Ce qu'est l'Europe : un régime de la mauvaise foi contre la démocratie


Le régime de la mauvaise foi.

L’humiliation vécue par les Grecs ces derniers jours nous montre à quel point le régime politique de la mauvaise foi est la réalité de la démocratie libérale communautaire. En effet, les belles âmes de l’édification européenne ont voulu lui donner des fonds baptismaux démocrates (l’élection, la représentation) et, notamment pour les règles de fonctionnement du Conseil européen, asseoir le phénomène majoritaire simple ou le consensus à l’unanimité : les délibérations de la Commission européenne sont ainsi acquises à la majorité de ses membres quand le Conseil européen statue à la majorité simple pour des procédures internes mais par consensus quand il s’agit de questions concernant la fiscalité, la Sécurité sociale, la défense commune, etc. La prétention démocrate est là une certaine compréhension de la forme, pas davantage, qui ne tient pas compte des avis des populations membres.

On le perçoit, la procédure « démocrate » est fondée sur des règles pratiquées dans des régimes politiques constitutionnels libéraux classiques et homogènes à ce qui préexistait dans l’Europe depuis l’après-guerre depuis le Traité de Rome de 1950 jusqu’au Traité de Lisbonne de 2007 (entré en vigueur le 1er décembre 2009). Rien de bien innovant, sinon une sorte de concentré de conceptions vaguement différentes entre des constitutions matérielles écrites et des constitutions coutumières.

La Grèce, laboratoire des options dogmatiques financières et comptables de l’Europe, nous montre ce qu’il en coûte de subir les foudres de l’Europe Allemande et les coalisés autour de Berlin, de cette réalité politique bien longtemps cachée et/ou niée par les contempteurs de la souveraineté et de l’esprit d’indépendance. Pour ce faire, toutes les menaces sont bonnes, tous les chantages sont possibles. Tsipras est acculé à devoir adopter dans l’urgence des mesures qui n’affecteront qu’à la marge les privilégiés de son Etat : l’Eglise orthodoxe et les armateurs. En revanche, tout le poids des exigences européennes s’appuie sur le relèvement de la tva et autres mesures fiscales et libératoires des classes modestes, moyennes et moyennes supérieures. Victoire sur toute la ligne des européistes : faire adopter des mesures antipopulaires et antidémocratiques à un premier ministre qui s’est fait élire par la gauche de son pays n’est pas le moindre des exploits d’une élite européenne qui connaît ses Machiavel et von Clausewitz : agir dans l’ombre, amadouer si nécessaire, tendre la ciguë au meilleur instant d’une négociation.

La démocratie européenne a jeté (une fois de plus, faut-il ajouter à l’endroit des béats et naïfs) ses dés : elle est façade, elle est l’illusion qu’il faut laisser transpirer dans l’art de la communication générale en guise de substitution de la démocratie radicale. Hormis ce fait, il s’agit d’un régime de mauvaise foi qui se retournera contre lui-même.

Qui peut imaginer que le parlement Grec adoptera en deux-trois jours trois nouveaux textes importants sinon parce que la technocratie européenne l’a rédigé pour elle ?

Qui peut croire dès lors que l’Union européenne entend donner libre cours à la démocratie interne des Etats qui la composent ?


Le régime de la mauvaise foi de l’UE s’impose comme un cadeau offert aux réservistes des futures batailles rangées, un cadeau fait aux puissances mortifères des groupements politiques radicaux, sectaires et fascistes. L’Allemagne aura décidément joué continument ce rôle depuis 1815.

LSR

 

 

 

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