L'idée du combat, par LSR
L’Etat
régalien ne peut presque rien en phase de guerres privées.
Quand le soleil est barré de noir,
il faut s’interroger sur les Lumières.
Qu’attendre ?
Nul ne peut s’empêcher de songer un
instant chaque jour à nos morts causés par la guerre sans nom qui a pris le pas
sur toutes les morts inutiles. La force du symbole atteint la cible des vivants
et les réchappés. Créer puis maintenir un état de peur est exactement ce que
recherchent les donneurs d’ordre depuis leurs terriers, puisqu’ils mènent une
guerre impérialiste qui a tous les caractères de la guerre privée.
Au risque de paraître redondant, ce
ne sont pas les bonnes paroles qui calmeront les amertumes et les décisions
malheureuses ultérieures. Certes, la guerre privée est aussi secrète, mais d’un
secret transpirant pour l’Etat qui n’a pas anticipé son caractère
outrancièrement privatiste-prévaricateur. Des hommes du renseignement français
épient, ciblent des opérations « homos »
et éliminent ceux qui peuvent l’être. Certainement pas tous. L’idée de justice
républicaine donne la possibilité d’enfermer et/ou contrôler ceux qui relèvent
des articles 421-1 et suivants du code pénal, à savoir les terroristes ici, sur
le territoire national. Mais peut-on éliminer « préventivement » un gars qui se prépare à passer à l’acte ici ?
Voltaire, dans son célèbre Dictionnaire philosophique (1764), à tolérance, rédigeait : « Il est défendu de tuer ; tout meurtrier
est puni, à moins qu'il n'ait tué en grande compagnie, et au son des trompettes ».
Voici là une bien étrange citation.
La commenter sert-elle une réflexion nouvelle ? Congédier une sentence pour
une autre ne remplacera pas la problématique de la légitimité. La « grande compagnie » dont Voltaire
fait montre discrètement relève aujourd’hui de ce que l’on appelle la « guerre juste », la guerre légitimée
par les Etats. Elle n’enseigne cependant rien face à la guerre privée. Aussi,
le rythme de la tolérance envers la suprématie d’un culte a donné au fur et à
mesure d’autres éclairages aux lumières, d’autres perspectives. La tolérance a
perdu le pas face à l’obligation d’amour envers tous et tout, sauf bien entendu
les règles de la religion des droits de l’homme.
Au départ, les droits de l’homme
accompagnaient les libertés publiques de l’Etat démocratique libéral qui
cherchaient à contrebalancer la coercition du fort sur les faibles, la
domination des rouages de l’Etat sur ses sujets. Maintenant que la religion des
droits de l’homme s’est constitutionnalisée en premier lieu, fondamentalisée en
droit en second lieu, l’amour obligatoire de l’autre au mépris de soi-même
finit par générer l’une des pires faiblesses qui existe au sein des Etats qui
se sont dépouillés de leur souveraineté par le droit supranational paneuropéen.
Risque mortel, les Etats sont devenus des églises séculières pour la religion
humanitaire et les juges des prêtres en inquisition pour tout ce qui s’éloigne
du dogme en douze point de la non-discrimination. Les Lumières sont mortes-nées au XVIIIe siècle. Peut en survivre son
« esprit », mais pas ses
actes en concrétude. Désormais, vous ne pouvez plus dire et penser ce que vous
estimez nécessaire. Pire, le poids social vous oblige à ne plus lire ce qui est
placé sous le boisseau des diktats du code pénal. D’ailleurs, la sphère privée,
inviolable, son chez-soi, est chaque jour plus encore foulé aux pieds
régaliens, à défaut pour l’Etat de briser les véritables adversaires de la
démocratie libérale. Pour cause, ce sont les « serviteurs » de l’Etat lui-même, depuis les années 1980, qui
ont mis à bas la démocratie libérale.
Reste qu’il va de soi dorénavant que
la guerre secrète doit le rester, au risque de contredire les évangiles
sécularisées des prêtres de la religion d’Etat que sont les droits de l’homme.
Il a toujours existé au sein de la République des groupes de choc (barbouzes), des groupes d’enquêtes
réservées (services de police entièrement
dévolus à des officines paraétatiques), des services « action » et des polices politiques
non-officielles.
Jusqu’à présent, ces groupes et
polices s’empressaient de défendre une conception de l’Etat ou une conception
de la défense d’intérêts clairement identifiés. La dilution de l’Etat étant ce
qu’elle est devenue avec l’adoption d’une Europe plus politique qu’on voudrait
nous la faire croire économique, la prise en main de la religion humanitaire
régulée au service des oligarchies domine et elle est incapable de régler les
problèmes qu’engendre les guerres privées. Quand
le soleil est barré de noir, il faut s’interroger sur les Lumières. Qu’attendre ? Rien. Après la torpeur, le salut
au drapeau de la République et le combat.
LSR
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