La belle Deuche


Au ralenti…

Approchez, n’ayez pas peur… écoutez, écoutez le moteur d’une 2 CV. Attendez que son moteur tourne. Fermez les yeux, jouissez de la belle mécanique française d’antan.

Une fois démarrée, le moteur de la Deuche semble fuir bruyamment puis se coule subrepticement sur un son de vaguelettes au ralenti. Sans accroc, il peut fonctionner jusqu’à la panne sèche.

Hélas, les préoccupations reprennent pied, quel panard ! Les tourments recommenceront en septembre, dans quatre jours, un maudit diésel qui pue, avec tout ce bon avant-goût depuis la mi-août. Tous les sujets « sensibles » du moment resurgissent par la force de l’inertie. La propagande éditorialiste reprend sa gnole, monte des coups de projecteur sur tel sujet « de préoccupation des Français » que l’autre du Cap-Nègre traitera « en temps utile » (remarquez l’insupportable formule), sur telle personnalité politique en mal de reconnaissance (encore Jivé Placé ?), sur un nouveau couac gouvernemental, un compte twitter dispendieux de positions bravaches ou un vague députelet écolo qui plie les gaules de son officine partisane.

L’humeur de la propagande estivale doit répondre de plusieurs critères. D’abord, il faut faire monter la mayonnaise d’une antienne factuelle, par exemple le Smic coûte beaucoup aux entrepreneurs. Ensuite, il faut abreuver le bon peuple à grands coups de communiqués de presse les solutions préconisées, surtout les plus radicales pour « tester » le jugement de l’opinion commune dudit bon peuple. Enfin, on ajuste la décision, généralement en choisissant une position médiane tout en préparant par la loi la position radicale ultérieure.

Maintenant, laissez-vous suspendre à écouter les vents et vous saisirez d’instinct quels sont les humeurs des « décideurs » politiques. Petit doigt en l’air, il leur faut singer la posture de la décision, de la capacité à prendre les rênes du taureau. Mais ce sont les « experts » et les techniciens d’Etat qui pensent pour eux, ne leur en déplaise.

En réalité, les politiques ne décident qu’à la marge des manœuvres possibles. Certes, ils ont la main dans leurs partis respectifs qui ne concentrent que des gens de foi et des bureaucrates de village. Là, en interne de ces officines, ce sont les grandes eaux qui forment la meilleure métaphore : ruisseau, barrage, fuite, fleuve tranquille, anguilles, tanches, boues sèches, crue et pollution…

La « rentrée » de septembre est conçue comme un événement, une reprise au même titre que celle de janvier. Il est vrai que le mois d’août est suffisamment évocateur d’un étonnement incroyable. Tout paraît éteint partout, sauf les incendies dans les bois et les maillots de bain. Comme tous les ans, les partis font leurs « universités d’été » (une insulte pour la définition de l’université) ces jours-ci et ânonnent pratiquement les mêmes boulettes que d’habitude. Un rien qui nous fait prendre la fuite. Spectacle pour gamins de la presse…

La 2 CV politique démarre à vide, son moteur tourne dans le vice républicain et nous allons connaître une panne d’essence magistrale. Après tout, on le mérite bien. Dès 1982, il est vrai, la Spéciale de Citroën n’a pas rempli ses promesses.

LSR

 

 

 

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