Le "laboratoire" Grec du social doit être "panzérisé"


Radieuse expectative humanitaire en Europe Allemande.

Il va sans dire que nous n’avons pas besoin de répéter nos multiples assertions sur l’Europe Allemande, cette paisible fabrication d’un empire économique qui s’assied sur quelques principes, dont une forme de démocratie fondée sur les critères économiques et financiers, à la bonne mode du capitalisme rhénan protestant.

La Grèce est devenue un « laboratoire ». Avec son Etat régalien défaillant, une constitution emberlificotée dans le culte du Droit social sans aller au bout de la pratique, des services fiscaux dépassés par les prébendes et passe-droits, la Grèce a permis à la France et l’Allemagne de s’enrichir tranquillement lors des prêts bancaires à l’antique modèle de la démocratie. Tout y est passé, l’humiliation, la communication par le foot, les menaces, les roulements de tambour… l’Europe institutionnelle n’est que l’instrument politique d’une Allemagne qui gagne des étapes comme Lance Armstrong gagnait dans les tours de France : avec supériorité, dope et hauteur inhumaine.

La Grèce tue le spectacle de la démocratie. En Europe, après les vagues de votes populaires sur lesquels les chefs se sont assis, la technocratie ne ménage pas les alliés ou les dents creuses de la bataille pour conquérir une prétendue « Europe sociale ». Les rêveurs ne peuvent que constater l’inanité de leurs vieilles revendications de junkies. L’été 2015 marque d’ores et déjà le commencement d’une plaie historique, au prétexte jusque-là camouflé du Droit social. Pourquoi ?

Le Droit du travail et le Droit de la protection sociale pour partie (la branche santé et la branche vieillesse, pas les autres) sont des laboratoires pour l'Allemagne et la plupart des juristes de common law (en lutte permanente) de "casser" les normativités française, grecque, espagnole, etc., générale, collective et sociale. Générale, parce que le principe juridique d'universalité s'applique à tout le droit en la matière, droit fondé sur le principe de solidarité pour tous les résidents d'un pays, et non pour les nationaux, droit issu des principes du 10 mai 1944 de l'OIT lors de la Déclaration de Philadelphie adoptée.

Les JO d'Athènes, un gouffre financier, une friche...
Ainsi, avec deux compères, j’ai commis récemment une étude comparatiste sur la protection sociale de base (Grèce-Suède-Hongrie) et me suis aperçu des anomalies du Droit grec en matière de Sécurité sociale :
(1) la Grèce dispose des principes de Sécurité sociale les plus avancés en Europe inscrits dans sa Constitution ;
(2) le Grèce est le pays qui, parmi les 187 Etats-membres de l'OIT, a signé le plus important nombre de Conventions de ladite OIT; la Grèce a ainsi été le pays au monde, dès 1919-1920, à signer immédiatement la première le plus grand nombre de Conventions de l'OIT ;
(2-bis) parce que la Grèce a été un pays moteur dans ces adoptions évoquées au point précédent, elle a incidemment influencé des Etats-membres à en signer aussi sans grande conviction, sans volonté de les mettre en pratique ;
(3) la Grèce n'a pas de Code de la Sécurité sociale. La norme en la matière s'élabore, pour l'essentiel, exclusivement par la jurisprudence et les lettres-cadres des ministères grecs chargés des branches et Décisions du Président de la République. Cette anomalie consacre une hétérogénéité entre les régimes de base de la Sécurité sociale selon les secteurs professionnels (pour l'essentiel, rupture de conventionnalité juridique des branches famille et santé par une carence du principe d'universalité entre les professions, soit des normes distinctes dans les prestations en nature versées par les organismes) ;
(4) il y a ce que j'appelle une "béance" entre les principes constitutionnels revendiqués de la Grèce et leurs pratiques sociales, ainsi que sa non-ratification de l'ensemble des Conventions et/ou Recommandations de l'OIT en matière de Sécurité sociale et prévoyance complémentaire (notamment en santé et retraite) ;
(5) le poids de l'Eglise en Grèce dans les conventions de la Constitution et la constitution matérielle elle-même, c'est mon hypothèse, nourrit une situation où, à travers la branche famille, le système est intrinsèquement pervers au plan juridique (je ne me prononcerais pas au plan budgétaire et au plan économique).

Il faut donc en finir; la nouvelle coalition interne pourrait avoir des velléités de faire évoluer les caractéristiques constitutionnelles qui protègent deux institutions grecques ultra-privilégiées : l'Eglise orthodoxe et les armateurs. Il faut briser tout principe apparent, même abattre une législation existante. Pour l’Europe Allemande, il suffit d’avancer ses pions au sujet de la Grèce. Non plus petit à petit, mais là, en ce moment, à marche forcée. Par exemple, on voudrait obliger les Grecs à créer en quelques jours, sans médiation démocratique, un code de procédure civile et un code fiscal. Cela permet surtout de démontrer à tous les peuples continentaux que quiconque résiste au diktat de l’Europe y laissera sa sérénité. Depuis avant-hier, on anticipe déjà une montée spectaculaire de la pauvreté en Grèce et, vous ne rêvez pas, la mise en branle d’opérations humanitaires. C’est d’ailleurs pour cela que la Grande-Bretagne, pourtant guère concernée par la zone euro, est invitée aux tables bruxelloises de négociation et tours de table tout simplement parce qu’elle serait mise à contribution dans les futures aides humanitaires en Grèce. Espérez-vous encore l’Europe sociale, cette idéologie de substitution d’une gauche du reniement ?

Allez, bon été & priez si vous en avez la force !

LSR

 

 

 

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