Du bien écrire, par Patrice


La coquetterie de l’écrit.

C’est au fil des pages et des auteurs que m’interpelle la coquetterie de l’écrit. Cette volonté de faire comme on veut pour écrire propre, croit-on.

Il y a une vraie frénésie de la part des écrivains de ne pas passer pour un sagouin, voire d’exhiber la prétention par la démonstration qu’on peut donner des leçons de grammaire, de vocabulaire. Encore faudrait-il pour cela qu’il y ait cohérence d’abord avant de prétendre à la perfection et ne pas avoir honte de ses imperfections avant de savoir qu’on est « dans les clous » de l’écrit correct.

Il fut un temps où l’auteur pouvait passer son manuscrit pour relecture et corrections à un correcteur qui, élevé en nourrice de ses expériences, œuvrait et veillait à l’homogénéité des propos et à l’uniformité du langage. Il semble que ce temps soit révolu compte tenu des irrépressibles envies qui me viennent à longueur de bouquin et de pages de faire moi-même le travail.

Si j’en crois les renseignements pris, c’est à la fois de coquetterie malicieuse personnelle et de volonté de céder à des règles autoproclamées qu’il s’agit. Le simple fait de se poser la question de savoir si cela s’écrit comme ceci ou comme cela et finalement de céder à une règle personnelle ou à imiter un autre auteur démontre qu’il est des cas de figure qui ne supportent pas de règle, d’obligation et que finalement les cas litigieux sont réglés selon l’humeur ou au ressenti. La preuve, une fois encore, que lorsqu’il n’y a pas de gendarme, c’est la pagaille et que cela entérine et transforme en force de loi des penchants personnels. Rien de pire que l’habitude quand celle-ci acquiert droit de cité et qu’ainsi elle perdure et finit par s’enkyster dans le quotidien.

Nous trouvons donc, et j’y suis devenu particulièrement sensible jusqu’à la colère, des tournures de phrases séquencées par des points inopportuns qui précèdent une conjonction de coordination en début de phrase. Je m’étais laissé dire qu’il existait une façon de rythmer le débit sans pour autant tomber dans le théâtral : « Mais, [que croyez-vous donc, Monsieur ?] » et dans le « et » intempestif « Et [c’est ainsi que…] ». De même pour le « donc » ou le « or », massifs et pesants de « Or, [pendant ce temps…] », « Donc, [dans le même temps…] ».

L’extrême souci d’écrire propre fait qu’aussi on ne sait plus trop comment utiliser le « on » indéfini. La crainte première réside dans la volonté de ne pas faire « vulgaire » en risquant d’utiliser le son « con » qui en vaut bien d’autres. On constate ainsi qu’il n’y a que fort peu de « lorsqu’on » ou de « qu’on [le veuille ou non] » alors qu’aucune règle ne justifie la systématisation du « l’ » élidé qui est censé représenté quelque chose et qui est bien pratique pour le complément d’objet direct. Va donc pour les « lorsque l’on » à tout va, alors que la seule obligation faite se trouve face à une autre voyelle : « Si l’on… ».

Le souci de propreté peut être ennemi dans la présentation de soi.

Patrice C.

 

 

 

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