L'animalité de l'homme, entre grégarisme et volonté d'introspection, par Patrice


Le zoo.

photographie : H., Londres
Il n’est pas évident, pas donné de parvenir à être autre que celui ou celle que l’on aurait pu être si l’on avait laissé faire la nature qui est en chacun de nous. Il est difficile de prendre conscience de soi et de se situer sur l’échelle humaine. Au regard de quels critères peut-on se définir ?

Comment et pourquoi certain(e)s ne ressortent-ils(elles) pas du lot ? Les exemples sont légions de mimétismes grégaires rassurants mais peu satisfaisants. Il est facile de s’abandonner et d’intégrer une masse devenue démonstrative et qui fait référence. Les plus beaux lots de l’espèce humaine vivraient-ils cachés ? Et pourtant, ils(elles) existent.

S’agit-il de prise de conscience et de volonté que l’on pourrait appelé prétentieuses ou simplement d’un sentiment plus profond et spontané, d’une volonté de se respecter soi-même avant de respecter les autres ?

L’emprise sur soi-même garantit au moins la volonté non pas d’être différent par rapport à ceux qui « laissent faire », mais d’une volonté de vivre en accord, en osmose avec sa propre nature. Des choses naturelles ne se contrôlent pas aussi facilement pour parvenir à commencer par se respecter soi-même. Il n’y a bien souvent pas de volonté de se démarquer, il y a juste la volonté d’assumer une vie que l’on porte en soi. Le premier pas vers une relative plénitude commence d’abord vis-à-vis de soi-même avant de l’être vis-à-vis des autres, de ceux qui ne ressentent rien de personnel dans leur vie en dehors des contingences qu’elle impose. Finalement, c’est la confrontation et la mise en face d’un résultat différent qui fait prendre conscience de ce que l’on est lorsque l’on est autre.

La situation n’est pas confortable. Le rejet et la mise à l’index sont des facilités dont ne se prive pas le plus grand nombre. Par facilité sans doute. Par effet de masse différenciée. Ce droit à la différence face au droit du plus grand nombre n’est pas reconnu, admis. Cela est vécu comme un affront, comme une volonté orgueilleuse d’une personnalité déviante et forcément prétentieuse qui peut mettre le plus grand nombre face à lui-même et lui offrir une autre image de lui-même. Une personnalité autrement construite, finalisée. Ce sont les sentiments dissimulés, non avoués que l’on subodore dans ce cas et c’est de méchanceté qu’on habille le “déviant“.

Une personnalité qui tendrait à la perfection ou qui afficherait une différence serait perçue comme une insulte, une provocation, comme une anormalité aux yeux du plus grand nombre. C’est le nombre qui fait, qui édicte et définit la normalité. Toucher à l’aspect, à la nature de chacun et surtout le mettre en évidence face à “autre chose“ est impardonnable. De part et d’autre de la rambarde des convenances physiques, esthétiques, c’est de guerre qu’il s’agit. Les uns deviennent vite les exceptions des autres mais il ne faut pas en parler. Il s’agira pour le plus grand nombre regardant leurs semblables d’un zoo où l’on protège les espèces en voie de disparition, pour les autres d’un regard sur un genre de cour des miracles à ciel ouvert.

Les faits divers nous abreuvent de situations liées à l’existence même du plus grand nombre. Comment cela est-il perçu, si seulement ça l’est ? Cela est-il vécu comme une fatalité, une normalité, un accident de parcours ? Sont-ce toujours les mêmes qui portent une analyse sur l’événement sans se satisfaire des seules apparences et qui mettent le doigt là où ça fait mal ?

Patrice C.

 

 

 

Commentaires

  1. Patrice, j'ai bien aimé lire ce texte ce soir, après une journée où le grégarisme humain m'a exaspéré, sinon apeuré.

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