui, faisons un tour dans les couloirs interdits au public du cabinet politique. Là aussi on se congratule, on s’enrhume dans la vacuité des idées, la buvette est fameuse, les postes agréables à occuper. On passe du temps à de bonnes tables à se serrer les coudes pour placer tel militant qui a perdu sa place dans un service du XXème, qui dans un service central, une petite amie d’un élu d’arrondissement dans une direction culturelle, un joli amant dans le bureau d’une piscine du VIème… Que la vie des élus est belle, lors des mandats municipaux. Elle est un vaste champ de tonsures et petits arrangements sous la table avec les oppositions locales. Pour ce faire, on va même carrément sous le mobilier.

Démocratie locale, beurk !, le prétexte des fiefs et baronnies pour priser toutes les forfaitures, à tous les yeux fermés, à toutes les bouches cousues de force en détruisant qui se rebelle ou qui ne marche plus dans la combine généralisée. Besoin d’évoquer ici Piat, Boulin, Lucet et j’en passe ? Besoin de raconter ici des accidents de la route suspects et des suicides tout aussi suspects du côté des proches et environs où sévissait Emile Louis, en Côte d’Or ? Besoin de raconter les soupirs de soulagement de la hiérarchie militaire quand l’adjudant Chanal s’est suicidé en détention ? Besoin d’évoquer ces élus célèbres en leurs temps qui changent de vie, de région précipitamment, ou partent s’installer à l’étranger ? Besoin de parler des profs qu’on mute discrètement d’une académie à l’autre quand ils ont le câlin agile ou la raclée facile, de ces prélats haut placés dans le clergé obligés de s’abimer dans des cures moins reluisantes ? Et les péniches pour ballets roses du côté de Samois-sur-Seine, où le « Tout-Paris appréciait les petits fours et les services, heu heu !, Mon cher bon ami » de feu Dailly et consorts ?

Allons, allons… c’est pas un boulevard que la gauche institutionnelle trace pour Le Pen. Non ça, non ! elle lui ouvre toutes grandes les vannes de son incohérence, de ses mensonges, de ses trahisons et sa participation corps et âme à l’atomisation individuelle et collective si grosse de la guerre à venir.

LSR

 

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